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Bus électriques en Ile-de-France : le Stif mécontent ! Rédigé par Philippe Schwoerer le 12 Jan 2017 à 00:00 0 commentaires

Deux affaires coup sur coup touchant au programme de déploiement des bus électriques en Ile-de-France ont créé le mécontentement de l’autorité organisatrice des transports publics sur le territoire. La première concerne la gratuité d’accès pendant les pics de pollution générant un manque à gagner de 23 millions d’euros, pour laquelle le Stif a émis un communiqué de presse. La seconde fait suite aux déclarations de Anne Hidalgo, maire de Paris, sur un tram-bus électrique, lors de ses vœux présentés le 6 janvier dernier au conseil de Paris.

50 bus électriques de moins

Afin d’inciter les automobilistes à délaisser leur voiture lors des pics de pollution constatés en région parisienne, les transports en commun ont été gratuits plusieurs jours au cours de l’année dernière. Mi-décembre dernier, le Stif faisait le bilan financier à supporter pour cette mesure. A raison de 3 et 4 millions, respectivement pour les samedis et jours de semaine, le manque à gagner est évalué à 23 millions d’euros sur l’exercice 2016. Pour illustrer ce que représente un tel effort pour le Syndicat des transports d’Ile-de-France, le communiqué explique : « C’est une mesure qui n’est clairement pas soutenable financièrement vu la fréquence des pics de pollution et leur durée. Il apparaît que l’efficacité de cette mesure est limitée et son coût trop important. Les ressources financières dégagées pour la gratuité auraient pu servir à investir pour baisser de manière durable la pollution : Avec 23 millions d’euros le STIF aurait pu ainsi acheter 50 bus électriques qui auraient roulé 14 ans sans émettre de pollution ».

Une gratuité perçue comme injuste

Si l’absence de validation dans les trains, métros et bus ne permet pas de compter précisément le nombre de voyageurs embarqués les jours de gratuité, le Stif estime à 5% la fréquentation supplémentaire. Le syndicat s’appuie pour cela sur les lignes qui disposent d’un dispositif automatique de recensement. Le nombre de personnes transportées a été en augmentation de 3 à 12% selon les jours. Le service de communication du Stif rapporte que la mesure de gratuité « est perçue comme injuste par les associations d’usager », alors que « son influence sur le comportement des automobilistes [serait] négligeable ». Pour elles, « les crédits perdus seraient plus utiles afin d’améliorer la qualité des transports du quotidien ». Voilà pourquoi l’organisme en charge des transports en Ile-de-France appelle à une solution qui soit plus soutenable pour l’établissement, « soit en faisant appel à des financements supplémentaires spécifiques (Etat, collectivités locales …) pour maintenir la gratuité, soit en substituant à celle-ci un tarif incitatif moins coûteux ».

Tram-bus électrique

Lors des vœux prononcés pour 2017 au conseil de Paris, Anne Hidalgo a listé une vingtaine de mesures qui doivent lutter à la fois contre la pollution de l’air et le nombre de voitures en circulation dans la Capitale. Parmi elles, le « lancement d’un nouveau transport écologique sur les quais hauts de la rive droite ». Un projet qu’elle a détaillé au JDD, deux jours plus tard, le 8 janvier 2017 : « Il s’agira d’un tram-bus électrique qui roulera dans les deux sens, à compter de septembre 2018. Nous lançons les études et la concertation dès à présent ». Le programme, désormais connu sous le nom de « tramway olympique » car il figure dans le dossier de candidature aux Jeux olympiques de 2024, remplacerait l’actuelle ligne 72 de la RATP, entre l’Hôtel de ville et le parc de Saint-Cloud, à Boulogne-Billancourt (92). Plus largement, cette nouvelle ligne de transport en commun à haut niveau de service desservirait, dans un premier temps, des arrêts entre le pont de Saint-Cloud et la gare de Lyon. Ensuite, elle pourrait être prolongée, en passant par Bercy, et en franchissant le périphérique à l’Est, vers plusieurs sites du Val-de-Marne.

18 ou 24 mètres

En charge des transports, des déplacements, de la voirie et de l’espace public, Christophe Najdovski a apporté quelques précisions sur ce projet de tram-bus électrique qui n’exploitera ni rail ni caténaire. Articulés, les engins auraient une longueur de 18 et/ou 24 mètres, pour respectivement 110 et 180 passagers environ. « Un tel projet nécessite des aménagements de voirie assez légers et relativement peu coûteux par rapport à un tramway », a rapporté l’adjoint à la mairie de Paris. Sans compter le matériel roulant, l’enveloppe budgétée s’élève à 35 millions d’euros TTC, auxquels il faudra en ajouter le triple si le prolongement est décidé.

OK du côté du Stif ?

Le JDD avait flairé le malaise, en rappelant que Valérie Pécresse, présidente du Stif, est une « farouche opposante à la piétonisation des voies sur berge rive droite ». Une inquiétude que la maire de Paris avait rapidement balayé : « Je n’imagine pas une seconde la Région bloquer notre initiative. Je pense au contraire qu’elle se saisira de cette belle opportunité. D’autant qu’elle s’inscrit dans le projet olympique, qui jouit d’une union sacrée ». Un passage en force !? Le journal souligne que lors de la présentation de son « plan bus 2017-2020 » dans son édition du 4 décembre 2016, Valérie Pécresse avait justement demandé à la RATP de « travailler sur l’électrification de la ligne 72, celle des quais de Paris, dont l’itinéraire est particulièrement touché par la pollution ».

Bus électriques de 12 mètres

Mis en ligne hier, mercredi 11 janvier, un article des Echos laisse planer le doute sur un accord rapide entre les 2 parties, en donnant la parole à Laurent Probst, directeur général du Stif : « Je découvre ce projet de ‘tram-bus olympique’, ce n’est pas le projet qu’on a travaillé depuis des mois avec la Ville ». Le DG du Syndicat des transports d’Ile-de-France rappelle que « le Stif est responsable des acquisitions de bus et décide du service », précisant qu’il faudra donc qu’un compromis soit négocié avec la ville de Paris. Pour Laurent Probst, il était question de commander 30 bus électriques d’une longueur classique de 12 mètres, à l’image des modèles Bolloré exploité sur la ligne Etoile-Clignancourt. Une affaire qui devrait connaître des rebondissements !

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