L’Ademe justifie la mise à jour de son scénario énergie–climat pour la période 2035–2050 par les objectifs ambitieux du Plan Climat lancé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, qui confirment et intensifient la stratégie volontariste de la France pour la transition énergétique. L’agence s’aligne sur les révisions de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie. Nous nous intéressons ici aux projections de la demande énergétique en rapport avec la mobilité et les transports.
Démographie et PIB
Le scénario de l’Ademe a été basé sur différentes prévisions d’évolution qui tiennent compte du vieillissement de la population. Tout d’abord, la courbe du produit intérieur brut, qui devrait connaître un taux de croissance annuel moyen de 1,5, 1,4, 1,7 et 1,7% pour les périodes respectives de 2010 à 2020, 2020-2030, 2030-2035 et 2035-2050. La population augmentera alors chaque année, selon ces mêmes intervalles, de 0,5, 0,4, 0,3 et 0,2%. Enfin, le nombre des ménages progressera de 0,9, 0,7, 0,4 et 0,4%. Cette croissance va nécessairement impacter les besoins dans l’Hexagone, en particulier en énergie, à tous les niveaux : habitat et organisation urbaine ; mobilité et transport ; alimentation, agriculture et utilisation des sols ; industrie, procédés industriels et construction.
Mobilité des personnes : Evolutions des habitudes…
En matière de mobilité des personnes, l’Ademe rappelle, qu’aujourd’hui encore, la voiture reste la règle, « que ce soit pour les déplacements urbains, périurbains ou de longue distance ». Tout en étant inexploité 95% du temps, chaque voiture parcourt toujours davantage de kilomètres chaque année (13.000 km pour 2016 contre 12.770 en 2010), le plus souvent avec une seule personne à bord. L’agence rapporte toutefois une certaine évolution bien réelle des comportements. Le covoiturage se développe : 6 milliards de voyageurs-km pour les déplacements moyenne distance domicile-travail (10% des trajets de ce type) ; 3,5 milliards de voyageurs-km pour les déplacements personnels de longue distance (2 -3%). « L’autopartage, encore relativement marginal en France, connaît une forte croissance dans certaines villes (100.000 abonnés Autolib à Paris). Les modes actifs (marche et vélo) sont également en progression, tout particulièrement en milieu urbain et périurbain », recense l’Ademe.
…des besoins en énergie…
Avec les progrès technologiques, l’Ademe note une diminution de la consommation globale en carburant de 1% par an entre 2011 et 2016 « qui devrait se poursuivre, puisque la consommation moyenne des voitures neuves n’a cessé de baisser ». Ce qui joue en faveur de moindres émissions de CO2 (110, 92, et 46 grammes par kilomètre, respectivement pour les modèles essence ou diesel, hybrides simples, et rechargeables). L’organisme a enregistré le repli marqué du marché du diesel (52% des ventes en 2016, contre 72% en 2010), ainsi que la progression des véhicules électriques (1,1% des ventes aux particuliers et 1,4% des utilitaires), et des hybrides rechargeables (0,4% des véhicules particuliers).
…des modes de déplacements…
Selon le scénario envisagé par l’Ademe, la mobilité des personnes serait d’abord contenue, puis baisserait respectivement de 17% et 24% en 2035 et 2050, en raison de la progression du télétravail, du vieillissement de la population, ainsi que de l’aménagement du territoire qui permettrait une meilleure organisation urbaine. En parallèle, l’agence s’attend à une progression du covoiturage qui optimise le remplissage des voitures, au déploiement des services de mobilité (véhicules électriques disponibles en libre-service, en particulier), au report modal sur les modes doux (vélo) et les transports en commun (rail et route).
…et du parc roulant
L’Ademe envisage à l’horizon 2035 une transformation profonde du parc des véhicules particuliers qui passe par le développement des ventes des modèles équipés de nouvelles motorisations : hybrides rechargeables, électriques (surtout achetés par les professionnels et déployés pour offrir des services de mobilité), alimentation au GNV. « Cette évolution rapide des ventes permet de réduire à 60% la part de véhicules thermiques à cet horizon. Cette tendance se poursuit au-delà et aboutit à ce que ces nouvelles motorisations représentent 98% du parc en 2050 », estime l’organisme. Alors qu’en 2010 les ventes de voitures particulières neuves se répartissaient en 56% de motorisation diesel et 44% essence, les prévisions 2050 sont toutes autres : 38% d’hybrides rechargeables, 32% alimentées au GNV et 30 d’électriques. Les émissions moyennes de CO2 chuteraient de 130 à 49 grammes par kilomètre. « La transformation du parc de bus et de cars, à 100% diesel en 2010, s’opère aussi, avec une progression rapide des véhicules fonctionnant aux carburants gazeux (29% des ventes de bus en 2030, 86% en 2050, et 100% des cars dès 2030), et dans une moindre mesure des véhicules électriques (5% des bus en 2030, 14% en 2050) », prévoit l’Ademe dans son scénario.
Transport des marchandises
Crise et faible évolution du PIB expliquent, selon l’Ademe, que « la croissance du transport de marchandise s’est atténuée depuis le début des années 2000 par rapport à la croissance générale de l’activité et des échanges ». Que dit le scénario envisagé par l’organisme concernant cette tendance à la stabilisation ? Qu’elle se prolongerait en dépit de l’hypothèse d’une poursuite de la reprise économique. « Le transport de marchandises progresse ainsi toujours avec l’activité, mais de moins en moins », commente l’agence qui table sur « des restructurations logistiques importantes et une évolution de la demande, permettant une plus grande adéquation des lieux de production et lieux de consommation ». Un report modal serait assuré par « la gestion et le développement du réseau ferroviaire, des voies fluviales et maritimes intérieures » qui répondraient à l’horizon 2050 pour près d’un tiers aux besoins en transport de marchandises. « Les poids lourds restent en dehors des villes et déposent leurs marchandises dans des centres logistiques qui les acheminent ensuite dans les centres urbains par des véhicules plus légers », anticipe l’Ademe.
Energies exploitées
Entre 2010 et 2050, le report vers de nouvelles sources d’énergie pour le transport des marchandises est quasiment aussi radical que pour la mobilité des personnes. Les motorisations diesel et essence occupent presque tout le terrain en 2010, avec respectivement des parts de 71 et 21%, contre 3 et 5% pour l’électricité et les biocarburants liquides. En 2050, on aurait une toute autre répartition : 0% pour l’essence, 1% pour le gazole, 35% pour l’électricité, 48% pour le gaz (y compris les biogaz), et 16% pour les biocarburants liquides.
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