En se posant hier à Hawaï, aux alentours de 18 heures heure française, Solar Impulse 2 et son pilote André Borschberg sont entrés dans la légende de l’aviation en pulvérisant le record du plus long vol en solitaire. Une prouesse technologique et un véritable défi humain réussis au cours de la plus longue étape d’un tour du monde entamé le 9 mars dernier par cet avion propulsé uniquement grâce à l’énergie solaire. Un tour du Monde, coordonné depuis le centre de contrôle basé à Monaco, qui reprendra bientôt avec pour objectif la traversée des Etats-Unis avant celle de l’Atlantique
Près de 120 heures de vol en solo
En atterrissant le 3 juillet au petit matin (heure locale) sur l’aéroport de Kalaeloa, à une trentaine de kilomètres d’Honolulu, André Borschberg a mis fin à un incroyable voyage en solitaire de 117 heures et 51 minutes qui l’a conduit, à bord de Solar Impulse 2, de Nagoya au Japon jusqu’à Hawaï, soit un périple de près de 8 200 kilomètres. Avec près de 5 jours et cinq nuits dans les airs, il a pulvérisé le précédent record mondial de vol en solitaire, établi en 2006 par Steve Fosset en 76 heures et 45 minutes. Un vol record qui s’est déroulé presque sans encombre, mais qui a eu bien du mal à obtenir le feu vert pour le décollage.
Une longue attente au Japon
Devoir parcourir plus de 8 000 km d’une seule traite à bord d’un avion fonctionnant uniquement à l’énergie solaire nécessite de rencontrer de bonnes conditions météorologiques tout au long du parcours, d’autant plus lorsqu’on traverse une zone dans laquelle il est impossible de se dérouter pour atterrir en urgence. Après une première tentative au départ de Nanjing en Chine, Solar Impulse 2 avait été contraint de se poser à Nagoya en raison de la dégradation de la météo. Il y fût cloué au sol pendant près d’un mois en attendant une fenêtre météo favorable. Celle-ci sembla se présenter le 23 juin avant que l’équipe ne renonce à la tentative au dernier moment provoquant alors une immense déception. Du coup, ce n’est que lorsqu’André Borschberg a franchi le point de non-retour dimanche que le centre de contrôle de Monaco annonça que Solar Impulse 2 était enfin reparti vers Hawaï.
Une prouesse technologique
Réussir à rejoindre Hawaï depuis le Japon sans la moindre goutte de carburant est le fruit d’une véritable prouesse technologique pour cet avion en fibre de carbone dont l’envergure des ailes atteint 72 mètres, soit plus que celle d’un Boeing 747 pour le poids d’une voiture (2 300 kg). Pour répondre à ce défi, les 80 ingénieurs de Solar Impulse et leurs partenaires, dont un adhérent de l’AVEM : ABB, ont dû mettre en œuvre des solutions révolutionnaires pour faire fonctionner de manière optimale les 17 000 cellules photovoltaïques qui alimentent en énergie renouvelable quatre moteurs électriques d’une puissance de 17,5 CV. Des cellules solaires qui, le jour, rechargent des batteries au lithium de 633 kg qui permettent à l’appareil de voler la nuit et d’avoir ainsi une autonomie quasi illimitée.
Un défi humain
Ces prouesses technologiques se doublent d’une performance humaine tout aussi remarquable. Rester aux commandes de l’avion durant 5 jours et 5 nuits dans une cabine non pressurisée de 3,8 m3, dans laquelle les températures oscillent de -40 à +40°, constitue un authentique exploit sportif, d’autant plus que durant son périple jusqu’à Hawaï, André Borschberg a dû jouer aux montagnes russes en grimpant jusqu’à 10 000 d’altitude pour recharger ses batteries dans la journée, avant de redescendre pour planer et voler à plat dans la nuit, entre les nuages et deux fronts froids. Le pilote suisse a également été confronté à de fortes turbulences à 2 400 mètres d’altitude. Des conditions éprouvantes qui ont encore rajouté à la fatigue d’un vol durant lequel il devait constamment rester en alerte, ne pouvant s’octroyer que quelques siestes de 20 minutes maximum. Pourtant, après avoir donné des signes d’inquiétude la veille de l’arrivée, André Borschberg est apparu plutôt en bonne forme à sa descente d’avion.
Le tour du Monde continue pour Solar Impulse 2
Si cette étape entre Nagoya et Hawaï restera à jamais dans l’histoire avec ce record du vol le plus long en solitaire, l’aventure continue pour Solar Impulse 2 qui va poursuivre son tour du monde. Dans quelques jours, Bertrand Piccard, l’initiateur du projet Solar Impulse qui alterne aux commandes de l’avion avec André Borschberg, s’envolera à priori pour Phoenix en Arizona, première étape dans le survol des Etats-Unis. Après, ce sera le départ pour la traversée de l’Atlantique en direction de l’Europe du Sud ou de l’Afrique du Nord, avant le retour final vers Abu Dhabi, le point de départ de ce fantastique tour du Monde de 35 000 kilomètres auquel Solar Impulse 2 s’est attaqué pour promouvoir l’usage des énergies renouvelables. Un objectif d’ores et déjà atteint.
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