C’est avec un décalage de presque 3 semaines que nous vous proposons de vivre l’arrivée de la Green Expedition, cet éco-raid en Argentine à vivre en voitures, à motos et à vélos électriques, et organisé par Atypik Travel Organisation. Ce quatrième et dernier volet du périple fait suite à 3 précédents articles qui ont respectivement couvert les étapes 1 à 5, 6 à 10, et 11 à 15. Les textes bruts ont été transmis par Laurence Thouin, responsable de la communication et de la presse pour ce rallye.
Etape 16 – Mercredi 25 avril 2018 San José de Jachal > Chilecito Festival géologique ! – 260 km
Promesse tenue, nous commençons la journée en rejoignant un lycée technico-agricole situé à 15 kilomètres de la bourgade de San José de Jachal, en pleine campagne. Le chemin est bordé de maisons en briques adobes de couleur glaise. Plus de 400 élèves attendent Eric Loizeau qui arrivent au volant de la Tesla Model S. Et, de nouveau, la rencontre avec les jeunes et les professeurs se révèle être une expérience formidable ! Les enseignants, en particulier, sont avides d’informations techniques. Les jeunes, eux, sont fascinés par la voiture et le parcours du navigateur. Après avoir été reçus devant l’établissement, nous entrons dans une grande salle commune où les élèves posent des questions. Le sportif breton est impressionné par l’autorité naturelle et la bienveillance du directeur de l’établissement. Nous terminons la visite par une collation : du maté sucré accompagné d’excellentes « tortas fritas » réalisés par les cantinières du lycée. Les estomacs sont calés pour les prochaines heures !
Nous entamons ensuite l’une des plus belles routes du voyage, à travers des formations géologiques surprenantes, un festival de roches les plus diverses, un passage par des gorges puis au milieu de collines composées de strates en dégradés de rouges et d’ocres. Eric Loizeau est tout excité à l’idée de pouvoir un jour escalader l’une des sculptures étranges en roche blanche « fondante » et pleine d’alvéoles. La voie se poursuit sur des dizaines de kilomètres au cœur d’une immense plaine. A l’approche de Nonogasta, nous traversons aussi de grandes plantations d’oliviers. Avec l’exploitation minière, la production d’olives et d’huiles d’olives est l’une des principales activités de la région de San Juan.
A Nonogasta, nous faisons une étape intermédiaire dans une deuxième ferme solaire de 360 Energy qui est sur le point d’entrer en fonctionnement. Plus grande encore que la première, elle est équipée d’un système de tracking qui permet de tirer le meilleur parti de la radiation solaire. Tout est prêt pour déjeuner dans le baraquement où nous retrouvons l’ensemble des équipes. Nous arrivons en fin d’après-midi à Chilecito, mais suffisamment tôt pour une lessive, des appels téléphoniques, répondre aux courriers électroniques accumulés… et même réaliser un tour de la ville. L’air est doux. Toute la Green Expedition se retrouve sur la place principale pour un apéro en terrasse.
Etape 17 – Jeudi 26 avril Chilecito > Belén L’Argentine inca – 217 km
Le premier tronçon de la route est de toute beauté ce jeudi en matinée. Le décor est composé d’une juxtaposition de collines bleutées qui se découpent sur l’horizon, d’immenses lignes droites, et d’une steppe vert citron. Le soleil devient de plus en plus intense, le paysage, – agrémenté de cactus -, de plus en plus aride, et les villages de plus en plus pauvres. Nous traversons celui de Londres, dont le nom remonte au mariage de la reine Marie Tudor et de Felipe II d’Espagne, au XVIe siècle. Puis nous bifurquons pour visiter les ruines de Shincal, dans la province de Catamarca où habitaient les indiens diaguitas calchaquíes dominés plus tard par les Incas. Le site précolombien comprend un petit musée et des tumulus aux sommets desquels il est possible d’avoir une vue d’ensemble sur les ruines. Dans notre visite, nous nous retrouvons face aux premiers lamas du séjour, qui nous regardent avec une certaine indifférence, pour ne pas dire de l’ennui. Vont-ils nous cracher à la figure comme dans nos vieux albums de Tintin ? Nous repartons contents d’avoir pu nous dégourdir les jambes et pris conscience que nous venons de parcourir la capitale la plus australe de l’empire inca.
Réputée pour la qualité de ses artisans tisserands, Belén, notre point d’arrivée, est une petite ville qui a son charme. De fait, nous allons rendre visite à un « maestro » : Ramon Baigorria, qui a tissé le poncho offert par le président Macri au pape François. Cela vaut la peine de connaître tout le processus de réalisation : la toison, le filage, le tissage et, en ce qui concerne la laine de mouton, la teinture naturelle avec de la yerba maté, des oignons, du marc de vin, de la cochenille, etc.
En début de soirée, Stef, notre mécanicien principal, offre la tournée devant son Motorhome, sur la place de la ville. Il ne nous reste plus qu’à traverser ensuite la rue pour nous rendre à l’office de tourisme où nous attendent Nicolas Reinoso et toute son équipe pour un dîner typique. Quel buffet : Mote (maïs, viande, oignons), gigote (sorte de lasagnes avec diverses couches de fromage, de viande, pommes de terre, oignons), vins de la région, et, comme dessert, queso con Dulce casero (fromage avec de la pâte de coing maison) ! Personne ne se plaint d’un tel traitement, bien au contraire !
Etape 18 – Vendredi 27 avril Belén > Cafayate Emotion, histoire et bon vin – 260 km
Le défi de la journée est, pour les Zoé et la moto du team Michelin, d’arriver à rejoindre l’étape sans recharger. Les pilotes sont un peu inquiets, parce que, tout le début du trajet étant en montée, l’autonomie baisse rapidement. Juste à la sortie de Belén, nous traversons une très belle gorge, puis suivons une vallée dont le paysage rappelle à Eric Loizeau les montagnes de l’Atlas conjuguées avec les rocheuses du Colorado. Au loin, sur notre gauche, la cordillère des Andes nous accompagne. Nous voyons même un glacier qui se révèle être une énorme coulée de cendre, selon Paula Boffi, notre responsable logistique. Tout au long de la route, nous croisons des gauchos à cheval, des troupeaux de vaches, de chèvres, et même de mulets (ou d’ânes, la question n’a pas été résolue !).
A l’approche de Cafayate, le décor change, modifié par l’homme lorsque les premiers colons ont commencé à cultiver des vignes. Aujourd’hui Cafayate est une petite ville très agréable, de style colonial, entourée de propriétés viticoles qui produisent des vins d’altitude (à partir de 1.700 jusqu’à plus de 3.000 m) au cœur des Andes. Pernod Ricard a racheté la traditionnelle « bodega Etchart », et Michel Rolland s’est installé sur la hauteur de Yacochuya pour élaborer d’excellents vins torrontés, malbec ou blend. Reçus par Adriana, directrice du Musée du Vin, nous déjeunons sous une pergola, dans la cour, avec, en prime, une dégustation de vins de la région commentée en français !
Une école primaire attend notre visite. Dès notre arrivée, nous sommes entourés par des écoliers qui prennent d’assaut les voitures électriques. Julien, le caméraman qui nous accompagne, a l’idée de mettre en marche son drone : la fourmilière de petites blouses blanches se rue alors soudainement sur l’appareil qui décolle. Les enfants doivent cependant retourner en classe pour fêter en avance « le jour du travailleur », c’est à dire le 1er mai. Dans la grande cour néocoloniale de l’établissement, tous les élèves se retrouvent déguisés selon la profession qu’ils ont choisie de représenter. La journée se finit en beauté autour de la piscine de l’hôtel Patios de Cafayate, un très bel établissement du même style et qui date de 1892.
De leur côté, les cyclistes ont été émus par la rencontre qu’ils ont faite durant l’après-midi : un jeune couple formé par un Italien, qui circule de par le monde à vélo depuis presque 5 ans, et une Argentine qui, par amour, a elle aussi enfourché un vélo. Le récit de leur aventure touche profondément le team du Bien–être qui a décidé de leur offrir des roues neuves pour continuer leur périple. Egalement touché, Emmanuel, le médecin, leur donne un chargeur solaire pour leur téléphone.
Etape 19 – Samedi 28 avril Cafayate > Salta L’arrivée !!! – 183 km
Pression dès le lever ! Nous devons tous être sur le pont à 8 heures, car les autorités de la ville et de la province de Salta nous attendent à 12h30 pour la cérémonie d’arrivée. Dès la sortie de Cafayate, nous traversons un paysage géologique étonnant, aux noms évocateurs : la Quebrada de las Conchas, los Castillos, El Obelisco, El Fraile, El Sapo, El Anfiteatro, la Garganta del Diablo… Eric Loizeau en profite pour abandonner la Tesla Model S, enfourcher l’un des vélos, et pédaler dans ce décor à couper le souffle. Le contraste entre les strates rouges et brunes, les immenses montagnes rocheuses, et le vert intense de la vallée, produit un impact visuel que nous n’oublierons jamais ! Nous profitons de chaque instant, peu à peu conscients qu’il s’agit des derniers kilomètres, et que l’expédition touche à sa fin.
A 50 kilomètres de Salta, la police nous arrête pour… nous escorter !!! Les vélos vont en tête, suivis de la moto de Bastien, de la Renault Zoé 360 Energy et de la Model S. La Zoé Ecosistema ferme la marche. Le convoi traverse la ville et s’engage dans la longue montée en lacets jusqu’au Cerro San Bernardo qui domine la ville. Bruno Ricordeau et Thomas Bernardeau, partis la veille pour tout préparer, attendent les véhicules électriques au sommet. Nous passons enfin sous l’arche d’arrivée de The Green Expedition – Sojasun ! Une grande joie et une palpable émotion envahissent les pilotes qui sont reçus par le public et les autorités. Nous sommes un peu déboussolés, fatigués, excités, incrédules, à fleur de peau !
Mercedes Ortiz de Rosas, coordinatrice des grands événements au cabinet des ministres de la Province, se trouve en première file. Dès le début, elle a cru au projet The Green Expedition. Elle a convaincu les ministères de l’Energie, de l’Environnement et du Tourisme de la Province de s’y engager, et s’est personnellement investie dans l’organisation de l’étape d’arrivée. Après la remise des médailles, Bastien se prépare sans tarder pour son dernier show, encore plus spectaculaire que les précédents, car il doit s’adapter aux éléments urbains de l’esplanade qui surplombe la ville. Escaliers, rambardes, murets, fontaine, cascade : tout est mis à profit ! Le buffet en terrasse, qui suit, – offert par la province de Salta -, réunit tous les membres de l’éco-raid et les différents représentants des ministères. Décontractés, ces derniers n’hésitent pas à essayer les vélos !
La tension commence à retomber. Chacun déambule, discute, tout en déjeunant, même si Mark Nitters et Roberto Stazzoni sont encore mis à contribution pour s’occuper de la dernière recharge, symbolique, devant le monument à Guëmes, caudillo local et héros de la révolution. La connexion présente quelques problèmes, mais les équipes techniques de la compagnie d’électricité locale se mettent au travail pour les résoudre. Finalement, les teams et le staff commencent à vider et ranger les véhicules électriques afin de les mettre en condition pour leur rapatriement en France. Les équipes sont désormais à pied et dispose de temps libre pour flâner, une sensation oubliée depuis les trois dernières semaines. Certains vont à la piscine ; d’autres se promènent dans la ville ; mais tous se retrouvent sous les arcades de la plaza 9 de Julio, face à la cathédrale, pour prendre une tournée de bière offerte par les « filles » de la Green Expedition. Le dîner du soir est animé, mais la fatigue est plus forte que l’esprit festif. Chacun savoure la perspective d’une bonne nuit et d’une grasse matinée.
Epilogue
Le lendemain matin, Paula Boffi, Stéphane Legay et Roberto Stazzoni prennent tôt la route pour ramener la Tesla Model S, les vélos et les motos jusqu’à Buenos Aires, tandis que les Zoé sont prises en charge par le concessionnaire Renault. Le reste des participants, – pilotes, journalistes, et staff -, émerge doucement. Partis se promener dans le centre-ville, certains tombent par hasard sur des gauchos à cheval superbement harnachés qui se rendent à une cérémonie commémorant Los Infernales, un régiment commandé par le général Güemes durant la guerre de l’indépendance argentine. Toute la Green Expedition se retrouve ensuite à midi pour aller visiter le musée archéologique de Salta, conçu autour de l’incroyable découverte dans les hauts sommets andins de momies d’enfants incas, conservées intactes durant cinq siècles dans la glace, avec leur trousseau funéraire (jouets, figurines, objets, réalisés en or, argent, plumes, fibres végétales, cuir, etc.).
Quand nous sortons du musée, le déjeuner est prêt dans un restaurant parilla en terrasse sur la place. Sous le soleil de Salta, après un asado copieux et arrosé, Bruno Ricordeau clôt l’éco-rallye en distribuant les coupes aux vainqueurs. Le team des Athlètes du Bien-être Sojasun gagne le premier prix et l’admiration de tous. Bastien Hieyte, du team Michelin est, de son côté, récompensé pour sa double participation de pilote sur route et de spectaculaire protagoniste des shows de moto trial. L’équipe Ecosistema en Renault Zoé remporte le troisième prix, devancée de peu par la Tesla de Sojasun. Pour l’exceptionnelle éco-conduite de ses principaux pilotes, – Alejandro et María José Ivanissevich -, 360 Energy reçoit le premier prix.
L’émotion est de nouveau au rendez-vous, plus sereine mais déjà teintée de nostalgie. Chacun prend conscience de la « folie » initiale du projet, de l’esprit pionnier, de l’exploit accompli, des problèmes surmontés, de la qualité du groupe humain, de la collaboration des personnes et des municipalités rencontrées, des liens tissés, des apprentissages acquis. Et chacun se projette déjà dans la préparation de la prochaine édition !
INFOS
Atypik Travel Organisation
5, Rue de Mayenne
72140 SILLE LE GUILLAUME
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