← Revenir aux actualités

Entre pollution automobile et stress des transports en commun Rédigé par Philippe Schwoerer le 23 Mai 2018 à 00:00 0 commentaires

Comme solution aux maux créés par l’usage à grande échelle de la voiture individuelle, – en particulier dans les villes -, les transports en commun sont mis en avant avec l’image d’une alternative profitable à l’environnement et à la santé publique. Pourtant, les témoignages d’usagers, ainsi que certaines enquêtes et études tendent à démontrer qu’un stress durable peut se développer de façon dangereuse en prenant quotidiennement le métro, les bus, et trains régionaux, dont le fameux RER si souvent pointé pour les grèves, les retards, la surfréquentation des rames, et les incidents divers. Entre ces 2 familles de moyens de transport, il en existe une troisième, privilégiée par ceux qui cherchent à se rendre au bureau avec plus de sérénité : la mobilité douce.

La voiture en ville

Est-il utile de rappeler la liste des problèmes que pose une surreprésentation des voitures individuelles dans les rues des grandes villes de France et d’ailleurs ? Aux diverses formes de pollution qui nuisent à la santé des personnes, et peuvent être fatales de façon prématurée pour les plus fragiles, s’ajoute un encombrement des rues avec une part croissante des incivilités. Le ras-le-bol enfle, amenant les nouvelles générations, théoriquement sensibilisées aux enjeux environnementaux depuis l’école primaire, à bouder la propriété d’une voiture individuelle, ainsi que son éventuel rôle statutaire, préférant pour cela les appareils nomades désormais choisis pour asseoir sa propre personnalité. L’OMS, avec ses rapports successifs, se désole cependant que le phénomène ne prenne pas plus de vitesse.

La solution des transports en commun

Pour beaucoup, – pouvoirs publics, collectivités diverses, et bon nombre de citoyens qui les utilisent ou pas -, les transports en commun sont la solution pour éliminer le plus possible de voitures particulières des rues. Une prise de position qui alimente de nombreuses joutes entre les partisans et détracteurs des bus et rames de trains, trams et métros. Souvent, les premiers ne comprennent pas que les seconds ne puissent pas accueillir avec sérénité l’idée de voyager avec un groupe de personnes souvent inconnues, dans un espace confiné et parfois rempli au-delà du raisonnable. Professeur de psychiatrie, Antoine Pelissolo a produit en avril dernier un article intitulé « Stress in the city : quand les transports en commun usent la santé », publié sur le site TheConversation.com. Son travail a le mérite de justifier les réticences de ceux qui ne peuvent envisager les transports en commun comme un moyen satisfaisant pour leurs propres déplacements.

Stress

Entre un usage ponctuel mais répété d’un bus de province rempli à moitié et une utilisation quotidienne d’un métro aux heures de pointe sur une ligne reconnue comme particulièrement fréquentée, l’expérience n’est pas la même. Dans son article, Antoine Pelissolo se réfère à une « Etude d’impact des transports en commun de région parisienne sur la santé des salariés et des entreprises » réunissant en 2010, pour le Cabinet Technologia, une psychologue du travail, un ergonome et un sociologue. Les principaux facteurs de stress mis en avant sont : « la multiplicité des correspondances ; les transports en commun souterrains ; le taux de fréquentation des transports en commun ; la fréquence des incidents techniques ou humains ; la sur-stimulation visuelle et attentionnelle (les panneaux publicitaires, les informations à surveiller concernant les horaires et les directions, les annonces à répétition, etc.) ; l’ambiance sonore, l’ambiance thermique (comme les courants d’air froid et chaud), une luminosité artificielle agressive, des odeurs ; les comportements non respectueux des autres (comme les conversations au téléphone portable ou les bousculades en montant ou descendant des voitures) ».

Taux de fréquentation

Parmi la liste, loin d’être exhaustive, le taux de fréquentation est sans doute le problème numéro 1 à la fois pour les opérateurs et les usagers des transports en commun. Dans le cadre d’un service public qui mettrait en avant le confort des voyageurs, il faudrait chercher à l’abaisser. Mais puisqu’il s’agit depuis longtemps de rentabiliser au maximum les investissements, ce paramètre n’est souvent pris en compte par les opérateurs que lorsqu’il signalerait le moment de passer une vitesse supérieure (doublement de ligne, ajout de véhicules, modification des dessertes, etc.), toujours avec l’objectif d’un ROI rapide. Voyager coincé entre des personnes que l’on ne connaît pas sera le plus souvent mal vécu, d’autant plus par les passagers en manque d’aisance sociale.

Un problème de santé contre un autre

Ne cherchant nullement à dézinguer les politiques de réduction de la place des voitures en ville, Antoine Pelissolo souhaite que soit reconnu le stress des usagers réguliers des transports en communs confrontés aux lignes très fréquentées et qui connaissent régulièrement des incidents. Il s’étonne que « les répercussions pour la santé des voyageurs n’ont jamais été spécifiquement étudiées », assurant qu’elles « constituent pourtant un enjeu essentiel de santé publique dans les grandes villes, au moins aussi important que celui de la pollution provoquée par la circulation automobile ». Sa conclusion est claire : « La substitution de l’une par les autres, y compris par des mesures contraignantes, ne peut donc pas constituer, en soi, une solution efficace pour améliorer la santé des citoyens ».

Solutions intermédiaires

Toute l’argumentation d’Antoine Pelissolo va dans le sens d’une promotion par les pouvoirs publics de solutions intermédiaires, éventuellement en intermodalité. Ces solutions font appel à ce que l’on appelle la « mobilité douce », au sein de laquelle se classent la marche, le vélo, et toute une variété d’engins, électriques ou non : trottinettes, monoroues, etc. Le développement de ce phénomène impose que les collectivités et autorités compétentes le prennent en compte, facilitant l’usage des petits véhicules concernés, et explicitant avec bienveillance les conditions de leur utilisation. Ces mêmes acteurs, dont l’un des rôles est de faciliter la mobilité des personnes, doivent abandonner l’idée que les transports en commun constituent l’unique voie pour désengorger les villes et améliorer la qualité de l’air.

partager cette actualité sur :

Commentaires

Laisser un commentaire

Veuillez noter s'il vous plaît

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoindre le réseau AVEM

Vidéos

Toutes les vidéos
Newsletter