Le salon de l’automobile de Francfort, qui a fermé ses portes dimanche, a été marqué par une multitude de présentations de concept-cars électriques. Même si les déclinaisons en voitures de série ne sont pas encore au rendez-vous, ces présentations illustrent bien la volonté de la majeure partie des constructeurs de miser sur les véhicules électriques pour assurer l’essentiel de leur développement dans les prochaines années. Sans doute soucieux de faire oublier le « Dieselgate », les marques allemandes sont en première ligne sur ce créneau et vont lancer commercialement de nombreux modèles électriques dans les deux ans qui viennent. Si le Groupe PSA a lui aussi amorcé un net virage vers l’électrique, il a fait entendre à Francfort une voix dissonante en dressant un tableau pas si idyllique du futur de l’électromobilité.
Carlos Tavares tire la sonnette d’alarme
N’ayant probablement pas encore bien digéré les accusations de tricherie sur le diesel portées contre son groupe, le Président du Directoire de PSA, Carlos Tavares, a tiré la sonnette d’alarme sur certaines conséquences d’un passage au tout électrique. Il ne voudrait pas que d’ici quelques années ne se reproduise un scandale comparable au « Dieselgate » et que l’on reproche notamment aux constructeurs de ne pas avoir pris en compte certains risques. Parmi ces derniers, il évoqua notamment la question de l’origine plus ou moins renouvelable de la production d’électricité, celle du recyclage des batteries ou encore de la gestion des matières premières rares pour faire les cellules et les chimies des batteries dans la durée. Pour lui, on ne traite pas aujourd’hui la question de manière suffisamment large d’un point de vue sociétal pour tenir compte de l’ensemble de ces paramètres, ce qui pourrait se traduire dans quelques années par un retour de flammes pour le citoyen.
PSA se tourne tout de même vers l’électrique
Faisant le constat que les politiques et les institutions poussaient les constructeurs à aller vers le véhicule électrique, Carlos Tavares a choisi, malgré ses réticences, d’engager PSA dans cette direction. Un engagement résolu puisqu’il a annoncé que le groupe aurait en 2020 50% de sa gamme en véhicule électrique et 80% en 2023. Des modèles qui devraient être construits à partir de deux plateformes complémentaires : l’une conçue pour les véhicules 100% électrique et l’autre pour les modèles hybrides rechargeables. Mais, outre le fait qu’il réclame que les politiques et les collectivités assument clairement la responsabilité scientifique de cette orientation vers le tout électrique, Carlos Tavares souhaite aussi que les véhicules électriques parviennent rapidement à trouver leur place sur le marché sans la moindre subvention. Il rajoute que : « si cela ne parvient pas à être accepté par le marché, alors tout le monde – l’industrie, les employés et les responsables politiques – a un gros problème. »
Les premiers modèles annoncés
Pour arriver à 50% de la gamme en véhicule électrique d’ici à 2020, le groupe PSA va devoir enchaîner rapidement les nouveautés électrifiées. Même s’il n’est pas encore officialisé, le calendrier commence à se dessiner pour les nouveaux modèles. Ainsi la Peugeot 208 zéro émission devrait être dévoilée en mars 2018 lors du salon de l’auto de Genève. La seconde génération de cette citadine doit accueillir une version électrique dont la commercialisation n’interviendra par contre qu’au second semestre 2019. Une année durant laquelle une DS3 Crossback électrique est également attendue au cours du premier semestre. Ces deux modèles seront les premiers à inaugurer la nouvelle plateforme CMP qui servira de base aux citadines, aux berlines et aux SUV électriques du groupe PSA. Citroën devrait quant à elle attendre 2020 pour sortir son premier modèle électrique. 2020 devrait aussi voir l’arrivée d’une version électrique de la Peugeot 2008, ainsi que d’une nouvelle berline électrique de marque DS. Remplaçante de la DS5 et préfigurée par le concept CXperience, cette voiture devrait être déclinée à la fois en version électrique et en version hybride rechargeable.
Quelle stratégie pour Opel ?
Après le rachat à General Motors d’Opel par PSA, la question de la stratégie du groupe pour sa nouvelle filiale se pose. La marque allemande semblait avoir l’ambition de s’orienter presque exclusivement vers l’électrique et l’arrivée sur le marché de l’Opel Ampera-e aurait pu combler un vide en attendant que les nouveaux modèles électriques de PSA voient le jour. Ce scénario semble en partie remis en question. General Motors a conservé les brevets concernant l’Opel Ampera-e qui se fait attendre sur les principaux marchés européens. De plus, le patron de PSA vient de tenir des propos extrêmement sévère sur le piteux état de la R&D d’Opel après le règne de General Motors : « Il y a des gens très compétents mais l’ancien propriétaire avait chroniquement sous investi dans la firme allemande ». Du coup, le déploiement d’Opel vers l’électrique s’appuiera sur la technologie de PSA. Carlos Tavares se dit prêt à soutenir les efforts d’Opel pour se développer dans l’électrique mais il y met un bémol : « Si Opel veut un jour devenir une marque entièrement électrique, cela nous convient, à condition que cela soit rentable. »
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