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Du renouvelable pour ma voiture électrique Rédigé par Philippe Schwoerer le 18 Déc 2014 à 00:00 0 commentaires

Emissions

Nombre de détracteurs de l’électromobilité appuient d’abord leurs discours sur le fait que la voiture électrique serait polluante et génératrice de CO2, parfois bien plus qu’un véhicule thermique. En France, ils l’associent, sans concession, au nucléaire et à ses problématiques. Le dossier est complexe, et, encore une fois, un seul article ne saurait en faire le tour.

…à la fabrication…

Le problème de l’impact sur l’environnement de la voiture électrique commence avec sa fabrication. Dans un précédent article, intitulé « Voiture électrique : lithium et terres rares », nous avons déjà tordu quelque peu le cou à l’idée de dépendance des véhicules branchés à certaines ressources dont l’exploitation pose divers problèmes. Quelques constructeurs ont décidé de privilégier des modes plus vertueux pour réaliser leurs modèles : moins d’eau et de l’électricité renouvelable. Pour exemple, l’usine BMW i de Leipzig, en Allemagne, est alimentée par 4 éoliennes. Ce type d’installations, on en trouve aussi chez Honda, sur le site de Russell’s Point, dans l’Ohio, aux Etats-Unis. Et là, ce n’est pas vraiment pour produire des voitures électriques. Sur le sujet, on pressent bien que la compétition restera longtemps ouverte entre les motorisations thermiques et électriques. En théorie, l’électromobilien n’influence pas la consommation d’énergie, ni en volume ni en qualité, nécessaire à la fabrication de la voiture branchée qu’il a commandée. Sauf à choisir un modèle qui sort d’une usine alimentée renouvelable.

…et à l’usage

C’est ensuite à l’usage que la voiture électrique pèsera sur l’environnement, parfois très lourdement, d’autres, beaucoup moins. Aux 2 extrémités : le Bouthan et la Chine. Le premier produit tellement d’électricité d’origine hydraulique qu’il en exporte massivement… pour acheter le pétrole qui gave les modèles thermiques en circulation. Depuis le début de l’année, le gouvernement royal du Bhoutan travaille pour qu’à Thimphou, la capitale du pays, la mobilité des 100.000 habitants ne soit plus assurée que par de l’énergie propre. Sur le sujet, on ne peut pas faire mieux ! En Chine, en revanche, la production d’électricité est principalement assurée par des centrales au charbon. Tant que cette situation perdurera, l’impact de la voiture électrique sur l’environnement sera là-bas des plus lourds.

Avantage insuffisant ?

En France, la situation est différente. Les centrales nucléaires fournissent une part importante de notre électricité. Mais on compte aussi des installations thermiques et renouvelables. Ce qui, au final, donne tout de même un net avantage à la voiture électrique sur les modèles classiques, lorsqu’il s’agit de comparer les émissions globales à l’usage. Mais pour bien des Français, électromobiliens ou détracteurs de la voiture électrique, c’est insuffisant. Il existe pourtant des solutions pour améliorer les chiffres. Certaines naissent du choix d’une vie. D’autres sont accessibles à tous.

Moulin

Parmi les possibilités de recharger sa voiture électrique en énergie renouvelable, la plus lourde et peut-être la plus improbable à première vue, est l’achat d’une centrale hydroélectrique. Certes, on n’imagine pas systématiquement se mettre dans la peau d’un producteur de courant lorsqu’on achète une citadine branchée. Mais l’inverse est plus répandu : rouler électrique lorsqu’on demeure dans une telle installation. Il existe aujourd’hui plus d’un millier de micro centrales hydroélectriques ou moulins à remettre en route en France. Le tout représenterait largement plus d’une tranche de centrale nucléaire. Jusqu’à 150 kW de capacité de production, et à condition d’être à jour des droits d’eau, un moulin peut être redémarré sans formalités par un passionné qui pourra s’autoalimenter en électricité.

Projets citoyens

Différents projets citoyens rassemblent des populations et acteurs locaux. Ainsi le parc éolien de Béganne (56). Certes, son énergie sera rachetée par EDF et injectée dans le réseau. Ce qui n’est pas une raison pour nier les bienfaits qu’il porte en rapport avec les choix effectués par chacun des concernés. Ailleurs, avec des conditions extrêmes, des collectivités peuvent s’attacher à développer un scénario qui les rendrait autonomes : la production sur le site profite exclusivement à ceux qui y séjournent. Ainsi s’activent les habitants de l’île de Sein (29). Sauf que là-bas, vous ne trouverez pas beaucoup de véhicules en circulation.

Ombrières

Dans une moindre mesure, il existe des ombrières dont le toit, recouvert de panneaux photovoltaïques, peut alimenter en autarcie des bornes de recharge pour voitures électriques. Elles peuvent être équipées de moyens de stockage pour effectuer l’opération de nuit ou par temps voilé. Rares sont les particuliers qui pourraient s’offrir un tel système. Et pourtant des constructeurs automobiles, comme Tesla, par exemple, ont travaillé le sujet. D’autres visent une communauté de citoyens, des collectivités ou des entreprises. Lorsqu’elles sont isolées du réseau électrique, ces installations permettent de fournir une énergie 100% propre. A moins de chercher à vouloir à tout prix faire peser sur chaque kilomètre effectué l’impact en CO2 et polluants de leur construction.

Des offres vertes…

Pour nombre d’électromobiliens particuliers, rouler électrique, c’est aussi essayer de réduire le plus possible l’empreinte de ses déplacements. A leur échelle, des solutions existent aussi, qui peuvent parfois profiter aux professionnels. On oublie vite les panneaux solaires sur le toit de la voiture ou les petites éoliennes dans la calandre, en raison d’une efficacité toute relative, voire même d’un risque évident de contre-productivité pour ces dernières. Le scénario le plus rapide et le moins bouleversant est alors de s’abonner à une offre verte d’un fournisseur en énergie. Depuis celles proposées par EDF, jusqu’à devenir sociétaire de la coopérative Enercoop, il existe tout un panel de possibilités aux bénéfices très divers. A chacun de faire le bon choix selon sa sensibilité et ses priorités.

…fondues sur le réseau

Avec de telles formules, les fournisseurs qui les proposent s’engagent à vous vendre de l’électricité produite exclusivement à partir de sources d’énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie, hydraulique, etc.). Pour autant, le courant qui arrive au compteur de la maison provient du creuset commun accessible via le réseau exploité par RTE. La même électricité, en fait, que celle qui arrive chez le voisin qui n’aura pas forcément fait un choix similaire. Même si en amont c’est bien de l’électricité verte qui est ajoutée au mix énergétique.

Un choix pourtant judicieux

Pour expliquer pourquoi choisir une offre verte garde tout son intérêt, en particulier lorsqu’on veut rouler le plus proprement possible avec une voiture électrique, j’ai l’habitude d’utiliser l’image d’une cuve à boisson qui alimente tous les pichets des restaurants d’une ville. Si plusieurs fournisseurs remplissent en eau ce réservoir à mesure qu’il se vide, certains le font avec du jus de pomme, pour répondre à la demande de quelques consommateurs. Plus ils seront nombreux à le vouloir, plus la proportion de jus de pomme sera élevée dans les verres et profitera à l’ensemble des clients de tous les restaurants de la ville. Jusqu’à n’être plus que du pur jus si tous le souhaitent. Sur ce principe, en souscrivant à une offre verte, le client contribue véritablement au développement des énergies renouvelables, même si ce n’est pas uniquement elles qui alimentent ses appareils électriques. Son choix a globalement le même impact sur l’environnement que s’il recevait seul et intégralement la part renouvelable qu’il paye tous les mois.

Toit photovoltaïque

Ce principe est valable aussi pour le particulier qui a fait installer sur le toit de sa maison des panneaux photovoltaïques dont la production est revendue à EDF. Par équivalence, s’il est à l’origine d’une injection sur le réseau au moins aussi grande que la consommation de son foyer, il peut considérer qu’il dispose d’une énergie renouvelable, laquelle peut rendre encore plus vertueuse son utilisation d’une voiture électrique. CQFD !

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