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Interview – Greenovia – La qualité de l’écosystème : clé de la réussite du véhicule électrique Rédigé par - le 23 Fév 2012 à 00:00 0 commentaires

Vanessa Chocteau dirige Greenovia, une filiale du Groupe La Poste fondée en 2011 spécialisée dans la gestion de flotte. Celle-ci revient sur sa participation aux 1ères Assises Nationales des infrastructures de recharge et sur les rôles et missions du Groupe La Poste et de Greenovia dans la promotion et le développement de la mobilité électrique…

Pourquoi La Poste a voulu créer Greenovia ?

En fait, La Poste dispose d’une flotte d’une taille relativement conséquente avec plus de 50.000 véhicules. Si j’ajoute les vélos à assistance électrique et les vélos classiques des facteurs, cela représente plus de 100.000 véhicules. Le Groupe dispose donc d’un savoir-faire important en matière de gestion, de pilotage et d’optimisation de véhicules.

Plus récemment, La Poste, qui a toujours vu dans le véhicule électrique un moyen de transport parfaitement adapté à ses usages, a piloté toute une démarche de structuration de la demande à travers le groupement de commandes VE en réunissant 19 grandes entreprises privées/publiques et la centrale des achats publics représentant les besoins des collectivités. Là encore, le Groupe La Poste a joué un rôle pour fédérer et définir un cahier des charges en fonction des usages.

Ce sont ces savoir-faire qui nous sont demandés au niveau externe par des entreprises, des collectivités qui souhaitent être accompagnées, aiguillées et aujourd’hui se posent beaucoup de questions vue la pléthore des offres et l’arrivée massive de véhicules hybrides et électriques.

Quels types de conseils leur délivrez-vous ?

Nous avons deux types de conseil.

Soit nous sommes en accompagnement très opérationnel, très pragmatique, notamment pour introduire des véhicules décarbonés dans la flotte : Jusqu’à quel niveau puis-je en intégrer ? Est-ce pertinent par rapport à mes usages et à mes besoins ?

Nous sommes également sur le volet du management de cette flotte. Il y a certes le levier technique mais aussi le levier comportemental en agissant sur la conduite souple, avec l’éco-conduite, où encore le levier organisationnel où est revue la façon de faire les choses, d’opérer la maintenance, d’acheter… On peut donc effectuer une « remise à plat » pour avoir un optimum à la fois économique, environnemental et dans le même temps une bonne acceptabilité du personnel.

Vous avez 4 principaux champs d’expertise ?

Tout à fait. Sur cet accompagnement opérationnel nous sommes souvent en phase de diagnostic poussé au niveau du parc et de la façon dont il est utilisé dans l’entreprise soit en interviewant les personnes, soit en regardant les livres de compte, soit en observant cette flotte.

Nous avons également la phase de conseil où nous allons regarder le « possible », les solutions par rapport à ce diagnostic poussé.

Nous pouvons intervenir plus loin dans une phase de conception, de benchmark : trouver les solutions qui pourraient être intéressantes pour le client. Charge à ce dernier de se décider.

Enfin, nous pouvons aller jusqu’à l’accompagnement pour le déploiement qui peut, par exemple, prendre la forme d’un protocole ou d’une charte de bonne pratique.

Pour son activité, notamment la distribution du courrier, La Poste utilise de plus en plus de véhicules électriques ?

Le Groupe La Poste a une politique très active d’acquisition de véhicules électriques. A l’issu du groupement de commandes, et même dès le début, le PDG du Groupe La Poste, Jean-Paul Bailly, s’est engagé à commander et à acquérir 10.000 VE pour les facteurs.

Les facteurs, ce sont 60.000 tournées de distribution, 10.000 tournées de collecte, 6 jours sur 7 et énormément de kilomètres parcourus. Pour autant, les trajets par tournée sont relativement courts et donc particulièrement appropriés aux véhicules électriques. Par ailleurs, le facteur s’arrête facilement 200 à 250 fois par tournée. Le véhicule électrique présente donc l’avantage, par rapport à un véhicule thermique, d’être moins consommateur et énergivore au redémarrage.

Pour les utilisateurs, il y a t-il un temps nécessaire d’adaptation pour changer les habitudes, notamment concernant le bruit ?

Ce temps est préparé bien en amont : le Groupe La Poste a mis en place un système de prise en main du véhicule qui s’apparente à une formation rapide. Cela se fait très naturellement, avec une belle appropriation du véhicule et une très bonne acceptation.

Effectivement, il peut y avoir une appréhension concernant le bruit car les utilisateurs en entendent parler. Pour autant, dès lors de l’essai, ils sont globalement très satisfaits car ils se rendent compte qu’ils seront plus attentifs à la conduite grâce à ce silence.

Quels sont, selon vous, les freins qui pourraient limiter l’essor du VE ? A contrario, quels sont les facteurs qui pourraient jouer un rôle d’effet de levier ?

Les freins traditionnels concernent le coût et les craintes vis-à-vis de l’autonomie. On compare souvent le VE à un véhicule thermique. Or, nous ne sommes pas sur les mêmes usages et ne pouvons pas demander au VE d’être un véhicule polyvalent qui peut vous permettre de traverser toute la France.

Il faut donc bien se poser cette question « d’usage » et ce frein peut être facilement levé. Et pour se poser cette question d’usage, il faut, et c’est un levier, qu’un écosystème se mette en place.

Il faut à la fois rencontrer les bons usages, trouver la bonne technologie, s’assurer que les infrastructures de recharge et de maintenance soient présentes et s’assurer que les personnes l’acceptent sans remettre en cause l’organisation et sans mauvais impacts (dégradation de l’empreinte environnementale, surcoût pour l’utilisateur…).

Il est donc nécessaire que de nombreuses briques s’emboitent correctement ?

Exactement, il y a cette nécessité d’intégration mais surtout d’impulsion. La technologie est là, les acteurs (constructeurs, installateurs d’infrastructures, équipementiers, fournisseurs d’énergies…) sont mobilisés.

Toutes les briques sont donc présentes mais ce qui fera la force du système et permettra au VE de s’intégrer correctement dans les écosystèmes déjà en place c’est qu’il y ait une synergie qui s’opère et une bonne interopérabilité. Il faut que donc que ce soit simple pour l’utilisateur. De même, les entités, notamment les collectivités capables d’offrir cette intégration et cette impulsion, joueront un rôle essentiel.

Est-ce que le coût du VE peut constituer un frein à son développement ?

Cela a été un frein pour les grands groupes et c’est pour cela que la démarche de groupement de commandes a été mise en place : pour avoir une offre économiquement viable en adressant au marché des volumes suffisants pour faire baisser les prix de vente.

Pour autant, je pense qu’il y a effectivement un surcoût à l’achat. Mais nous raisonnons davantage en coût total global de possession pour comparer les véhicules en intégrant le prix d’achat, le prix de revente et les coûts des énergies consommées : essence, gasoil ou électricité. Une fois ces éléments mis bout à bout, on parvient à une équivalence. C’est d’ailleurs à cela qu’est arrivé le groupement de commandes en sélectionnant des offres qui affichaient des coûts complets équivalents entre véhicules thermiques et électriques.

Vous étiez grand témoin d’une table ronde concernant l’écosystème autour du VE. Quels enseignements tirez-vous de ces débats ?

Chaque personne de cette table-ronde était justement un acteur différent et apportait sa « brique » et nous voyons bien que cela existe. C’est très rassurant, il y a une volonté très affichée alors que la filière était encore balbutiante il y a 2 ou 3 ans. On constate une vraie volonté de franchir le pas et de s’orienter vers un mode industriel et de s’insérer dans une offre mobilité/transport.

Je tiens également à souligner l’intervention de la « puissance invitante », l’association AVEM, et la Ville de Nice qui ont une vraie volonté de changer la mobilité pour offrir au territoire une mobilité repensée, plus acceptable et moins polluante…

Selon vous, le développement du VE va s’accélérer prochainement ?

Je pense que nous sommes effectivement bien partis pour qu’il y ait un effet d’entrainement avec ce qui passe aujourd’hui.

Cela va venir avec l’exemplarité des grandes flottes. Dès lors que les déploiements prévus suite au groupement de commandes vont arriver il y aura normalement une logique d’entrainement pour les plus petites entreprises qui auront envie de s’équiper. Progressivement cela aura aussi valeur de preuve et d’exemple pour les particuliers…

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