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Les dégâts de la pollution de l’air sur la santé Rédigé par Emmanuel MAUMON le 04 Juil 2016 à 00:00 0 commentaires

Alors que les mesures de restrictions de circulation prises par la ville de Paris viennent d’entrer en vigueur le 1er juillet, interdisant notamment l’accès à la capitale, en semaine de 8H00 à 20H00, aux voitures, essence ou diesel, immatriculées avant le 1er janvier 1997, de nouveaux travaux de l’agence nationale Santé Publique viennent opportunément rappeler les dégâts engendrés par la pollution de l’air sur la santé. Une pollution qui serait aujourd’hui la troisième cause de mortalité en France, derrière le tabac et l’alcool. De quoi inciter les pouvoirs publics à prendre des mesures pour réduire cette pollution de l’air, en favorisant notamment la mobilité électrique. Ceci d’autant plus que les études montrent que les plans d’action contre la pollution ont un réel impact positif sur la santé des citoyens.

48 000 décès par an

La pollution atmosphérique constitue bien un problème sanitaire majeur. Les travaux de l’agence Santé Publique ont en effet confirmé les ordres de grandeur de la dernière étude « Clean Air For Europe » publiée en 2005 par la Commission Européenne. Une étude qui avait estimé à plus de 40 000 morts l’impact de la pollution de l’air en France. Les chiffres de Santé Publique sont même supérieurs puisque les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (les PM2.5) seraient responsables de 48 000 décès chaque année, en pénétrant profondément dans le système respiratoire et en provoquant de nombreuses pathologies. La pollution de l’air entrainerait ainsi une perte de plus de deux ans d’espérance de vie dans les villes les plus polluées.

La pollution de l’air n’affecte pas que les grandes villes

Si les effets de la pollution de l’air sont, sans surprise, plus importants dans les grandes villes, ils touchent néanmoins également les villes de moindre importance. Ainsi, si dans les villes de plus de 100 000 habitants, la perte d’espérance de vie du fait des PM2.5 est en moyenne de 15 mois, elle s’élève à 10 mois dans les villes de 2 000 à 100 000 habitants. Même les zones rurales ne sont pas épargnées puisque 800 000 personnes résidant dans des communes rurales sont exposées à des valeurs dépassant en moyenne 14 µg/m3. Globalement, plus de 47 millions de personnes en France sont soumises à une concentration moyenne annuelle de particules fines PM2.5 dépassant la valeur guide de l’OMS, soit 10 µg/m3.

Les pics de pollutions pèsent moins que l’exposition chronique

Les travaux de l’agence Santé Publique, menés sur 17 villes en France afin de calculer la part des pics de pollution dans les effets sur la santé, montrent que les pics de pollution ont un impact marginal et pèsent bien moins que l’exposition chronique. Les effets sur la santé de la pollution atmosphérique résultent surtout de l’exposition quotidienne et dans la durée aux polluants. Ainsi pour Sylvia Médina, coordinatrice du programme Air et Santé, « même à des niveaux peu élevés, les particules fines ont des effets inflammatoires et contribuent au développement de maladies chroniques. Plus de 80% des morts et des hospitalisations pour cause cardiaque attribuables à la pollution de l’air sont associés à des niveaux journaliers de PM10 inférieurs au seuil réglementaire d’alerte, durant les pics de pollution de 80 µg/m3 d’air ».

L’impact positif des plans d’action contre la pollution de l’air

Si la seule lutte contre les effets des pics de pollution s’avère donc insuffisante, les différents travaux de l’agence Santé Publique mettent tout de même en exergue l’impact positif des plans d’action pour l’amélioration de la qualité de l’air. Les résultats montrent que les scénarios les plus ambitieux de baisse des niveaux de pollution engendrent des bénéfices importants pour la santé. Ainsi, 34 000 décès pourraient être évités chaque année si l’ensemble des communes parvenait à atteindre les niveaux de particules fines observés dans les 5% des communes les moins polluées. Pour atteindre cet objectif, de nombreuses mesures sont envisageables comme la modification de la composition des carburants ; la mise en place de péages urbains ou de restrictions de circulation ; l’incitation à la pratique du vélo ou à la mobilité électrique. Des mesures qui auront des conséquences bénéfiques sur la santé publique, notamment en termes de mortalité, d’espérance de vie ou de prévalence des maladies respiratoires et cardiovasculaires. Une bonne raison pour s’engager résolument dans cette voie, même si certaines de ces mesures sont contraignantes.

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