L’ONG Transport & Environnement (T&E), qui depuis 30 ans a façonné certaines des lois environnementales les plus importantes d’Europe, vient de publier une étude comparative entre la quantité de matières premières nécessaires pour fabriquer les batteries de véhicules électriques et celle nécessaire pour faire fonctionner une voiture à moteur thermique. Dans ce rapport, T&E analyse l’offre et la demande prévues de batteries et de matières premières associées en Europe, en examinant comment le recyclage peut réduire le besoin de matières premières pour les batteries.
Les résultats de cette étude montrent que la production de voitures électriques nécessiterait beaucoup moins de matières premières que celles des véhicules thermiques. Selon T&E, face à l’urgence de décarboner le secteur des transports, les batteries offrent la meilleure voie vers un système de transport routier sans carbone, libérant le secteur de sa dépendance aux combustibles fossiles. Une voie d’autant plus facile à emprunter que, même si la demande de batteries va fortement augmenter dans les prochaines années, l’Europe devrait très rapidement arriver à produire suffisamment de batteries pour approvisionner son propre marché de véhicules électriques.
Une consommation de matières premières très inférieure à celle des véhicules thermiques
Selon les calculs de T&E, une voiture électrique alimentée avec des énergies renouvelables nécessiterait 58% d’énergie en moins qu’une voiture thermique sur l’ensemble de son cycle de vie. Sur ce cycle de vie, 60% de l’énergie utilisée est consacrée à la recharge, 23% à la fabrication de la batterie, 11% à celle du véhicule et 7% à celle de la production d’énergie si celle-ci est 100% renouvelable (éolien ou solaire). De plus, un véhicule électrique européen moyen émettrait 64% de CO2 de moins qu’un modèle thermique.
L’étude estime par ailleurs qu’une voiture thermique brûle près de 17 000 litres d’essence sur 225 000 km, ce qui équivaudrait à une pile de barils de pétrole de 90 mètres de haut. A contrario, en tenant compte du recyclage des matériaux des cellules de batteries, la quantité de matières premières « consommées » ou « perdues » durant le cycle de vie d’un véhicule électrique ne serait que d’une trentaine de kilos, soit près de 400 fois moins que le poids d’essence brûlé. Des chiffres flatteurs pour les véhicules électriques, mais qui ne pourront être atteints qu’avec un niveau de recyclabilité important. Aujourd’hui, la batterie d’une voiture électrique est composée d’environ 160 kg de métaux (graphite, aluminium, nickel, lithium, etc.) et T&E estime qu’en 2035 plus d’un cinquième du lithium et du nickel et 65% du cobalt nécessaires à la fabrication d’une batterie pourraient provenir du recyclage.
Une autosuffisance pour l’Europe dès 2021 Un recyclage qui réduirait la dépendance européenne aux importations de ces matières premières. Outre cette dépendance concernant les matières premières, l’Europe a aussi longtemps été dépendante de ses fournisseurs asiatiques dans le domaine de la fabrication des batteries. Le rapport de T&E montre que cette situation est en train de changer et que l’Europe devrait être en capacité d’approvisionner son propre marché dès 2021, avec une capacité de 91-92 GWh qui devrait être équivalente à la demande. Même si cette demande augmentera fortement dans les prochaines années avec l’explosion des ventes de véhicules électriques, la production européenne de batteries devrait suivre cette progression.
En effet, pour la prochaine décennie, 22 gigafactories sont d’ores et déjà prévues en Europe. En 2025, elles devraient atteindre une production totale de 460 GWh, ce qui permettra d’équiper près de 8 millions de voitures électriques chaque année. A l’horizon 2030, cette production annuelle pourrait grimper à 730 GWh alors qu’en 2020, la capacité de production annuelle n’était que de 49 GWh. L’Allemagne devrait représenter environ la moitié de la production européenne de batteries en 2025 tandis que, profitant de l’implantation du Coréen LG Chem, la Pologne sera en seconde position avec environ 14%. La Hongrie, la Norvège, la Suède et la France, où le projet d’une méga-usine Saft porté par Total et le Groupe Stellantis se précise, devraient être à peu près au même niveau avec 7 à 8% de la production européenne.
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