Dans le cadre de leur plan « Bus 2025 » visant à rendre propre l’ensemble de leur flotte de bus avec pour cible 2/3 de bus électriques et 1/3 de bus électriques, la RATP et Ile-de-France Mobilités (la nouvelle dénomination du STIF) viennent de passer à la vitesse supérieure en lançant le plus important appel d’offres d’Europe pour l’achat de bus électriques. Un marché représentant un potentiel de commande de 1 000 bus. De quoi faire de Paris et des villes de la petite couronne une référence mondiale du transport urbain public routier très bas carbone. Pour la Présidente de la Région Valérie Pécresse, qui souhaite faire de l’Ile-de-France une métropole attractive et écologique, il s’agit là d’un enjeu de santé publique doublé d’un enjeu industriel majeur. Outre cet appel d’offres lancé avec la RATP, Ile-de-France Mobilités travaille également, pour la grande couronne, au lancement d’un autre appel d’offres d’environ 450 bus sur 3 ans pour accompagner les améliorations de lignes mises en places depuis 2016 et poursuivre l’équipement en bus propres des autres opérateurs d’Ile-de-France (Transdev, Keolis, Car Lacroix…)
Les enseignements des premières expérimentations
Avant de lancer cet appel d’offres pour un déploiement massif de bus électriques, la RATP a mis en œuvre plusieurs expérimentations de bus électriques en conditions réelles au cours des deux dernières années. Des tests réalisés notamment avec les Bluebus de Bolloré sur la ligne 341, mais aussi sur d’autres lignes de référence avec trois autres constructeurs européens : Heuliez Bus, Irizar et Solaris, ainsi que deux constructeurs chinois : Yutong et BYD. Pour Alain Batier (Directeur du matériel roulant bus), ces expérimentations ont servi à vérifier que les industriels étaient bien capables de répondre aux besoins de la RATP, à savoir 180 km d’autonomie par jour avec des profils de ligne très différents. Pour l’instant, la RATP semble privilégier la recharge des bus la nuit au dépôt, ce qui nécessite d’adapter, dans des délais très contraints, ses 25 centres bus. Un véritable défi technologique pour la PDG de la RATP, Catherine Guillouard, qui indique que toute l’entreprise est mobilisée pour relever ce challenge.
Les contours de l’appel d’offres
D’une durée de deux ans, le marché délimité par l’appel d’offres représente un potentiel de commande de 1 000 bus (dont 250 en commande ferme) pour un montant maximum de 400 millions d’euros avec un financement partagé entre la RATP et Ile-de-France Mobilités. Ces deux entités attendent des constructeurs qu’ils proposent des bus standards de 12 mètres de long. Le marché est composé de trois lots, ce qui permettra sans doute à la RATP de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de traiter avec plusieurs fournisseurs. Il a par ailleurs été dimensionné pour assurer les premiers déploiements de bus électriques. Les premières livraisons « séries » de bus électriques devraient être effectuées fin 2020, mais d’ici-là les expérimentations se poursuivront sur de nouvelles lignes en testant également différents modes de recharge, ce qui permettra à la RATP de maîtriser plusieurs technologies et de disposer ainsi d’un éventail de possibilités.
Les expérimentations se poursuivent
La RATP a en effet annoncé fin décembre qu’après avoir entièrement équipé les 23 véhicules de la ligne 341 en propulsion électriques, ce serait au tour des 15 00 voyageurs quotidiens de la ligne 115 de découvrir ces bus propres et silencieux conçus par le Groupe Bolloré. 10 nouveaux bus électriques circuleront sur cette ligne qui dessert une partie de la Seine-Saint Denis entre la Porte des Lilas et Château de Vincennes. Des bus qui seront rechargeables au terminus avec une prise électrique normalisée. 10 autres bus électriques sont également mis en service sur la ligne 126 (Parc de St Cloud – Porte d’Orléans). Ils sont eux équipés d’un système de recharge partielle en terminus par pantographe inversé. Enfin, trois autres lignes accueilleront prochainement des bus électriques. Il s’agit de la ligne 1 du réseau R’Bus à Argenteuil qui bénéficiera de 4 bus Ebusco supplémentaires, de la ligne 23 du réseau de Versailles qui sera équipée du Bus Aptis du groupe Alstom, et de la Ligne 72 dans Paris qui accueillera 5 Bluebus.
Les bus chinois bien placés Dominateurs sur le marché du bus électrique (95% des 120 000 bus électriques vendus l’an dernier l’ont été en Chine), les constructeurs chinois semblent être les mieux placés pour se tailler la part du lion dans cette commande de la RATP et d’Ile-de-France Mobilités. Ceci d’autant plus que, bénéficiant d’importantes subventions publiques en Chine, ils sont généralement très bien placés au niveau tarifaire. Conscients que leur nationalité pourrait cependant être un handicap, Ils ont cherché à se franciser. Ainsi, Yutong s’est associé à Dietrich Carebus qui adaptera ses bus en Alsace, tandis que BYD a annoncé un investissement de 10 millions d’euros dans usine implantée dans l’Oise où seraient assemblés ses bus zéro émission à partir de composants importés de Chine. Face à cette forte concurrence, les constructeurs français et européens parviendront-ils à tirer leur épingle du jeu ? Le fait que le marché soit divisé en trois lots semble leur laisser un espoir. Pour certains comme Bolloré, l’enjeu est d’importance et ce dernier compte sans doute tirer profit de plusieurs expérimentations menées avec ses Bluebus.
[…] méga commande de bus s’inscrit dans la continuité d’une politique engagée il y a plusieurs années par Île-de-France Mobilités. Une politique visant à convertir à […]
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !