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Un Tro Breizh pour un drôle de scooter électrique Rédigé par Philippe Schwoerer le 29 Sep 2015 à 00:00 0 commentaires

Jean-Christophe Chorlay est en train de réaliser un tour de Bretagne d’un millier de kilomètres avec un engin branché de sa conception : le Streetnaer. Il poursuit ainsi 3 objectifs : éprouver l’endurance et la fiabilité de son scooter survolté, rencontrer les élus et les responsables du tourisme pour les sensibiliser à la mobilité électrique, démontrer les qualités du véhicule pour une exploitation à la découverte du patrimoine et des sites naturels.

Né breton

Anglais le nom de ce scooter ? Pas tout à fait ! Bien sûr, dans « Streetnaer », il y a « street », un mot que les Anglois ont obtenu en transformant le « stread » breton. Et si l’origine de l’engin n’était pas suffisamment évidente sur ce seul terme, il y a « naer » qui signifie « serpent » au pays des crêpes et des galettes. Jean-Christophe Chorlay traduit le nom complet en « Celui qui serpente dans la rue ». Si notre ingénieur électronicien a choisi de baptiser ainsi son bébé mobile, c’est parce qu’il a souhaité qu’autour de son berceau se réunissent tous les Korrigans bienveillants. Il compte d’ailleurs particulièrement sur Gwenneg (tr : monnaie), la plateforme de crowdfunding dédiée aux projets bretons, pour lancer la production du Streetnaer. Et puis, « il y a cette fibre écolo que les habitants du territoire conjuguent si bien avec les productions high-tech », souligne Jean-Christophe Chorlay.

Trottinette, tricycle, VAE, planche à roulettes assistée, ou scooter ?

Le Streetnaer est un engin atypique qui joue dans la même cour que le Zuumer californien ou le Skyliner suisse. Mais autour du modèle breton, il y a un concept plus vaste, qui tient à sa manière de l’exploiter. Il s’agit d’en faire un instrument sympathique et convaincant pour découvrir les sites remarquables. Se pose la question de lui trouver une catégorie pour le cataloguer. Au sens de la nomenclature européenne, il se glisse dans celle référencée L1e, qui distingue les « véhicules à deux roues dont la vitesse maximale par construction est égale ou supérieure à 6 km/h et ne dépasse pas le 45 ». La puissance du moteur ne doit pas excéder les 4 kW, ce qui est bien le cas. Mais ensuite, pour la dénomination commerciale ? Tricycle ? Pas en phase avec la catégorie L1e ! VAE ? Non, du fait de l’absence d’un siège, ou plutôt du fait qu’il soit amovible ! Planche à roulettes assistée ? Encore un problème de nombre de roues ! Scooter ? Les Américains collent dans ce tiroir tout un tas d’engins hétéroclites, dont les fauteuils roulants électriques pour personnes à mobilité réduite. Alors oui, ici, mais dans une sous-catégorie : Stand-up scooter.

En route pour les 2.000 kilomètres

En débutant son Tro Breizh Tredan (page Facebook dédiée) samedi dernier, 26 septembre 2015, le Streetnaer affichait déjà 1.000 kilomètres au compteur. En revenant à Lannion (22) onze jours après, il aura doublé ce chiffre. Déjà un beau test intensif d’endurance, ponctué de 22 étapes, avec une moyenne d’environ 45 kilomètres entre deux. C’est à celle de Dinan (22), que j’ai rencontré hier soir Jean-Christophe Chorlay. Il revenait de Saint-Malo (35), et comptait recharger ses batteries avant de reprendre la route, ce matin-même, pour la technopole rennaise. Notre ingénieur exploite chacun de ses arrêts pour montrer aux responsables de collectivités et d’organismes touristiques les qualités du Streetnaer. Certains, comme je l’ai fait moi-même, vont réaliser un petit tour d’essai avec, histoire d’en évaluer la stabilité.

Sur le Streetnaer

L’articulation de l’engin, par un bras oscillant à l’arrière, peut au départ faire douter de sa stabilité. N’est-on pas devant un appareil qui va imposer une phase d’apprentissage plus ou moins longue, et plus ou moins scabreuse, comme lorsqu’on découvre un gyropode ? Si des élus, un enfant de 10 ans, et un sénior de plus de 75, pas forcément taillés pour le sport, parviennent à dompter rapidement la bête, alors pourquoi pas moi, avec mes presque 110 kilos !? Et puis il y a la centaine de kilomètres effectués quotidiennement par Jean-Christophe Chorlay, qui ne m’apparaît pas spécialement fatigué, là, devant moi. A main droite, le sélecteur d’allure à 3 positions : rue (6 km/h), point mort, route (jusqu’à 27 km/h). Frein de parking enlevé, pied droit sur l’arrière de la plateforme, sélecteur sur « rue » : je tourne la poignée, et la jambe gauche rejoint l’autre automatiquement alors que le scooter prend de la vitesse. Le Streetnaer se montre d’emblée très maniable. Ce qui étonne, à peine derrière le guidon, c’est la prise de hauteur qui permet de voir plus loin, par dessus les toits des voitures et nombre de murs privatifs. L’engin, qui dispose de généreuses dimensions, est stable et ne demande qu’à retourner sur la route ! En l’état, le bruit du moteur, bien présent, prévient les piétons de l’arrivée d’un véhicule. Le temps d’un essai rapide, et voilà déjà un automobiliste qui s’arrête pour en savoir plus sur le Streetnaer ! Un peu plus tard, c’est lors de mon échange avec Jean-Christophe Chorlay, qu’une autre personne souhaite poser ses propres questions. Bref, l’engin étonne ; l’engin séduit ! Une ouverture !?

Du proto au modèle commercialisable

Le modèle sur lequel je viens de faire un tour n’est qu’un prototype dont l’idée a germé il y a 2 ans environ. A l’époque, un arbitrage venait d’être donné au bureau d’études qui travaillait aussi sur un concept de vélo couché, peu propice à l’observation dans les zones fréquentées, du fait d’une position trop basse du cycliste. A la tête de Green Vehicle Brittany, Jean-Christophe Chorlay espère sortir sa version tout public homologuée route pour l’été 2016. « Croire en son produit et avancer » : telle est sa devise ! En mode randonnée, en laissant de côté toute idée de pousser des pointes, le Streetnaer devrait disposer d’une autonomie jusqu’à 90 kilomètres : de quoi réaliser au moins le tiers de manière confortable. L’actuelle vitesse de pointe, limitée à 27 km/h avec le Golden Motor 1.000 W max logé dans la roue avant, grimpera à 36 km/h avec un appareil d’un tiers plus puissant, cette fois-ci implanté au sein d’une jante dont le pneu sera de la largeur de celui d’un scooter. Ainsi, il sera pilotable sur route, dès 14 ans, avec le permis AM. A ce stade du projet, impossible d’indiquer un tarif précis. Avec une très grosse louche, ce sera entre le prix d’un scooter thermique classique et celui d’un gros Segway ! Tout dépendra du succès rencontré par le concept, déjà récompensé dans le créneau des véhicules écolos par le concours Durabili-Ty, organisé par Lannion Trégor Communauté, en partenariat avec la technopole Anticipa et Côtes-d’Armor Développement. Déjà, des contacts ont été pris.

Tourisme

Jean-Christophe Chorlay croit beaucoup en l’exploitation de son engin pour des besoins touristiques. Une dalle numérique pilotée par un logiciel couplé à une application GPS, et voilà qu’il serait possible de cliquer sur un picto représentant le monument devant soi pour en obtenir une présentation. Avec une flotte de Segway en balade, il faut démarrer un circuit par une formation plus ou moins longue des visiteurs à l’utilisation de l’engin. Lorsque les gyropodes sont lâchés, il faut encore qu’un animateur soit présent pour assister les touristes téméraires. Rien de tout cela avec le Streetnaer que les intéressés exploiteront comme un vélo et en toute autonomie. « Se balader avec plaisir » : c’est sur ces mots que Jean-Christophe Chorlay imagine une foule de véhicules de loisir. Sa tête fourmille de projets : un trike, mais aussi une voiturette 2 places, avec un petit coffre, qui ressemblerait aux légendaires Morgan venues d’outre-Manche. Morgan ! Morgane !? Au fait, Jean-Chistophe, c’est voulu cette analogie avec le nom d’une fée reconnue par la mythologie celtique ?

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