Ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin a annoncé jeudi dernier, 28 septembre 2017, que sera supprimée dans 4 mois la prime de l’Etat de 200 euros pour l’achat d’un vélo à assistance électrique. En procédant de la sorte, le gouvernement n’oublie-t-il pas un peu vite que nombre de VAE sont achetés pour se rendre de chez soi jusqu’à son travail, en remplacement de l’usage d’une voiture individuelle ?
Disparition programmée
Ni les fabricants, importateurs, revendeurs, utilisateurs de vélos à assistance électrique, ni les associations de promotion de l’électromobilité ne pouvaient s’attendre à ce que disparaisse la prime de 200 euros accordée par l’Etat à l’acquisition d’un VAE. Il s’agit d’un signe très négatif sur un marché qui, jusque-là, était florissant ! Et ce, bien avant la mise en place du dispositif. Espérons seulement que la décision gouvernementale ne vienne pas le freiner trop brutalement. Non pas dans les 4 prochains mois, où, au contraire, il devrait être dopé justement par l’annonce de sa disparition. Mais ensuite, quand justement ceux qui avaient pris leur décision d’investir dans un VAE ou étaient prêts à le faire se seront dépêchés pour profiter de la mesure en sursis, et que ceux insuffisamment motivés pour le faire réfléchiront ensuite à plusieurs fois avant de signer le chèque ou le bon de commande.
Collectivités
Selon Gérald Darmanin, ce ne serait pas à l’Etat mais aux collectivités de subventionner l’acquisition des vélos à assistance électrique. Pourquoi ? Pas assez visibles ? Pas assez bruyants ? Annoncer la fin de cette mesure fait tâche alors qu’à une poignée de jours près, Paris organisait sa journée sans voitures ! Cette dernière opération visait justement à encourager le report modal vers les vélos, et en particulier les modèles à assistance électrique. Pour rappel, une étude BMA réalisée sur la période 2012-2016 a mis au jour qu’une personne sur deux ayant expérimenté le VAE en a pérennisé l’usage pour ses déplacements quotidiens. Bien sûr, des collectivités proposaient, proposent encore, et/ou proposeront demain des aides plus locales à l’achat de tels vélos. Mais toutes ne sont pas prêtes à la faire. Et ce, pour diverses raisons, parfois uniquement d’équilibre budgétaire sur des territoires qui connaissent peu les ralentissements de circulation ou des problèmes de pollution récurrents. En outre, certaines conditions d’obtention fixées par les communes et communautés de communes, notamment concernant le niveau des revenus du foyer, rendaient quasiment incontournable le scénario soutenu jusque-là par l’Etat.
250.000 VAE
A l’heure où le ministère de la Transition écologique et solidaire agite l’accord de Paris pour justifier un certain nombre de mesures prises par le gouvernement, comment comprendre la suppression d’une aide qui, mieux que de remplacer une voiture thermique par son équivalent électrique, permet d’alléger le trafic dans les rues de milliers de véhicules à 4 roues en les échangeant par des deux-roues bien plus doux pour l’environnement et la santé publique ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 250.000 VAE ont été acquis depuis l’hiver dernier en bénéficiant de la prime d’Etat. Combien de voitures diesel ou à essence restent-elles au garage grâce à cela ? Pour comparaison, depuis son institution en avril 2015, la prime de conversion pour la mise à l’écart d’un vieux modèle alimenté au gazole n’a été délivrée qu’environ 19.000 fois. En supprimant l’enveloppe de 200 euros accordée à l’acquisition d’un vélo à assistance électrique, l’Etat semble montrer qu’il ne juge pas crédible de considérer qu’un VAE puisse remplacer véritablement dans les foyers une voiture, de surcroît parmi les plus polluantes. C’est pourtant bien ce qui se pratique souvent, et ce vers quoi nombre de défenseurs de la mobilité durable souhaitent tendre !
La fin de la prime donne naissance à une autre ?
Comment ne pas rapprocher la disparition de la prime à l’acquisition d’un vélo à assistance électrique avec cette énigmatique case du tableau présenté en support de l’évolution de la prime à la conversion dans le dossier de presse émis le 19 septembre dernier par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Dans notre article sur le sujet (voir ici), nous évoquions « une disposition jetée un peu là en attendant que des contours plus précis soient définis ». De quoi s’agit-il ? Une prime, a priori accordée en se débarrassant d’une vieille camionnette ou d’une ancienne voiture particulière thermique, serait versée à hauteur de 100 euros, dans la limite de 27% du prix du véhicule, pour l’achat d’un engin neuf motorisé électriquement à 2 ou 3 roues, ou encore d’un quadricycle. Pour les ménages non imposables, cette aide serait même augmentée de 1.000 euros.
Couac ou stratégie de communication
Ce qui peut aussi surprendre dans l’annonce de la suspension de la prime de 200 euros distribuée encore pour 4 mois en achetant un vélo à assistance électrique, c’est que ce soit Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics qui en soit l’instrument, et non Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. Bien sûr, un tel dispositif concerne les 2 portefeuilles. Mais jusqu’à présent, c’est bien l’ancien animateur d’émissions télévisées qui prenait la parole pour se prononcer sur les aides gravitant autour de la mobilité et du développement durables. Alors : refus de celui-ci de porter une mauvaise nouvelle dont il cerne les conséquences négatives sur la feuille de route qu’il souhaiterait suivre, ou institution d’un binôme saint Nicolas – père Fouettard revisité ?
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !