Les voitures électriques sont devenues l’enjeu n°1 pour les dirigeants du secteur automobile. C’est du moins ce qui ressort de la 18ème étude annuelle que vient de publier le cabinet d’audit et de conseils KPMG. Une étude réalisée après avoir interrogé près de 1000 dirigeants de constructeurs, d’équipementiers et de distributeurs dans le monde entier. Des responsables qui, pour plus de la moitié d’entre eux, considèrent que le développement des véhicules électriques à batteries sera la principale tendance à l’horizon 2025. Si cette tendance parait inéluctable, la montée en puissance des véhicules électriques sera lente et les moteurs thermiques ont encore de beaux jours devant eux même si le diesel apparait menacé et sera la première technologie à disparaître du portefeuille des constructeurs selon plus de la moitié du panel interrogé. Pour les remplacer progressivement, outre les voitures électriques à batterie, le secteur automobile mise aussi sur les véhicules à pile à combustible et le développement de la filière hydrogène représente un autre enjeu pour les constructeurs.
Une progression spectaculaire
L’émergence de la voiture électrique comme priorité numéro un du secteur automobile est spectaculaire puisqu’en 2015 cette priorité n’apparaissait qu’au neuvième rang dans l’étude réalisée cette année-là par KPMG. Suite au scandale du Dieselgate, la pression des régulateurs sur les questions d’environnement est devenue très forte pour les constructeurs automobiles qui doivent réagir et s’adapter rapidement à une réglementation changeante. « En 2016, le véhicule électrique apparait pour cette raison en tête des priorités, devant d’autres enjeux à plus long terme comme la connectivité et la digitalisation, qui demandent des compétences nouvelles et plus éloignées des enjeux traditionnels du secteur » estime Laurent des Places, Associé KPMG, Responsable du secteur automobile en France. Pratiquement tous les constructeurs travaillent aujourd’hui sur de futurs modèles électriques dont bon nombre seront commercialisés à l’horizon 2020. Des modèles qui couvriront tout le spectre de l’automobile, de la petite citadine urbaine à la voiture de luxe aux performances sportives exceptionnelles.
Les nuances françaises
A noter qu’en France, la voiture électrique n’arrive qu’au troisième rang des priorités, l’enjeu numéro un des dirigeants du secteur restant celui de la connectivité et de la digitalisation, tandis que l’enjeu lié au véhicule autonome apparait en seconde position. D’ailleurs, parmi les technologies ayant le potentiel de changer le visage de l’automobile, la conduite autonome occupe la première place. Une évolution qui n’est pas sans conséquence pour le secteur car, dès lors que le véhicule se conduit seul, la technologie perd un peu de son importance au détriment de l’utilisation du temps à bord du véhicule, et comment de nouveaux revenus peuvent être générés via de nouveaux services. Ainsi, 85% des dirigeants estiment que l’écosystème autour de la voiture pourra à terme générer des revenus supérieurs à la vente du véhicule lui-même. Pour 71% des dirigeants, mesurer les parts de marché en nombre de véhicules vendus deviendra un critère obsolète, et plus des trois quarts d’entre eux estiment qu’un seul véhicule connecté pourra générer sur sa durée de vie des revenus supérieurs à 10 véhicules non connectés.
Une lente montée en puissance
Si les voitures électriques représentent aujourd’hui un enjeu majeur pour les constructeurs, elles ne constituent pas encore un marché de masse et la montée en puissance de leurs ventes ne sera que lente et progressive. 76% des dirigeants du monde automobile considèrent que le moteur traditionnel restera plus important que le moteur électrique durant encore une période très longue et 62% estiment même que le véhicule à batterie demeurera encore un marché de niche pendant des années, notamment en raison des infrastructures de recharge. Pour eux, ce n’est pas tant le manque de bornes qui pose problème, mais la multiplication des standards et le temps de recharge. Attendre entre 25 et 45 minutes pour refaire le plein constitue un handicap majeur, d’où l’intérêt qu’ils portent à la pile à combustible (faire le plein d’une voiture à hydrogène dure moins de 5 minutes), en qui 78% d’entre eux voient une solution d’avenir pour assurer le développement de la propulsion électrique.
Les voitures à hydrogène : un autre enjeu
Les voitures à pile à combustible constituent donc un autre enjeu majeur pour le secteur et figurent d’ailleurs au troisième rang du classement des tendances à l’horizon 2025, suivant ainsi la même progression spectaculaire que les voitures électriques à batterie puisqu’elles ne se positionnaient qu’au dixième rang de l’étude 2015. Mais pour que les voitures à hydrogène est une chance de s’imposer sur le marché, des investissements considérables sont nécessaires sur l’ensemble des infrastructures de la filière. Les constructeurs automobiles comme BMW, Daimler, Honda, Hyundai et bien sûr Toyota qui fait figure de pionnier avec sa Mirai, en ont bien conscience et, réunis au sein du « Hydrogen Council » avec quelques géants mondiaux de l’énergie et de l’industrie, ils viennent de lancer lors du sommet de Davos une initiative globale pour partager leur vision et ambition pour l’hydrogène comme accélérateur de la transition énergétique. Un appel aux gouvernements pour collaborer avec eux pour accélérer le déploiement des infrastructures nécessaires au développement de la filière. S’ils sont entendus, la voiture à hydrogène aura alors un avenir radieux.
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