Dynamisés et mobilisés par le récent lancement de Hydrogen Mobility Europe (H2ME), projet européen le plus vaste pour promouvoir la propulsion électrique alimentée à l’hydrogène, les 4 principaux programmes du secteur, Mobilité Hydrogène France, Scandinavian Hydrogen Highway Partnership, UK H2 Mobility, et H2 Mobility Deutschland, s’activent à préparer le terrain. C’est dans le cadre de ce dernier que 400 stations hydrogène vont être déployées sur l’ensemble du territoire allemand à horizon 2023.
Premier réseau interrégional
Porté par ses 6 principaux acteurs – Air Liquide, Daimler, Linde, OMV, Shell et Total -, H2 Mobility s’apprête à mettre en place le premier réseau interrégional de ravitaillement en hydrogène du monde de l’automobile. Si les communiqués délivrés par les différentes parties laissent à penser qu’il s’agit là d’une nouveauté, sachez que le constructeur allemand embarqué dans l’aventure avait déjà dévoilé les grandes lignes de cette initiative dès décembre 2013. C’était à l’occasion de la livraison d’une Mercedes Classe B F-Cell à Winfried Kretschmann, ministre-président du Land du Bade-Wurtemberg. A l’époque, Herbert Kohler, vice-président de Daimler AG pour la recherche et le développement durable, avait souligné le credo de son entreprise en matière d’électromobilité : « Nous croyons dur comme fer en la mobilité électrique pour l’avenir – dans une égale mesure utilisant une batterie ou une pile à combustible ».
400 millions d’euros
La grosse différence avec décembre 2013, c’est que le programme H2 Mobility a été officiellement présenté il y a quelques jours au gouvernement allemand réuni à Berlin. Ce dernier et les principaux partenaires industriels associés ont signé un document qui les engage à investir dans l’affaire 400 millions d’euros. Un premier palier de 100 stations est prévu, sans que l’on en connaisse la date buttoir. Actuellement, une vingtaine d’installations sont déjà ouvertes à l’alimentation des véhicules particuliers qui se vendent encore au compte-goutte en Europe. Les constructeurs automobiles qui commercialisent – ou sont sur le point de le faire – des voitures électriques équipées d’une pile à combustible à hydrogène promettent de les afficher à un prix de vente similaire à celui des modèles thermiques similaires.
Blue Hydrogen
Depuis 2010, Air Liquide est partenaire de l’initiative « H2 mobility » réservée au développement d’une infrastructure hydrogène en Allemagne. Dans ce cadre, le groupe français a inauguré en 2012, à Düsseldorf, sa première station H2 destinée au grand public. Avec sa démarche Blue Hydrogen, Air Liquide s’est engagé à produire sans rejet de CO2, d’ici à 2020, au moins 50% de l’hydrogène nécessaire aux applications énergétiques. Le résultat sera obtenu en activant 3 curseurs : utilisation des énergies renouvelables pour électrolyser l’eau, reformage de biogaz, captage et stockage du CO2 émis lors de la production à partir du gaz naturel.
Préparer le terrain
Hyundai ix35 Fuel Cell, Renault Kangoo ZE H2, Toyota Mirai, Mercedes Classe B F-Cell, Volkswagen Golf SW HyMotion, Opel HydroGen, etc. : elles arrivent les voitures électriques équipées d’une pile à combustible hydrogène ! Poussées par des filières dynamiques qui comptent leur faire jouer un rôle majeur dans le développement de la mobilité électrique, elles devraient rassurer les automobilistes pour lesquels l’autonomie permise par les batteries de traction est un problème, leur préférant un rituel bien ancré, celui du passage à la pompe. Le réservoir se remplit en 3 ou 4 minutes, auxquelles il faut ajouter le temps du détour pour passer par la station. Actuellement, on compte 1 kilo d’hydrogène à environ 10 euros pour parcourir 100 kilomètres. L’affaire n’est donc pas encore rentable au prix actuel du gazole. Mais elle le deviendra avec la multiplication des modèles concernés sur les routes.
Et en France ?
La France se place davantage dans l’immobilisme jusqu’à présent au sujet de l’hydrogène. L’Allemagne, les pays nordiques, le Japon, la Californie et les états américains du nord-est font mieux. Pourtant, une directive européenne sur les carburants alternatifs fixe déjà, en impératif, une distance maximale de 300 kilomètres entre deux stations de remplissage dédiées. Plus globalement, elle impose depuis 2014 à chaque Etat membre d’établir une stratégie nationale pour leur déploiement. Au début de cette même année, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, avait rassuré la filière réunie à Albi dans le cadre des Rencontres nationales des technologies de l’hydrogène. Il avait affirmé son intention de positionner la France parmi les champions européens dans le domaine. L’hydrogène énergie figure en point central du programme « Autonomie et puissance des batteries », parmi les 34 plans de la « Nouvelle France Industrielle » présentée par le président de la République en septembre 2013.
Les ingrédients de la réussite
Pour mettre en route un scénario propice au développement en France de la mobilité à hydrogène, il faut une volonté politique forte, un programme de développement établi sur un planning à court et moyen termes, un coordonnateur national, une levée des freins réglementaires trop contraignants, la création de conditions favorables à la constitution d’un marché (levée de taxes), et des initiatives locales. C’est ce qu’avait exprimé à Lyon (69) devant un parterre de journalistes, lors de la présentation officielle de la Hyundai ix35 Fuel Cell, Philippe Boucly, vice-président de l’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac). Attention aux délais : la Commission européenne ramasse les copies en fin d’année prochaine ! Les Etats membres auront dû chacun travailler sur un plan d’actions national.
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