En marge de la signature de la convention d’itinérance du maillage Brev’Car pour laquelle il avait fait le déplacement lundi dernier, 5 décembre 2016, nous avons rencontré Bruno Lebrun, président de Gireve. C’était l’occasion de faire un rapide point sur l’avance prise par l’interopérabilité en France, mais aussi de recueillir la confirmation d’une information de nature à réjouir nombre d’électromobiliens qui militent pour cela : le règlement, par carte bancaire, de la recharge des batteries des véhicules électriques et hybrides rechargeables, devrait prochainement se généraliser en France, dès la transposition à notre législation d’un décret qui va l’imposer.
Gireve
Est-il encore utile de présenter en détail le rôle de Gireve, le Groupement pour l’itinérance des recharges électriques de véhicules. Afin de faciliter les déplacements à longues distances en voitures branchées, Gireve est une plateforme désormais incontournable en France à laquelle chacun des opérateurs de recharge est appelé à adhérer. Ceci, pour que leurs abonnés respectifs puisse exploiter avec un unique badge le vaste maillage composé des différents réseaux ainsi raccordés. « Moins l’électromobilien entend parler de nous, mieux c’est ! », a l’habitude de lancer Bruno Lebrun lors de ses interventions publiques. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’action de son groupement doit être la plus transparente possible à ceux qui roulent en voitures électriques. « Nous sommes un acteur qui n’a pas de lien direct avec l’utilisateur final », illustre le président de Gireve. « L’interopérabilité, ça fonctionne, ça se déploie : ce n’est plus un concept », affirme-t-il. Il poursuit : « Idéalement, il faut que la notion d’interopérabilité disparaisse des esprits pour qu’elle soit simplement vécue au quotidien, comme c’est désormais le cas avec les téléphones portables ».
Interopérabilité
Retirer de l’argent à un distributeur aux couleurs de la Poste est possible quand on dispose d’une carte bancaire d’une autre banque ; joindre le portable d’un abonné SFR à partir d’un numéro délivré par Orange ne pose plus de problème particulier : dans deux ans, très vraisemblablement, la très grande majorité des réseaux en bornes de recharge seront accessibles avec les badges délivrés par chacun de leurs opérateurs. Si, aujourd’hui, pour traverser la France, un utilisateur de voiture électrique doit multiplier les adhésions et gonfler son portefeuille d’un jeu de cartes multicolore, grâce à l’action de Gireve une seule d’entre elles suffira demain à la réalisation d’un même parcours. Un seul badge, et un seul abonnement ! « Deux ans, pour une interopérabilité quasiment totale des réseaux de recharge actifs en France est un délai de mise en œuvre naturel », reconnaît Bruno Lebrun. « Il n’y a pas d’obstacles majeurs pour la développer, mais beaucoup d’acteurs différents à associer », plaide-t-il.
Etat des bornes et réservation de la recharge
Quand l’interopérabilité des réseaux bancaires et de téléphonie mobile se contente respectivement de permettre de retirer de l’argent dans les GAB de toutes les agences et de joindre son correspondant quel que soit l’opérateur auprès duquel il est engagé, le rôle de Gireve dans le service en toute transparence aux électromobiliens va plus loin. Au référencement exhaustif des points de recharge, s’ajoute encore, et entre autres, les possibilités de connaître l’état de fonctionnement des bornes et d’en réserver l’usage sur une plage horaire.
Toute la Bretagne est interopérable
« Grâce à la signature de la convention avec le SDE22, toute la Bretagne est interopérable en matière de recharge des véhicules électriques et hybrides rechargeables », se réjouit Bruno Lebrun. « Tous les départements bretons ont signé avec Gireve ; le premier à le faire étant le Morbihan, en juin 2015 », détaille-t-il. « Avec les Côtes-d’Armor, ce sont désormais 26 conventions qui ont été signées à ce jour », précise le président de Gireve qui rappelle que c’est avec la Vendée, et plus précisément son syndicat de l’énergie, le SyDEV, que la première a été validée.
Une démarche à expliquer en amont
Est-ce une collectivité ou un syndicat de l’énergie qui prend contact avec Gireve, ou le groupement qui s’adresse à eux de lui-même ? Les deux scénarios coexistent. « Lorsque nous abordons le sujet de l’interopérabilité avec eux, nous rencontrons une dynamique très positive de leur part », certifie Bruno Lebrun. « Nous expliquons la démarche suffisamment en amont pour que l’interopérabilité soit prise en compte au moment de faire des choix qui permettent de l’inclure au réseau », précise-t-il. Un exemple : les bornes doivent être communicantes. Quand un électromobilien arrivera devant l’une d’elles avec un badge différent de celui distribué par l’opérateur qui la gère, un dialogue s’établira entre les différents acteurs, plaçant la plateforme Gireve au milieu. Le temps de réponse pour valider l’opération de charge prendra juste quelques secondes de plus.
Les déserts de la recharge
Bruno Lebrun ne souhaite pas polémiquer sur les territoires qui n’ont pas encore engagé le déploiement d’un réseau de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables. Il sait pertinemment que pour certains d’entre eux, ce n’est pas le manque de volonté des acteurs en première ligne qui fait défaut, mais bien un certain nombre de freins, parfois activés en plein élan. Le SDE22, par l’intermédiaire de son président Jean Gaubert, a expliqué lundi dernier, 5 décembre 2016, les contraintes auxquels il a dû faire face (voir notre article à ce sujet) pour le maillage Brev’Car. Difficile de dire aujourd’hui si, dans un an, par exemple, tous les départements français seront pourvus en stations de recharge. Mais on peut estimer, qu’à fin 2018, l’Hexagone sera relativement bien couvert.
Règlement de la charge par carte bancaire
A la lecture des forums, webzines et blogs dédiés VE, nombre d’électromobiliens souhaiteraient pouvoir simplement payer avec une carte bancaire la recharge aux bornes. L’Avem a souhaité recueillir l’avis de Bruno Lebrun à ce sujet. « Selon un texte européen de 2014 qui sera tout prochainement transposé en un décret applicable en France, l’opération de recharge d’une voiture électrique ou hybride rechargeable depuis toute borne en accès public, même installée dans un espace privé, devra pouvoir être réglée par carte bancaire », répond-il. « Le coût d’un lecteur de carte et de l’adhésion au service bancaire associé est dissuasif si on raisonne au niveau d’une borne ; ce serait différent si le matériel en gérait une dizaine », évalue le président de Gireve. Le décret, qui imposera déjà l’interopérabilité en exigeant que les bornes soient exploitables avec un abonnement souscrit auprès de n’importe lequel des opérateurs de recharge actifs en France, exigera que le matériel soit en mesure d’accepter un paiement direct, à l’acte, par carte bancaire. Ainsi, les électromobiliens pourraient utiliser les stations de ravitaillement dédiées aux VE sans autre badge que leur moyen habituel de règlement, ni adhésion auprès d’un opérateur de recharge.
Autant d’applications à télécharger que de réseaux à exploiter
Pratique, mais sans doute pas la meilleure des situations, puisqu’on perd ainsi des facilités de services, parmi lesquelles la réservation des bornes. « Le texte ne précise pas la forme du système de paiement par carte bancaire », remarque notre interviewé. Dans la plupart des cas, il s’agira sans doute d’une application smartphone à utiliser à chaque recharge. Vraisemblablement en vigueur courant 2017, le décret pourrait bien rendre obsolète un certain nombre d’installations, qui devront être communicantes pour répondre aux nouvelles exigences. Le président de Gireve prévient toutefois : « Le paiement direct a l’apparence de la simplicité mais ne le sera pas vraiment car il y aura autant d’implémentations que d’opérateurs… A chaque réseau il faudra télécharger une App différente : Je vous laisse imaginer la simplicité d’usage ! ».
Nota bene : L’Avem précise que lors de ses entretiens, seuls les passages entre guillemets traduisent des citations de ses interlocuteurs. Le texte en caractères droits est de l’ordre de la présentation ou transmet des informations à la connaissance du rédacteur de l’article, parfois après recherche et enquête de sa part. Cette précision a pour objectif que nos lecteurs n’accordent pas aux interviewés des propos qui ne sont pas les leurs.
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