Les consommateurs, dont les automobilistes en particulier, ainsi que l’industrie exploitant le pétrole comme source d’énergie, sont-ils responsables du dérèglement climatique ? C’est en tout cas ce que prétend l’avocat d’affaire Theodore Boutrous qui dégage en revanche ses clients pétroliers de toute responsabilité dans l’histoire.
Tribunal fédéral
C’est dans un article daté de jeudi 22 mars dernier, et intitulé « Chevron’s lawyer, speaking for major oil companies, says climate change is real and it’s your fault » (L’avocat de Chevron, s’exprimant au nom des grandes compagnies pétrolières, affirme que le changement climatique est réel et que c’est de votre faute »), que le média Web The Verge a mis au jour cette prise de position qui, à plus d’un titre, devrait exaspérer bon nombre de consommateurs, dont les automobilistes en particulier. Se rangeant à l’avis du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les principales compagnies pétrolières, – parmi lesquelles Chevron, ExxonMobil, Shell et BP -, par la voix de leur avocat, ont indiqué, lors d’une récente audience devant un tribunal fédéral à San Francisco (Etats-Unis) qu’il était « extrêmement probable » que l’activité humaine soit la cause principale du réchauffement climatique depuis le milieu du XXe siècle. Mais ces entreprises estiment qu’elles ne peuvent être poursuivies pour cela. Cette affaire n’en est d’ailleurs pas au stade d’un procès, mais à celui d’une confrontation d’arguments, après une plainte déposée à l’encontre des compagnies pétrolières accusées de « promouvoir l’utilisation massive de combustibles fossiles en trompant le public sur le réchauffement climatique par la mise en avant d’incertitudes sur la science en climatologie ».
Le rapport du Giec pris à témoin
Pour exonérer les compagnies pétrolières de la responsabilité du phénomène, Maître Boutrous cite tout simplement à la barre le dernier rapport du Giec. Il s’appuie sur le fait que le document ne met jamais en cause « l’extraction ou la production de pétrole » dans les émissions de CO2, mais bien « l’activité économique » qui brûle les combustibles fossiles. C’est cette dernière qui « détermine la demande de carburant qui conduit aux émissions », justifie-t-il. En exergue, The Verge établi un parallèle avec l’industrie du tabac qui avait en son temps choisi pour défense : « Nous faisons juste des cigarettes, les gens choisissent de fumer ! ». L’avocat américain est sans doute plus crédible quand il plaide que le changement climatique « est un problème mondial qui nécessite une action mondiale ». Un argument qui lui permet de rejeter l’idée d’un procès civil qui ciblerait précisément les compagnies pétrolières. Pour expliquer que ces dernières n’ont pas modifié leur comportement pendant des années, le professionnel du barreau s’appuie sur la « lente » progressivité dans la communication du Giec qui, en 1995, indiquait que « la balance des preuves suggérait » le changement climatique causé par l’homme, pour passer en 2007 à l’expression « très probable », puis « extrêmement probable » en 2013. Cette affaire montre dès à présent qu’elle serait une des stratégies de défense employées par les compagnies pétrolières, et autres entreprises industrielles, pour ne pas avoir à répondre d’une quelconque responsabilité dans le dérèglement climatique.
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