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Genève 2017 : Pour Batman, la Techrules Ren électrique qui dure 20 millions de kilomètres Rédigé par Philippe Schwoerer le 11 Mar 2017 à 00:00 0 commentaires

Une épine dorsale, un cockpit à ondulation qui s’étire vers l’arrière grâce à des vérins pour libérer l’accès à bord, des lignes furieusement anguleuses, un volant rectangulaire, etc. : la Ren présentée par la société de recherche et de développement chinoise Techrules, au Geneva International Motor Show, semble attendre un héros de film d’animation ou de BD ! Cette sportive électrique pour 3 personnes au maximum (selon configuration choisie à l’achat) est équipée d’un prolongateur d’autonomie constitué par une turbine alimentée au gazole. Un choix technologique intéressant mais discutable… et surtout évolutif ! Plus incroyable, la durée de vie des batteries estimée pour avaler 20 millions de kilomètres ! Pas de doute, Techrules cherche le buzz !

Gazole et turbine

Pour exister dans les salons automobiles, les constructeurs cherchent à se démarquer de la concurrence… voire à provoquer pour faire parler d’eux lorsqu’il s’agit de structures de taille relativement modeste. Voilà que Techrules fait le choix d’alimenter son prolongateur d’autonomie avec du gazole alors que ce carburant voit de plus en plus sa fin programmée à travers le monde. Autre choix qui laisse perplexe, celui de la technologie exploitée pour recharger les batteries en roulant. Dans les années 1960, le constructeur américain Chrysler s’était essayé à l’emploi d’une turbine pour un engin finalement très peu diffusé. Une histoire qui rappelle quelque peu l’essai de la motorisation birotor chez Citroën, NSU et Mazda, rapidement abandonnée par les 2 premiers pour des problèmes de consommation, chauffe, mise au point et divers. Idem pour Chrysler qui a cependant réussi à concevoir une turbine capable d’accepter un peu tout type de combustible liquide, du gazole à l’essence, en passant par le kérosène et l’huile végétale.

Efficience ?

Ce que Chrysler a su imaginer il y a plus de 50 ans, Techrules compte l’exploiter pour crédibiliser la touche vertueuse de sa Ren. Si l’alimentation du prolongateur d’autonomie est annoncée de prime abord au gazole, dans un respect supérieur à la norme Euro 6, la société affirme que son système TREV (Turbine-Recharging Electric Vehicle) peut fonctionner à la fois avec des combustibles liquides et gazeux : « A l’avenir, le gaz naturel liquéfié ou l’hydrogène seront les combustibles les plus respectueux de l’environnement, ce dernier produisant des émissions d’échappement nulles ». Heureusement ! Doit-on rouvrir le débat sur l’efficience des turbines ? La norme NEDC estime pour la Ren une consommation de 7,5 litres de gazole aux 100 km parcourus, soit plus du double de celle du Porsche Cayenne hybride rechargeable. A noter que notre comparaison est de nature à défavoriser le SUV allemand, puisque son réservoir reçoit de l’essence ! Tout comme la Chrysler Turbine produite à une cinquantaine d’exemplaires, la Ren n’a pas pour ambition d’envahir les rues et routes à travers le monde. Dès 2018, promet Techrules, son engin sera proposé à une dizaine d’unités par an, jusqu’à atteindre un total de 96. Les commandes sont d’ailleurs possibles au salon de Genève.

Au choix : nombre de moteurs…

Au moins, la chaîne de propulsion de la Ren est suffisamment détaillée pour permettre d’en débattre. Et c’est déjà un beau cadeau que de ne pas trouver en ce supercar une simple coquille vide ! Techrules propose à ses clients de configurer eux-mêmes l’architecture finale de leur propre bolide. Il ont déjà le choix entre 2, 4 ou 6 moteurs Yasa de chacun 160 kW pour une couple de 390 Nm. Dans le premier cas, un de ces appareils équipera chacune des roues arrière. En motricité intégrale, un par roue. Dans la configuration à 6 moteurs, pour un maximum de puissance (960 kW et 2.340 Nm de couple), deux appareils animeront chacune des roues arrière, et un pour chaque côté du train avant. L’exercice du 0 à 100 kilomètres est alors abattu en 2,5 secondes, pour une accélération faramineuse entraînant, jusqu’à 320 km/h, la sportive qui pèse 1.700 kilos à vide.

…capacité de la batterie…

Pour une autonomie électrique jusqu’à 200 kilomètres, il sera nécessaire de préférer la batterie de meilleure capacité parmi ces propositions : 14, 25 et 32 kWh. Les éléments du pack lithium sont conçus et fabriqués par Podium Engineering, spécifiquement pour la Ren, avec un temps de ravitaillement à 80% en 15 minutes, environ, via un chargeur rapide DC. Techrules annonce un incroyable 100.000 cycles de charge/décharge en durée de vie des accumulateurs, soit, de façon très simpliste, 20 millions de kilomètres !!! Pour justifier ces chiffres, le chinois évoque, entre autres, un BMS particulièrement étudié. Mais aussi une connexion par carte, au lieu de fils, entre les cellules au nombre de 1.344 dans le pack 25 kWh qui pourrait délivrer 1.200 A.

…et puissance de la turbine

Proposée en 2 puissances, – 30 et 80 kW -, la turbine entraîne au besoin un générateur qui recharge la batterie, selon le schéma classique des chaînes de propulsion hybride série (BMW i3, Kangoo Elect’Road, etc.). Ici, c’est donc toujours la motorisation électrique qui entraîne les roues. « L’air aspiré dans la micro-turbine passe à travers un échangeur de chaleur dans lequel la chaleur de l’air d’échappement est dirigée vers l’air d’admission froid puis comprimée avant qu’il ne s’allume. L’allumage du mélange carburant-air comprimé chauffé génère une énergie énorme qui est canalisée à des vitesses très élevées pour faire tourner les aubes de la turbine. Lorsque ce gaz d’échappement chaud est expulsé, il passe à travers l’échangeur de chaleur pour s’assurer que l’énergie thermique est récupérée et transférée à l’air d’admission froid », détaille Techrules. Ce dernier admet « que les turbines ont toujours été un moyen très inefficace pour convertir l’énergie chimique en énergie mécanique utile », mais avance une bien meilleure efficacité lorsqu’il s’agit de produire de l’électricité.

2.000, 1.170 km d’autonomie, ou moins encore ?

Plus de 2.000 kilomètres « potentiellement » : c’est l’autonomie promise par Techrules pour sa Ren en vidant les batteries et les 2 réservoirs de 40 litres de gazole du prolongateur d’autonomie. Aïe, ça ne colle pas ! Avec cette consommation de 7,5 litres aux 100 kilomètres, sans doute déjà sous-évaluée, on liquide déjà le carburant en à peine plus de 1.000 kilomètres. Faut-il ajouter ou pas les 200 km permis par la batterie, très certainement irréalisables puisque la réserve électrique aura déjà été entièrement consommée ? La communication de Techrules s’est voulue bien trop optimiste ! A moins qu’un maillon ne manque, Batman risque de ne pas apprécier qu’on lui livre une Batmobile dont il ne pourra tirer toutes les performances promises ! Curieusement, le dossier de presse indique en amont un plus réaliste 1.170 km !

Essais réalisés à Monza

Quelles que soient les bizarreries relevées sur le communique de presse, la Ren existe bel et bien. Elle a subi une série de tests rigoureux qui se sont déroulés sur le circuit de Monza en Italie, mi-février dernier. Il s’agissait en particulier d’effectuer des « contrôles sur la direction, les systèmes de suspension, le système de freinage et les tests de rigidité du châssis en carbone ». La nouvelle plateforme exploitée par Techrules se veut modulaire, qui permettra d’accueillir aussi bien des supercars, que des SUV, berlines familiales, et petites citadines. Alors que certains constructeurs proposent pour Genève 2017 un CP trop chiche et peu détaillé autour de la chaîne de traction de leur concept de VE, celui réalisé pour la Ren s’étale sur 17 pages couvertes en petits caractères ! A retrouver à la suite de notre article !

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