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Une énergie verte pour les véhicules électriques ? Rédigé par EMMANUEL MAUMON le 01 Avr 2019 à 00:00 0 commentaires

En supprimant les émissions de CO2, rouler en véhicule électrique est une bonne chose pour l’environnement. Mais pour que ce geste soit réellement bénéfique pour la planète, encore faut-il que l’électricité produite pour alimenter les voitures électriques ne génère pas elle-même de gaz à effet de serre. C’est pourquoi, à l’instar de plus en plus de consommateurs, les possesseurs de véhicules électriques ont tendance à se tourner vers des fournisseurs d’électricité verte dont les offres n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Aujourd’hui, ils sont en effet plus d’une vingtaine sur le marché à promettre de fournir une électricité verte, parfois à des prix très concurrentiels par rapports aux tarifs régulés.
Mais ces offres sont-elles réellement crédibles ou répondent-elles essentiellement à une logique marketing visant à séduire de nombreux clients soucieux de leur empreinte écologique ? Un sujet au centre de deux études récentes réalisées par Greenpeace France avec son Guide de l’électricité verte et par l’ADEME qui vient de rendre un Avis sur les offres d’électricité verte. Deux études qui constituent aussi le point de départ d’un Plateau-TV du site Actu Environnement, mis en ligne la semaine dernière, qui cherche à éclairer ce débat.

Quelle réalité derrière l’électricité verte ?

L’électricité verte est une électricité produite à partir de sources renouvelables, c’est-à-dire principalement les énergies hydraulique, éolienne, solaire ainsi que les énergies issues de la biomasse. Cependant, une fois injectée sur le réseau électrique, il n’est plus possible de distinguer l’origine de l’électricité et donc de déterminer si l’énergie produite à partir de l’installation X alimente le consommateur Y ou le consommateur Z. Par contre, il est possible de quantifier l’électricité injectée par le réseau par chaque installation de production d’électricité et donc de garantir au consommateur qu’une installation EnR a injecté sur le réseau une quantité d’électricité permettant de répondre à sa consommation.
Une garantie apportée par un outil de traçabilité de l’origine de l’électricité : les Garanties d’Origine (GO). Une GO est un document électronique émis à la demande d’un producteur EnR qui atteste de la production d’un MWh et qui contient une série d’informations sur ce MWh (nom, localisation et technologie de l’installation, moment de production). Une Garantie d’Origine utilisable dans n’importe quel pays de l’Union européenne.

Les Garanties d’Origine en question

Aujourd’hui, la réglementation n’impose pas aux fournisseurs d’électricité verte qu’ils achètent directement de l’énergie produite par des installations EnR, mais seulement qu’ils achètent ces GO émises par les producteurs d’EnR. Cela signifie qu’un fournisseur d’offres vertes peut se contenter d’acheter de l’électricité produite dans une centrale à charbon ou nucléaire, du moment qu’il achète aussi des Garanties d’Origine garantissant à un consommateur qu’une quantité d’électricité verte égale à sa consommation a été injectée sur le réseau électrique européen. De plus, cette égalité ne doit pas être démontrée à chaque instant, mais seulement en moyenne sur une année.
Ainsi, selon l’ADEME, l’offre d’électricité verte « standard », la plus courante aujourd’hui en France, n’apporte aucune garantie sur la provenance de l’électricité et ne contribue pas directement au développement de nouvelles installations EnR. Généralement, l’électricité est achetée sur le marché et peut provenir de n’importe quelles sources de production. L’unique distinction avec une offre classique d’électricité est l’achat de GO qui contribue à la rémunération des producteurs EnR, mais pour un montant qui reste insuffisant pour déclencher le développement de nouvelles capacités EnR en dehors des mécanismes de soutien public.

Des fournisseurs d’énergie plus vertueux que d’autres

Si beaucoup d’offres vertes ne sont donc pas en fait des offres d’électricité provenant d’EnR, certains fournisseurs d’énergie sont toutefois plus vertueux que d’autres et proposent des offres impliquant l’achat conjoint de l’électricité et des GO auprès des mêmes producteurs (en majorité des petites installations d’hydroélectricité françaises). Tout comme Greenpeace, l’ADEME en distingue particulièrement trois dans son étude : Enercoop, Ilek et Energie d’Ici. Trois fournisseurs dont les offres vertes, qualifiées de premium, proposent ainsi de meilleures conditions de rémunération aux producteurs EnR, contribuant ainsi à la pérennisation des installations.
Directeur Général d’Enercoop, Emmanuel Soulias était d’ailleurs l’un des intervenants du Plateau-TV d’Actu Environnement qui lui permit de présenter la démarche de ce fournisseur d’énergie privilégiant les circuits courts et les contrats directs avec des producteurs EnR qui lui fournissent la totalité de son énergie. Celle-ci étant issue principalement d’une centaine de centrales hydrauliques et de 104 installations photovoltaïques rassemblées dans une dizaine de coopératives régionales. Un achat d’énergie à un prix équitable qui favorise le développement de nouvelles installations EnR qui permettront demain de répondre à la demande croissante d’énergie verte.

L’ADEME préconise la création d’un label

Dans son Avis sur les offres d’électricité verte, l’ADEME recommande aux pouvoirs publics la création d’un label. Pour son Directeur Général, Fabrice Boissier, ce label permettrait tout d’améliorer la transparence sur les offres en obligeant les fournisseurs à décrire les leurs de manière plus précise et sur la base de critères communs. Ce référentiel normatif permettrait aussi au consommateur de distinguer plus facilement offre d’électricité verte « standard » et offre d’électricité verte « premium ».
Par ailleurs, l’ADEME recommande le renforcement des contraintes temporelles d’utilisations des GO et, in fine, d’imposer que toute offre verte repose sur l’achat direct d’électricité auprès de producteurs EnR. En attendant la mise en place de ces améliorations, l’ADEME considère toutefois que la souscription d’une offre verte constitue un premier niveau d’engagement, concret et accessible au plus grand nombre. Elle appelle néanmoins à ne pas « survendre » cet engagement, notamment pour les entreprises et à préférer, le cas échéant, la souscription d’une offre verte « premium ».

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