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Baisse du prix du lithium : Mauvais signe pour la voiture électrique ? Rédigé par Philippe Schwoerer le 09 Août 2019 à 00:00 0 commentaires

Depuis 18 mois, le prix du lithium ne cesse de baisser. Imaginer que la cause en serait une panne du développement de la voiture électrique serait une erreur. Un raccourci cependant trop rapidement fait dans quelques titres sur le Web ou dans la presse écrite. Après avoir été multiplié par 4 entre 2014 et 2017, le prix du lithium a baissé de 50% en 2018, un pourcentage qui pourrait être dépassé sur l’exercice 2019. Alors que la demande en minerai augmente toujours !

Les risques de la spéculation

La musique est à chaque fois la même quand une nouvelle technologie semble sur le point de s’imposer avec une progression à au moins 2 chiffres : nombre de spéculateurs anticipent l’envolée des cours afin de profiter d’un gâteau autour duquel ils n’étaient pas invités. Une attitude qui mobilise et oriente parfois l’économie de pays. Ainsi en Asie, et particulièrement avec la Chine qui espérait être pour longtemps une case incontournable du développement de la voiture électrique. Et ce, en imposant le genre sur le territoire, mais aussi en s’activant à devenir le numéro 1 des batteries de traction. Un danger pressenti par l’Europe, en particulier la France et l’Allemagne qui se chargent de localiser les compétences et la fabrication sur le territoire de l’UE.

Progression plus lente

Les réelles menaces environnementales et de santé publique se font finalement encore peu ressentir dans nos pays. La consommation des ménages s’accélère globalement avec cependant le sentiment d’injustices sociales dans nombre de foyers. C’est pourquoi les habitudes de mobilité ne changent pas aussi si vite qu’il le faudrait. Avant d’en arriver à des déplacements beaucoup plus vertueux, il est encore une case à franchir pour beaucoup, celle de la mobilité avec des véhicules individuels au fonctionnement localement plus propre. Les voitures, motos et scooters électriques en font partie. Mais cette étape de transition est en retard sur le calendrier. Et concrètement, les besoins en lithium sont beaucoup moins importants. Ce décalage dans le temps n’est cependant pas un signe que le véhicule électrique a du plomb dans l’aile. Mais il explique que les spéculateurs sont déstabilisés, devant rebondir d’une manière ou d’une autre, dans l’urgence. Tout cela accentue la chute des prix du lithium.

L’arrivée de l’Australie

Mais un autre événement a pris de cours les observateurs, les spéculateurs, les entreprises et le gouvernement chinois : l’entrée de l’Australie dans le cercle très restreint, mais pas si fermé que ça, des producteurs de lithium. La courbe des prix s’est accélérée à la baisse depuis l’annonce de grandes sociétés, comme l’américain Albemarle, géant mondial dans le domaine, jusque-là très investi en Chine. C’est donc la douche froide pour les spéculateurs qui vont devoir trouver d’autres marchés à parasiter, laissant à la filière des batteries une plus grande sérénité d’évolution qui pourrait profiter, très légèrement cependant, au tarif des appareils et des véhicules les exploitant. Dans une cellule NCM (nickel, cobalt, manganèse), le lithium ne pèse que 1% du cocktail des matériaux utilisés. Et sa situation est loin d’être devenue aussi critique que celle du cobalt.

Les futures batteries

Une troisième raison pousse désormais les spéculateurs à fuir le marché du lithium : l’évolution des batteries. Aux quatre coins du monde, les chercheurs s’activent à diversifier les chimies et technologies des cellules qui animeront les véhicules électriques de demain. Tous les jours les magazines scientifiques rapportent les avancées réalisées qui trouveront, dans une poignée d’années, une application dans la mobilité électrique. Dans 5 ou 10 ans, pas sûr que le lithium bénéficie du même attrait et des mêmes perspectives qu’en 2014. Contrairement à ce qu’on peut lire çà et là, les batteries à électrolyte solide ne constitueront pas une menace sur le marché du lithium, car elles en contiennent également. En revanche, les accumulateurs sodium-ion s’en affranchissent très bien.

Bonne nouvelle

C’est finalement plutôt une bonne nouvelle que cet effondrement du cours du lithium alors que les ventes de véhicules électriques progressent partout dans le monde. C’est le signe d’une certaine épuration de l’écosystème qui va permettre d’envisager de façon plus sereine l’évolution de la mobilité branchée. Plutôt qu’un indicateur de mauvaise santé, cette situation devrait faire date, et rappeler aux spéculateurs que lorsqu’ils vampirisent un marché, ils forcent ceux qui en dépendent à trouver d’autres voies pour développer leur activité. Par effet de bord, cette recherche pousse également à privilégier les solutions les moins nuisibles pour l’environnement et la santé publique. Au final, on ne peut voir que du positif dans le repli du prix du lithium. Et pas seulement au sujet de la mobilité électrique !

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