Anne Quéméré fait partie de ses navigatrices et navigateurs qui mettent à profit leurs exploits pour attirer l’attention sur quelques causes, et en particulier les défis environnementaux à relever d’urgence. Sur son site Web, en annonçant son projet pour 2017 de franchir le passage qui relie le Pacifique à l’Atlantique à travers les îles arctiques du grand Nord Canadien, elle relève que le réchauffement climatique ne semble pas être un problème pour tous. Son embarcation, conçue à partir d’une coque qui a déjà vécu sous ses efforts, sera propulsée par un moteur électrique alimenté par des panneaux photovoltaïques.
Le goût des défis en solitaire
Environ 5.000 kilomètres du 26 décembre 2002 au 21 février 2003 pour traverser l’Atlantique à l’aviron des Canaries aux Antilles, 6.450 km l’année d’après dans l’Atlantique Nord pour rejoindre sa région natale bretonne depuis Cape Cod aux Etats-Unis à nouveau à la force des bras, 6.700 km en 2006 de New-York à Douarnenez (29) en kiteboat tracté par un cerf-volant, 7.000 km encore en 2011 avec le même type d’embarcation pour relier la Polynésie française à Lima (Pérou), deux tentatives de traversée du passage du Nord-Ouest en kayak, et encore bien d’autres aventures en équipes : Anne Quéméré a décidément le goût de multiplier les odysées en testant différents engins. Pour franchir le passage qui relie le Pacifique à l’Atlantique à travers les îles arctiques du grand Nord Canadien, elle a fait son choix : un bateau propulsé à l’énergie solaire.
Le moteur est arrivé
Dans son édition du soir datée du 22 septembre dernier, le quotidien Ouest-France se fait l’écho de la prochaine aventure poursuivie par Anne Quéméré : 3.500 kilomètres en autonomie totale entre les îles arctiques du Canada. La navigatrice commente son futur périple : « le faire à bord d’un bateau qui utilise une énergie renouvelable, cela signifie quelque chose pour moi ». Son embarcation devrait recevoir 12 ou 13 m2 de panneaux solaires, qui fourniront l’énergie au moteur électrique 5 CV Torqueedo tout juste reçu : une puissance jugée suffisante pour « affronter les glaces et autres bancs de sable mouvants du grand Nord ». Une batterie de stockage complète la chaîne de propulsion qui pourra encore évoluer avant le départ. Pour réussir son nouveau défi, Anne Quéméré a choisi de se reposer sur l’expérience du Centre suisse d’électronique et de microtechnique. Pour rappel, le Cesm a travaillé sur l’avion solaire Solar impulse de Bertrand Piccard, avant son tour du monde.
Au cours du bref été Arctique
Sur son site, Anne Quéméré explique son nouveau projet : « Ce périple, impressionnant par son échelle mais minimaliste par ses moyens, ne peut s’entreprendre qu’au cours du bref été arctique, entre les mois de juillet et de septembre, lorsque la fonte des glaces ouvre momentanément une voie entre la Mer de Beaufort et le Détroit de Lancaster. S’il nécessite une préparation minutieuse ainsi qu’une organisation à toute épreuve, le voyage n’en reste pas moins très hasardeux car seules l’embâcle et la débâcle ainsi que les caprices d’une météo très instable cadencent le parcours et décident du chemin à emprunter pendant de longues semaines ». Voyant dans son nouveau périple « une aventure humaine qui navigue entre émerveillements et déconvenues, quiétude et périls », elle précise : « Au départ de Tuktoyaktuk, petit village Inuvialuit installé sur les rives de la Mer de Beaufort, dans les Territoires du Nord-Ouest canadien, le parcours d’environ 3.500 kilomètres (2.00 milles nautiques) est avant tout une expédition ambitieuse et sans concession. Dans ces régions isolées en effet, la moindre erreur peut être fatale. Il faut donc savoir saisir chaque opportunité, analyser méticuleusement chaque fenêtre météo, profiter ce qui se présente tout en acceptant les imprévus qui surviennent immanquablement dans cet univers en perpétuel mouvement ».
Réchauffement climatique
Portant une très grande attention à l’évolution du plancton (« le poumon de la planète »), Anne Quéméré souhaite aussi porter un éclairage particulier sur ceux qui espèrent tirer du profit du réchauffement climatique grâce à la fonte des glaces. Elle accuse : « Le réchauffement climatique n’est pas une catastrophe pour tous, en particulier dans les pays du Grand Nord. Russie, Canada, Etats-Unis, Norvège et Danemark ont déjà commencé à fourbir leurs stratégies de développement et à faire part de leurs prétentions ». Pour exemples, elle cite : « Dès août 2007, deux bathyscaphes russes plantent un drapeau au pôle Nord, à 4.261 mètres sous la banquise, tandis qu’en 2009 le Canada annonce avoir réalisé une cartographie complète des richesses pétrolières, gazières et minières de l’Arctique ». En plus de créer de nouvelles terres potentiellement cultivables, le phénomène ouvre une nouvelle voie au trafic maritime entre l’Asie et l’Europe. « En empruntant ce passage, la distance Londres-Tokyo, par exemple, passe de 23.300 km, via le canal de Panama, ou 21.200 km, via celui de Suez, à 15.700 km ».
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