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L’Union européenne valide le projet d’Airbus des batteries Rédigé par EMMANUEL MAUMON le 16 Déc 2019 à 00:00 0 commentaires

La Commission européenne a validé la semaine dernière le Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) visant à soutenir la recherche et l’innovation dans le secteur des batteries. Un feu vert qui était indispensable afin que les sept états concernés par le projet d’« Airbus des batteries » (France, Allemagne, Belgique, Pologne, Italie, Suède, Finlande) puissent cofinancer le projet sans tomber sous le coup des aides d’Etat illégales, condition sine qua none à la participation des 17 entreprises impliquées, au premier rang desquelles figurent le groupe PSA, Saft (une filiale de Total), ainsi que BASF, BMW, Varta ou Solway.
Pour la commissaire chargé de la concurrence, Margrethe Vestager : « Nos projets importants d’intérêt européen commun donnent la possibilité aux pouvoirs publics et aux industries de plusieurs Etats membres d’élaborer des projets innovants ambitieux. L’aide autorisée permettra de garantir que ce projet important ira de l’avant sans fausser indûment la concurrence. » De son côté, le ministre français de l’Economie, Bruno Lemaire, a salué la décision de la Commission européenne : « C’est une bonne nouvelle pour l’emploi, mais aussi pour la souveraineté économique et technologique européenne. Toutes les conditions sont maintenant réunies pour faire naître la filière batteries électriques en France et en Europe. »

Les contours du projet

Le projet d’Airbus des batteries soutient le développement de technologies hautement innovantes et durables pour les batteries lithium-ion (à électrolyte liquide et à semi-conducteurs), qui ont une plus longue durée de vie, qui se rechargent plus vite, qui sont plus sûres et plus respectueuses de l’environnement que les batteries actuellement sur le marché. Le projet englobe des activités de recherche et développement sur l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries, depuis l’extraction des matières premières jusqu’au recyclage et à la réaffectation des batteries usagées, en passant par la conception des cellules et des modules de batteries et leur intégration dans des systèmes intelligents.
Plus spécifiquement, les participants au projet privilégieront quatre domaines. Pour les matières premières et les matériaux avancés, le projet entend développer des processus innovants durables qui permettent l’extraction, la concentration, le raffinage et la purification des minerais afin de générer des matières premières de grande pureté. Le projet souhaite par ailleurs développer des cellules et des modules conçus pour répondre aux critères de sécurité et de performance exigés pour les applications automobiles et non automobiles. Il vise aussi à développer des systèmes de batteries incluant des logiciels et des algorithmes de gestion des batteries. Enfin, le projet entend élaborer des processus sûrs et innovants pour la collecte, le démantèlement, la réaffectation et le recyclage et le raffinage des matériaux recyclés.

Un enjeu stratégique

Pour Margrethe Vestager : « La production de batteries en Europe revêt un intérêt stratégique pour notre économie et notre société compte tenu de son potentiel en termes de mobilité propre et d’énergie, de création d’emplois, de durabilité et de compétitivité. » Les batteries sont considérées par la Commission comme une chaîne de valeur stratégique, dans laquelle l’UE doit dynamiser l’investissement et l’innovation dans le cadre d’une stratégie de politique industrielle renforcée visant à constituer une base industrielle intégrée, durable et compétitive à l’échelle mondiale.
Pour Bruno Lemaire : « L’émergence d’une filière européenne des batteries contribuera aussi à l’objectif fixé par l’Union européenne de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050. Grâce à ce projet, nous allions développement industriel et croissance verte. L’industrie automobile européenne ne sera en effet plus contrainte d’importer des batteries produites à l’autre bout du monde et pourra offrir aux Européens des véhicules électriques véritablement verts. » Il estime par ailleurs que ce projet est un exemple de coopération industrielle efficace et ambitieuse, qui fera de l’Europe la première puissance industrielle verte de demain.

3,2 milliards d’euros de financement public

Au cours des prochaines années, les sept Etats concernés contribueront à hauteur de quelques 3,2 milliards d’euros au financement de ce projet qui devrait permettre de mobiliser 5 milliards d’euros supplémentaires en investissements privés. L’ensemble du projet devrait prendre fin en 2031 (avec des calendriers différents selon chaque sous-projet). La France et l’Allemagne sont les deux pays les plus impliqués avec des autorisations de financement respectives de 960 millions et de 1.25 milliard d’euros. Suivent ensuite l’Italie (570 millions €), la Pologne (240 millions €), la Belgique (80 millions €), la Suède (50 millions €) et la Finlande (30 millions €).
Grâce à un mécanisme de récupération (claw-back), une part importante des bénéfices réalisés par les participants au projet sera partagée avec les contribuables. En d’autres termes, si les projets sont un succès et qu’ils dégagent des revenus nets dépassant les projections, les entreprises bénéficiaires des subventions restitueront aux Etats membres respectifs une partie de l’argent perçu auprès des contribuables.

Les premiers projets en France et en Allemagne

En partenariat avec l’Allemagne, la France s’est déjà engagée à accompagner le financement des travaux de recherche, de développement et d’innovation des entreprises Saft et PSA concernant de nouvelles générations de batteries lithium-ion ainsi que leur premier déploiement industriel avec une usine dans chacun des deux pays. La première pierre de l’usine pilote en France devrait d’ailleurs être posée début 2020 à Nersac, près d’Angoulême en Nouvelle-Aquitaine. Un site de production sera ensuite lancé en France en 2022. Un projet de plus de 5 Md€ qui permettra de créer plusieurs milliers d’emplois directs et indirects.
En Allemagne, le premier consortium concerné regroupe BMW, BASF, Opel, Umicore et Varta qui vont recevoir un financement pour développer des modules de batteries innovant susceptibles d’être utilisés non seulement dans le secteur automobile mais aussi dans les outils électriques. Dans le cas d’Opel, la production de cellules de batterie fait l’objet d’une joint-venture avec sa société mère PSA et le fabricant de batteries Saft. L’actuelle usine de moteurs de Kaiserslautern devrait être reconvertie en usine de production de cellules de batteries. Un premier projet allemand qui sera bientôt suivis par d’autres projets initiés par d’autres consortiums.

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