Dans une lettre ouverte à l’attention d’une sénatrice, des artisans de l’automobile appellent à faire pression sur les constructeurs pour que soit rendue possible la réparation des batteries lithium-ion des voitures électriques. A la clé, la création d’emplois, mais aussi et surtout, au bénéfice des électromobiliens, la possibilité de rouler bien plus longtemps et pour un coût raisonnable, avec ces véhicules.
Intervention à réserver aux professionnels
Comme la conversion en électriques de voitures à motorisation essence ou diesel, l’intervention à des fins de réparations sur les batteries de traction est réalisée sur des éléments souvent soumis à des tensions mortelles. Même si de nombreux pionniers de la mobilité électrique ont pris l’habitude de s’y risquer avec des packs NiCd, cette opération doit être réservée à des professionnels formés, habilités et conscients du danger. C’est une condition indispensable pour faire évoluer la situation en toute confiance.
17.500 euros pour remplacer une batterie !!!
« Le remplacement de la batterie chez tous les constructeurs est facturé à un prix prohibitif. Un pack 16 kWh de Citroën C-Zero coûte 17.500 euros, un de 75 kWh chez Tesla, 4 fois plus gros, 25.000 euros. C’est trop lourd pour les automobilistes ! », plaident les signataires de la lettre ouverte que l’Avem s’est procuré. Avec de tels tarifs, les électromobiliens seront très peu nombreux à faire effectuer les travaux. « Les véhicules seront plutôt mis au rebut. Alors que la réparation, qui se limite le plus souvent au remplacement de quelques cellules, serait facturée à partir de 1.500 euros chez un artisan de l’automobile spécialisé et dûment habilité », enchaînent-ils.
Eléments remplaçables
« La batterie de traction – réservoir d’énergie des voitures électriques – a une durée de vie comprise entre 100.000 et 1 million de kilomètres. Mais cette longévité est fonction de sa capacité énergétique, de son fabricant, ainsi que de la qualité et de la date de réalisation. Les batteries d’avant 2014 ou non gérées thermiquement se dégradent plus vite », détaillent les auteurs du document. « La batterie est composée d’un ensemble de cellules et de cartes électroniques qui peuvent être remplacées de façon unitaire », assurent-ils en rappelant que ces éléments électrochimiques perdent progressivement de leur capacité au fil des ans et des kilomètres. « Le grand nombre de cellules en parfait état de fonctionnement, en provenance de véhicules accidentés ou de retour garantie, suffirait à alimenter le marché de la réparation », expliquent-ils.
Véritable coup de boost pour les énergies renouvelables
« Quand la capacité d’une batterie n’est plus suffisante pour permettre un usage normal du véhicule, elle peut avoir une seconde vie d’au minimum 10 ans comme station de stockage d’énergie », rappellent les professionnels à l’origine de l’appel. « Pour mémoire : les batteries stationnaires sont indispensables à tout projet de production électrique obtenue des énergies renouvelables, en particulier d’origine éolienne et solaire », développent-ils. Quand une batterie est jugée hors-service par les constructeurs, elle est pourtant riche de cellules encore utilisables. Beaucoup de celles récupérées après un accident ou un retour de garantie, et qui ne pourraient pas servir à la réparation des packs des voitures électriques, fonctionneraient des années pour le stockage d’énergie.
Les constructeurs imposent leur destruction
« Les constructeurs automobiles s’assurent de la non remise sur le marché des batteries récupérées en imposant, contractuellement, aux recycleurs, de les détruire, soit en les brûlant, soit en les décomposant. Et ceci en parfaite contradiction avec la raison d’être des voitures électriques : Développer une mobilité plus douce pour l’environnement et économe en matières premières », se désolent les auteurs du courrier. « La fabrication et le recyclage des cellules demandent beaucoup de ressources, de matériel, d’énergie. Il est dommage d’en imposer leur destruction bien avant leur fin de vie. C’est une aberration écologique et économique », insistent-ils.
Seule possibilité abordable : La réparation
« La réparation, hors réseau constructeur, est la seule possibilité abordable offerte aux automobilistes consommateurs pour conserver son véhicule électrique en état de fonctionnement au-delà de la période de garantie », justifient les professionnels mobilisés. « La longévité d’une voiture électrique est de plusieurs dizaines d’années, seuls les essuie-glaces et les pneus sont considérés comme pièces d’usure. De façon globale, le développement des véhicules électriques nécessite moins d’emplois (production, réparation et entretien). Il est aussi une chance d’en créer de nouveaux », résument-ils. « Comme avec le rétrofit (conversion en électriques de véhicules essence et diesel), la réparation des batteries est génératrice de postes dans des spécialités automobiles qui ne demandent qu’à se développer », concluent-ils.
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