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La Poste, acteur historique de l’électromobilité – Entretien avec Christelle Chabredier Rédigé par le 21 Fév 2013 à 00:00 0 commentaires

Acteur historique de l’électromobilité avec pour ambition de s’équiper de 10.000 véhicules électriques à l’horizon 2015, le Groupe La Poste est à l’initiative d’un groupement de commandé aujourd’hui piloté par l’UGAP. Plus récemment, le Groupe a lancé avec ERDF « Infini Drive », un projet financé par l’ADEME destiné à optimiser la charge des VE dans les flottes captives.

Entretien avec Christelle Chabredier, Déléguée à la Responsabilité sociale et environnementale, chargée des relations institutionnelles au sein du groupe La Poste, lors des 2èmes Assises Nationales des Infrastructures de Charge organisées à Nice les 14 & 15 février dernier.

Historiquement, il y a longtemps que la Poste a fait le pari du véhicule électrique, même si au tout début, cela n’a pas été forcément une grande réussite.

Il est vrai que le véhicule électrique historiquement à La Poste, c’est un vrai sujet d’innovation, auquel on s’intéresse depuis 1904 où à l’époque l’intégralité de notre flotte (12 véhicules) était électrique jusqu’à maintenant, où nous nous organisons pour équiper notre flotte de 10 000 véhicules électriques à l’horizon 2015.

Il y a quelques années, vous êtes passé à la vitesse supérieure en devenant le chef de file d’un groupement d’achat du véhicule électrique ?

Tout à fait. En fait, lors du Grenelle de l’Environnement, il y a eu un vrai débat autour de l’avenir des transports propres et La Poste a participé au Comité opérationnel du Grenelle.
Elle a été interrogée sur sa vision justement du transport propre, et a argumenté concernant le véhicule électrique montrant qu’en 2008, offres et demandes ne pouvaient pas se rencontrer, car elles n’étaient pas vraiment identifiées. Donc, La Poste a mené une étude et a montré que l’avenir du véhicule électrique c’était l’autopartage et les flottes d’entreprises.

On a vu comment a évolué l’autopartage notamment avec Autolib’. Concernant les flottes d’entreprises, c’est notre Président Jean-Paul Bailly qui a réuni autour de lui d’autres grands patrons d’entreprises privées et publiques. Ensemble, nous avons travaillé sur l’élaboration d’un cahier des charges fonctionnel reprenant nos besoins d’usage. La notion d’usage est au centre du sujet. Suite à ce travail de réflexion sur les usages et sur ce cahier des charges, nous avons décidé collectivement de poursuivre l’aventure et de constituer un groupement de commandes.

L’UGAP (Union Générale de l’Achat Public) est venue nous rejoindre et nous avons lancé, sous le code des marchés publics, un dialogue compétitif, une opération de groupement de commandes pour l’ensemble de ces 20 acteurs.

La Poste en interne a commandé 10.000 véhicules ?

Exactement, La Poste s’est engagée pour un achat de 10.000 véhicules électriques à l’horizon 2015. Nous sommes début 2013 et nous avons déjà reçu la livraison de 1.600 véhicules utilitaires légers (Renault Kangoo ZE).

En tant qu’utilisateur du véhicule électrique, vous êtes amenés à vous intéresser aux problèmes des infrastructures de recharge. Notamment, vous avez mené des expérimentations, une réflexion et vous avez lancé le projet « Infini drive » ?

Tout à fait, le sujet des infrastructures est vraiment totalement lié à la question du véhicule électrique.

En parlant de flottes de véhicules à La Poste, on parle bien sûr des véhicules utilitaires légers mais également des vélos à assistance électrique. Nous avons une flotte de plus de 10.000 vélos à assistance électrique. Nous avons également des chariots à assistance électrique, des quadricycles, des trois-roues (pour lesquels nous sommes en train de lancer un appel d’offres). Nous avons donc une gamme complète de solutions électriques. Pour cela, il faut bien entendu aborder la question de l’infrastructure.

À La Poste, nous sommes pragmatiques, nous avons du bon sens et nous sommes dans l’opérationnel du quotidien. L’infrastructure de recharge, c’est tout d’abord une prise industrielle simple qui fonctionne, mais comme nous sommes visionnaires et que nous nous projetons dans l’évolution des infrastructures, et notamment des réseaux intelligents (smart grids), nous avons choisi de créer un consortium avec ERDF, avec nos deux filiales de La Poste : Docapost BPO sur la partie système d’information et Greenovia sur la partie conseil en mobilité durable, avec des académiques comme Armines ParisTech, le laboratoire LORIA, également l’université I3M de Nice sur la partie communication d’accompagnement du changement.

Avec tous ces acteurs et également G2 Mobility, PME qui travaille sur le sujet des bornes de recharge et du pilotage de la recharge ; ensemble à huit partenaires, nous avons créé ce consortium « Infini Drive » pour réfléchir collectivement, co-construire une solution autour des infrastructures qui soit centrée sur la notion d’intérêt général, une solution pragmatique, évolutive et interopérable.

Une solution également intelligente qui vise à éviter de recharger pendant les pics de charge ?

Exactement. Ce travail collaboratif entre la poste et ERDF est vraiment un travail de meilleure connaissance de l’existant, d’extrapolation en bâtissant des scénarios de ce que pourrait être une recharge dans des conditions différentes, de façon à piloter au mieux la charge et avoir un impact sur le réseau qui soit le plus harmonieux possible.

Vous avez souhaité également mettre l’humain au coeur de cette expérimentation. C’est vraiment important que l’usager soit incité à prendre en compte ce changement technologique ?

Il est vrai que l’humain à La Poste est au coeur de notre sujet. La Poste représente 260.000 postiers. Donc, cette dimension humaine est vraiment très importante à prendre en compte.

Notre enjeu, c’est faire La Poste de demain avec les postiers d’aujourd’hui. La mobilité de demain se fait avec les acteurs d’aujourd’hui.

Donc, au sujet du véhicule électrique, des infrastructures et du projet « Infini drive », il est important d’accompagner ces évolutions, avoir toute une pédagogie vis-à-vis des postiers qui prennent en main le véhicule et qui sont amenés à le conduire.

On a parallèlement mis en place au sein de La Poste toute une formation à l’écoconduite. Plus de 71.000 postiers ont été formés à l’écoconduite. Il y a donc déjà une sensibilisation très forte sur cette notion d’écoconduite.

Pour le véhicule électrique, c’est aussi un accompagnement, une pédagogie car c’est une nouvelle prise en main du véhicule, c’est aussi un impact au niveau de l’organisation. Recharger le véhicule est différent de se rendre à une station-service, il y a des impacts organisationnels qu’il faut prendre en compte et il faut prendre le temps de parler avec les acteurs pour avoir le retour et pour partager cette évolution.

A terme, la réalisation de ce projet « Infini drive » donnera lieu à la rédaction d’un Livre vert ?

Tout à fait, ce projet « Infini drive » intervient dans le cadre des « programmes investissements d’avenir » financés par l’ADEME.

Notre projet a une dimension quelque peu atypique. Habituellement, les projets financés par l’ADEME sont plutôt des projets de recherche technologique avec des investissements lourds. Là, on est plus sur du subtil, du sociologique, des solutions informatiques. C’est donc une dimension tout à fait différente avec une dimension assez conceptuelle et intellectuelle.

Le Livre-Vert que l’on se promet d’apporter à la fin de ce projet comporte des préconisations sur les infrastructures de recharge pour les flottes de véhicules d’entreprise et de collectivités locales. C’est un peu le pendant du Livre-Vert du sénateur Louis Nègre pour les collectivités et pour les infrastructures en voirie. Là, c’est le Livre-Vert pour les flottes captives.

Ce livre vert devrait paraître au début 2014. Peut-on déjà tirer quelques enseignements des premiers mois d’expérience ?

Pour l’instant, on est vraiment sur la partie observation, sur la partie mise en place, installation des sites, etc. Nous avons les premières remontées de données qui sont amenés à être travaillés par les laboratoires de recherche avec lesquels nous sommes partenaires.

Pour l’instant, nous ne sommes pas encore en situation de vous donner de scoop par rapport à ce Livre vert, pour lequel nous avons mis en place toute la structure d’organisation pour en préparer la rédaction.
C’est donc en cours, sous pilotage. Je pense que vous aurez les résultats l’année prochaine à cette heure.
Par contre, le point de vue des usagers, les facteurs qui utilisent des véhicules électriques sont ravis ?
Les postiers qui utilisent des véhicules électriques sont vraiment très heureux et très fiers qu’on leur confie cette mission un peu de pionnier.

Il est vrai que la conduite d’un véhicule électrique est une conduite très calme, très apaisante, car il n’y a plus de boîtier de vitesses, il n’y a plus de bruit, plus de vibrations. C’est donc une conduite tout à fait différente, qui demande aussi une intelligence par rapport à la recharge, par rapport à la conduite, il s’agit d’une éco-conduite intelligente. Le postier auquel on confie les clés d’un véhicule électrique, on ne peut plus lui reprendre après, il ne veut pas rendre son véhicule !

Le projet « Infini Drive » favorise l’éclosion d’un écosystème de la mobilité. La tenue de ces Assises participe-t-elle également à ce mouvement ?

Oui, ces Assises reflètent vraiment un moment important.

L’année dernière, c’était la première édition, c’était un peu un pari pour l’AVEM et pour Isabelle Rivière, et pour nous tous d’ailleurs.

Je pense que c’est une initiative tout à fait heureuse, que l’on soutient avec grand plaisir. Cela s’inscrit dans une logique très collective.

Nous sommes en train de vivre une mutation, une évolution significative et cette évolution ne peut être que collective. Donc, c’est illustré par la démarche de La Poste avec le groupement de commandes, où l’on agit collectivement, avec le projet « Infini Drive » également où intervient un ensemble d’acteurs pertinents.
Pour ce qui concerne l’AVEM et les Assises infrastructures, cela s’inscrit aussi dans un ensemble, dont un réseau d’associations véhicules électriques avec l’AVERE France au niveau national. Nous sommes en train de constituer un réseau d’AVERE régionales, avec Bretagne Mobilité Electrique, la région Nord-Pas-de-Calais qui est en train de créer son AVERE régional.

Tout ce mouvement, qui se met en place, est très positif, car il ne fait que renforcer les prises de risques courageuses comme celle de l’AVEM avec les Assises Infrastructures.

Nous sentons un véritable tournant, une vraie prise en compte du sujet de l’électromobilité. Il y a un véritable engouement collectif et national sur ce sujet. Tous, nous apportons notre pierre à ce bel édifice.

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