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Smoove en pole position sur le marché du Vélib’ Rédigé par Emmanuel MAUMON le 05 Avr 2017 à 00:00 0 commentaires

Smoove, une PME montpelliéraine de 38 salariés est sur le point de damer le pion à JCDecaux qui réalise un chiffre d’affaires de 3,4 milliards d’euros et emploie 12 850 personnes. Pour le marché du nouveau Vélib’ qui s’étalera sur quinze ans, le syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole a en effet confirmé avoir classé en tête son offre devant celle de l’exploitant historique du Vélib’’ parisien. Une décision qui doit encore être confirmée le 12 avril par la Comité syndical qui suit l’avis de la Commission d’appels d’offres dans plus de neuf cas sur dix. Si le succès de Smoove s’apparenterait à celui de David contre Goliath, la société fondée en 2008 par Laurent Mercat s’est tout de même adossée au groupe espagnol de transports public Moventia et au géant des parkings Indigo pour formuler son offre qui est sur le point de remporter le marché grâce à des coûts moins élevés, un matériel innovant et des vélos électriques.

30% de vélos électriques

Pour ce nouveau contrat portant sur près de 1 500 stations et plus de 20 000 vélos, 30% d’entre eux seront des Vélos à Assistance Electrique. Un impératif car le périmètre du Vélib’ s’étendra pour s’ouvrir progressivement à l’ensemble des communes de la Métropole du Grand Paris et les VAE permettront aux usagers de parcourir aisément de plus longues distances. Contrairement au système présenté par JCDecaux avec lequel les utilisateurs devaient emporter les batteries amovibles qui se glissent dans le bidon des VAE pour les recharger à domicile, les vélos e-bike de Smoove intègrent la batterie dans le tube principal du cadre et la recharge se fera à partir du potelet des stations. Par ailleurs, Smoove est en train d’installer à Moscou des VAE qui intègrent un GPS pour les repérer en cas de vol. Le vol, une des plaies actuelles du Vélib’ avec le vandalisme puisque l’on estime que 70 à 100% des Vélib’ seraient changés chaque année, ce qui fait exploser les coûts d’exploitation.

Des Vélib’ plus légers, connectés et inviolables

Pour lutter contre les vols, les vélos fournis par Smoove disposent d’ailleurs d’un système d’attache beaucoup plus fiable, avec des écrous anti-vandalisme spécifiques censés protéger tous les équipements du vélo contre le vol. Un système inviolable, même avec un pied-de-biche ou une tronçonneuse selon Laurent Mercat, le PDG de Smoove. Si elle est finalement retenue, Smoove proposera également des vélos beaucoup plus légers que les actuels Vélib’ qui pèsent près de 22 kilos. Des vélos qui seront aussi plus modernes et innovants. Ils disposeront notamment d’un boitier électronique nommé « Smoove Box » qui permet un accès direct et rapide au vélo, sans clé, ni totem. Un boitier qui rend aussi le vélo connecté grâce à son lecteur RFID/NFC pour lire les cartes sans contact des abonnés au service, son clavier piézo-électrique pour saisir les codes d’accès d’usagers occasionnels ou naviguer dans leurs choix, ainsi que son écran pour guider les usagers et afficher les distances parcourues ou les temps de location.

Smoove : petit mais déjà très présent à l’étranger

Si la probable attribution du marché du Vélib’ à Smoove peut paraître une surprise, la société basée dans l’Hérault n’en est pas à son coup d’essai sur le marché des vélos en libre-service. Elle s’est tout d’abord développée en France en fournissant des vélos, des stations et son système d’exploitation à différents opérateurs comme à Nice avec Vélo Bleu, à Montpellier avec Vélomagg’ ou à Strasbourg avec Vélhop. Smoove s’est ensuite rapidement tournée vers l’international, enregistrant quelques beaux succès comme à Moscou où elle gère près de 3 500 vélos répartis sur 150 stations. S’il se confirme, le succès parisien lui fera changer d’échelle puisque le contrat est estimé à près d’un milliard d’euros sur quinze ans. Il lui faudra nécessairement recruter pour assurer l’exploitation du service et la question de la reprise ou non des 315 salariés actuels de Vélib’ se pose déjà avec acuité, même si une clause de reprise de plein droit des équipes par le nouvel exploitant ne figure pas dans le marché.

JCDecaux fera-t-il de la résistance ?

JCDecaux ne se prive d’ailleurs pas de jouer sur cet aspect du dossier en accusant son concurrent d’avoir obtenu les faveurs du syndicat mixte Autolib’ Vélib’, uniquement grâce à du dumping social avec l’utilisation de nouvelles équipes inexpérimentées, moins nombreuses et à des conditions sociales et salariales dégradées. Il est probable que JCDecaux va tenter de faire de la résistance contre la décision des représentants de la Métropole du Grand Paris, si elle se confirmait. Le groupe a d’ailleurs une expérience dans ce domaine puisqu’en 2006, il était parvenu à faire annuler pour défaut de procédure le premier appel d’offres du Vélib’ remporté par le britannique Clear Channel. Une annulation qui lui avait permis de formuler une nouvelle offre grâce à laquelle il avait finalement obtenu le marché. Un marché qu’il n’abandonnera sans doute pas sans combattre jusqu’au bout. Espérons que les parisiens, qui ont largement adopté le Vélib’ qui compte aujourd’hui plus de 300 000 utilisateurs, ne seront pas les premières victimes de cette bataille qui s’annoncent, et qu’ils pourront au contraire bénéficier d’un service amélioré à compter du 1er janvier 2018.

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