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The Green Expedition 2018 : Etapes 6 à 10 Rédigé par Laurence Thouin & Philippe Schwoerer le 02 Mai 2018 à 00:00 0 commentaires

Dans un précédent article, nous avez pu connaître ce qu’ont vécus les équipages engagés en voitures, à motos et à vélos électriques à l’éco-raid The Green Expedition proposé par Atypik Travel Organisation. Pour suite, le récit des étapes 6 à 10 transmis par Laurence Thouin, responsable de la communication et de la presse pour ce rallye.

Etape 6 – Dimanche 15 avril 2018
Los Antiguos > Rio Mayo
L’étape tranquille – 175 km

Avec une vue sur l’immense lac Argentino depuis les fenêtres des chambres de l’hôtel, la journée commence très agréablement. L’air est doux. Située dans une vallée fertile à la frontière du Chili, la ville de Los Antiguos, qui tire son nom d’une légende des Indiens Telhuelches qui choisissaient cet endroit paisible pour y mourir, déploie un paysage agreste et reposant. Toutes les rues sont bordées de grands arbres, peupliers et ormes, et les maisons entourées de jardins. Les tonalités automnales de la végétation contrastent avec le bleu intense du lac.

Les voitures ont été installées la veille dans le parc de la fête de la Cerise, l’un des produits agricoles les plus renommés de la zone. Les branchements étaient impeccables, à la grande satisfaction de Mark Nitters, notre ingénieur électricien, qui a pu passer une nuit tranquille. La presse est de nouveau présente, ainsi que certains passionnés, professeurs et élèves d’écoles techniques qui veulent essayer les voitures. Nous ne repartons que vers midi en direction de Perito Moreno, une localité industrielle qui vit de l’extraction minière de l’argent et de l’or. Le paysage est tellement beau, que Clément, le caméraman, en profite pour filmer tout au long du premier tronçon du parcours.

Si les deux Renault Zoé bifurquent dans la bonne direction, à l’embranchement, pour se rendre à Rio Mayo, ce n’est pas le cas de la Tesla. Emporté par l’élan, son équipage poursuit sur la route de Las Heras. Ce n’est qu’au bout de 50 kilomètres qu’il s’aperçoit de son erreur et rebrousse chemin. Les 100 kilomètres d’autonomie perdue ne l’empêcheront pas de parvenir à Rio Mayo. Les batteries sont presque vides.

L’équipe des vélos électriques roule sans problème, affichant une moyenne exceptionnelle de presque 42 km/h. Bastien Hieyte, dont la moto est immobilisée, la rejoint et la soutient en pilotant le véhicule d’assistance. Il fait même un essai sur l’un des vélos, durant quinze kilomètres. Une expérience suffisante pour lui faire reconnaître qu’il faut être un sacré athlète pour tenir le rythme !

A Rio Mayo, les véhicules sont garés sur l’espace de fête appelé parc « Fiesta de la Esquila » (fête de la Tonte). Un très sympathique électricien nous attend sur place, – bien que ce soit dimanche -, avec un boîtier équipé d’un bouton d’urgence et de deux prises de 32 ampères. Nous apprenons que nous allons rater de peu le rassemblement de deux mille moutons des environs qui s’éparpillent sur des milliers d’hectares et sont réunis avant l’hiver.

Norma Marzquiaran, la très efficace secrétaire du tourisme de la localité, a prévenu toute la population locale de notre arrivée et a invité les élèves de l’école à venir découvrir avec leurs parents les véhicules. Tous réquisitionnés pour montrer les engins et permettre aux curieux de faire des essais, nous n’avons le temps ni de déjeuner, ni de découvrir les environs, notamment la rivière locale réputée pour la pêche. La bourgade vit principalement de la présence d’une garnison et de son implantation sur deux axes routiers : la Ruta 40, et la Ruta 26 qui relie Comodoro Rivadavia à la frontière chilienne.

Le soir, Norma embarque toute la Green Expedition vers son estancia familiale où elle a organisé un grand asado, offert par le ministère du Tourisme de la province de Chubut. Les participants n’en reviennent pas ! Autour d’un grand feu réduit en braises, plusieurs gauchos s’activent et préparent des agneaux, non pas cuits à la broche, mais coupés en deux au milieu, et écartelés sur une sorte de croix en métal verticale qui permet à la fois de les griller et de faire couler la graisse par terre.

La table est installée pour une trentaine de personnes. Plusieurs membres de la localité et du conseil municipal, et même des lycéens, nous ont rejoints, dans une veille étable des années 1940 équipée de grandes cheminées. La soirée devient rapidement très animée. La famille de Norma est particulièrement active : elle développe des projets dans le tourisme, l’exploitation d’une source pour en distribuer l’eau minérale, et même dans la fabrication de laine de guanacos. Nous avons aussi la chance de partager le dîner avec sa mère de 85 ans qui nous raconte des anecdotes de sa vie dans l’estancia où elle est née, et son frère, entrepreneur né, accompagné de sa femme.

Retour en fin de soirée à l’hôtel Viejo Covadonga, suspendu dans le temps et tenu par deux vieilles dames, des sœurs appartenant à une famille bulgare qui, dans les années 1930, avait été envoyée par les Anglais pour construire les chemins de fer en Patagonie.

Etape 7 – Lundi 16 avril
Rio Mayo > Gobernador Costa
La Patagonie, la vraie – 227 km

L’étape en soi n’est pas si longue ! Mais il s’agit de traverser un énorme plateau désertique : ce qui signifie du vent et des montées. Et donc une autonomie plus réduite pour les véhicules. Le paysage peut paraître monotone, composé de grandes extensions de steppes entrecoupées de rivières en lacets bordées d’arbres, – des oasis dans l’immensité de la Patagonie -, et de quelques entrées d’estancias. Ces domaines sont tellement étendus que l’on ne voit même pas la ferme depuis la route, malgré l’horizon totalement dégagé.

Nous ne croisons qu’une toute petite localité : Facundo. Mais nous ne nous arrêtons qu’un peu plus loin, devant un établissement sur le bord la route, qui ne semble pas avoir changé depuis sa construction en 1938. Le propriétaire nous prépare du thé et du maté sur sa vieille cuisinière à bois. Clément, – le caméraman -, profite de l’étape pour s’offrir un couteau de gaucho, avec un manche en corne. Pas de possibilité de déjeuner sur place : nous repartons donc le ventre vide. Arrivés à Gobernador Costa, nous vérifions l’autonomie restante sur la Renault Zoe 360 Energy : 50 km ! C’est une excellente performance, compte tenu des conditions extrêmes.

La bourgade semble sortir d’un western : vent, poussière et montagnes rocheuses. Cette fois-ci, nous garons les véhicules dans les écuries de l’espace réservé à la Fiesta del Caballo (fête du Cheval), où nous attendent quatre personnes du service technique et de la ville. Le branchement se fait sans problème, même si, comme lors de précédentes étapes, le terrain est tellement sec que la connexion à la terre n’est pas suffisante.

Nous allons enfin déjeuner au restaurant tenu par son propriétaire « El Petiso » : une adresse très recommandable, surtout pour sa soupe et sa viande grillée. Puis nous nous rendons à l’école, où une centaine de gamins nous reçoivent. Le groupe des vélos arrive juste à temps pour nous rejoindre. Véritable centre d’attention de tous les élèves, les cyclistes sont assaillis de questions. Les enfants suivent en courant leurs instituteur et institutrices qui essaient les vélos électriques.

De retour à l’aire de stationnement, nous retrouvons le reste de l’équipe et plusieurs curieux qui sont venus voir les véhicules. Vers 18 heures, le froid se fait plus intense, et le vent souffle fort. Ce vent qui a bien fait souffrir les cyclistes est un paramètre crucial dans leur parcours. La journée se termine à nouveau au restaurant « El Petiso », où nous dînons tôt, toute l’expédition étant fatiguée par le froid et le vent cinglant.

Etape 8 – Mardi 17 avril
Gobernador Costa > Futalaufquen
Le début de la Patagonie sylvestre – 227 km

Le départ a été avancé à 8 h30. Il fait très froid dehors, et le jour n’est pas encore complètement levé. Denis Auvillain quitte The Green Expedition, car il doit se rendre à Singapour dans quelques jours. Il sera remplacé, à partir de Bariloche, par le fameux skipper Eric Loiseau.

Dès les premiers kilomètres, le grand plateau désertique se transforme en une belle vallée avec la cordillère en toile de fond. Les tonalités et la végétation changent aussi : des collines brunes, de magnifiques peupliers jaunes qui se dressent au milieu de champ couleur paille où paissent des vaches, des rivières ombragées. Dans la descente vers Esquel, apparaissent les premiers sapins et « avetos » qui ajoutent une palette de verts au paysage.

Toute l’expédition, les vélos inclus, se retrouve pour déjeuner au restaurant Chiquino. Là, de nouveaux participants nous rejoignent. Ainsi Lucia et Nicolás ivanissevich qui vont remplacer leurs parents Alejandro et María José pour les deux prochaines étapes. Aussi, Cédric Marinot, qui va accompagner le team Ecosistema jusqu’à San Martín de los Andes. Enfin, le cycliste Jérôme Lelièvre, arrivé la veille directement à l’hôtel, relaie Yannick Gorgeault qui repart en France.

L’après-midi, les concurrents naviguent vers le parc national Los Alerces. Les équipages des Renault Zoé doivent piloter avec beaucoup d’attention car leur autonomie est très limitée : le trajet inclut un fort dénivelé à gravir, suivi d’une longue descente. Mais le paysage est tellement splendide que les équipes en profitent pour rouler tranquillement et se mettre à l’unisson avec la nature.

Après une trentaine de kilomètres, la piste commence à border le lac Futalaufquen, l’un des plus beaux et réputés endroits de Patagonie pour pêcher. La saison vient de se terminer, et le seul hôtel encore ouvert est le Quime Quipan, sur la rive du lac. Les propriétaires et un ami électricien attendent les voitures et organisent en peu de temps les branchements sur un réseau dont l’énergie provient d’une micro turbine. Pour la première fois depuis le début du voyage, les équipes ont un peu de temps libre. Certains en profitent pour faire des promenades dans la montagne, d’autres pour jouer au « truco » (un jeu de cartes argentin) devant un feu de cheminée, et d’autres encore pour prendre l’apéro.

L’hôtel étant confortable et les propriétaires très accueillants, l’ambiance est au beau fixe, et la soirée s’annonce très animée. Le cuisinier a même préparé un costillar de vaca (des côtes de vache), et la tablée commande de bonnes bouteilles de vin de Mendoza. Tout se passe donc pour le mieux… jusqu’à ce que survienne la panne de courant ! Sans attendre, Mark Nitters sort contrôler les voitures, tandis que le reste des convives part découvrir la nuit étoilée de l’hémisphère Sud.

Le dîner se termine aux chandelles, et les commentaires vont bon train sur la façon de recharger les voitures pour repartir le lendemain. Heureusement, la panne ne dure pas plus d’une heure, et tout le monde va se coucher avant minuit. Le seul à ne pas fermer un œil, c’est le pilote Bastien Hieyte ! Il attend avec anxiété son rendez-vous téléphonique et informatique à cinq heures du matin avec les techniciens de Zero Motorcycles Europe afin de réaliser le diagnostic de sa moto.

Etape 9 – Mercredi 18 avril
Futalaufquen > Bariloche
La moto est de retour – 273 km

Toute l’expédition a été réveillée par le léger bruit de la moto de Bastien Hieyte. Le Team Michelin est trop content de pouvoir enfin remonter sur la selle ! Il a en effet réussi à la remettre en marche, grâce à l’équipe technique de Zero Motorcycles Europe qui, depuis la Hollande, et via un ordinateur, a réalisé un diagnostic à distance et réinitialisé l’engin immobilisé.

Les équipages sont émerveillées durant tout le premier tronçon de piste par le paysage majestueux du lac Futalaufquen, et des lengas qui ont viré au rouge écarlate sur les flancs des montagnes enneigées. Nous apprenons au cours de la matinée que le spectacle de moto trial a été annulé à Bariloche, pour des raisons d’organisation interne à la ville. Nous abordons la vallée agreste de Cholila sous un beau soleil, et décidons donc d’accepter l’invitation que nous avions d’abord refusée, faute de temps, à passer par le lycée agro-technique situé à l’extérieur du village.

La visite est une vraie fête : la directrice María Luisa Palmieri, les professeurs, et une centaine d’élèves, nous attendent dès la barrière, au milieu des champs, des potagers, de la laiterie et de l’atelier. Le bâtiment, – un ancien hôpital de campagne parfaitement entretenu -, abrite les salles de classe, des dortoirs, et une grande cantine qui sert aussi de salle commune. Nous sommes invités à partager le déjeuner, – délicieux et léger -, et à répondre aux questions de tout l’auditoire qui nous étonne par sa connaissance du sujet. Les élèves sont d’ailleurs en train de fabriquer, par leurs propres moyens, une éolienne, avec de grandes pales en bois, pour produire de l’énergie en alimentation du lycée.

Voitures rechargées sans difficulté, et équipages revigorés par les échanges, nous repartons pour encore un long trajet. Il nous faut poursuivre la vallée, passer par El Bolsón, et atteindre Villa Mascardi. Là, nous effectuons une nouvelle recharge, – impeccable -, dans la station-service del ACA (Automovil Club Argentino), avec la collaboration du propriétaire José Luis Bartolini, du gérant, et de plusieurs techniciens qui avaient déjà tout préparé. Voilà qui est de bon augure pour une possible installation de bornes de recharge dans des stations-service. Les vélos Matra sont aussi au rendez-vous, ainsi que Bastien Hiyete, échappé en solitaire et à plein régime depuis le matin.

Après avoir passé presque dix jours dans un environnement naturel, immense et solitaire, nous traversons les abords de Bariloche, un peu déboussolés par le retour à l’univers urbain, la circulation et les quartiers précaires qui entourent l’agglomération. Le chef-lieu de la région est pourtant un grand centre touristique, aux allures suisses, qui s’étend sur la rive du grand lac Nahuel Huapi et au pied des montagnes. Notre journée se termine face au lac, à l’heure bleue, sur le parvis du bel hôtel Cacique Incayal, où nous attendent deux nouveaux participants à la Green Expedition : le navigateur et alpiniste Eric Loizeau, et Emmanuel, médecin. Roberto Stazzoni de Scame, quant à lui, est revenu pour poursuivre l’éco-raid. Francisco Casella, son collègue, accompagnera l’expédition durant la prochaine étape.

Etape 10 : Jeudi 19 avril
Bariloche > San Martín de los Andes
Les plus beaux paysages – 192 km

Le trajet de la journée est l’un des plus touristiques de l’Argentine. Il permet de longer sept lacs et de traverser des forêts de mélèzes, lengas, alerces, au gré d’une route sinueuse, parfois en corniche. La palette des rouges, orange, jaunes et verts de la végétation est saisissante, et rend le voyage d’autant plus agréable. La Renault Zoe du Team Ecosistema est aujourd’hui conduite par Francisco Casella, responsable Marketing de Scame, qui profite au maximum de l’expérience.

Eric Loiseau part en tête au volant de La Tesla de Sojasun et fait une pause à Puerto Pañelo, – à l’entrée du village de Villa l’Angostura -, un petit port vraiment charmant, situé sur l’une des anses du lac Nahuel Huapi. Toute l’expédition, sauf les cyclistes partis avec leur pique-nique, décide de déjeuner là, de quelques « empanadas » (chaussons à la viande ou au fromage) pris dans un petit kiosque. « C’est la plus belle route que nous ayons faite », assure Bastien Hieyte qui se fait plaisir dans les virages et arrive à faire l’étape en entier sans recharger.

Sur la place de notre destination finale du jour, – San Martín de los Andes -, l’accueil est incroyable ! Beaucoup d’habitants, une grande partie du conseil municipal, les responsables du tourisme, de la presse, de l’environnement, et surtout tous les professeurs et élèves du lycée technique spécialisé en énergies renouvelables. L’ambiance est festive, les questions fusent de partout, et chacun veut essayer les voitures ! Des cyclistes s’approchent pour nous montrer leurs propres vélos électriques fabriqués par une marque argentine. Le show de moto trial de Bastien Hiyete devient le clou de la journée.

La petite ville de San Martín de los Andes, située sur la rive du lac Lacar, a fait du développement durable l’un des objectifs prioritaires de sa gestion, en particulier au niveau des transports publics. C’est pourquoi la maire n’a pas hésité à déclarer The Green Expedition d’intérêt municipal. Le lycée technique, quant à lui, fait la promotion des énergies renouvelables. Il mène un projet de conversion, en électriques, de voitures thermiques. L’établissement deviendra ainsi le premier lycée d’Argentine à compter dans ses rangs des élèves reçus à l’examen de conduite de véhicules électriques. A la nuit tombée, les curieux continuent de venir découvrir nos véhicules. L’ensemble de la Green Expedition se rassemble pour aller dîner au restaurant Porthos où nous a invités la municipalité.

A suivre…

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