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RTL prédit la faillite de Tesla dans moins d’un an Rédigé par Philippe Schwoerer le 03 Avr 2018 à 00:00 0 commentaires

Dans son édito intitulé « Tesla est menacé par la sortie de route financière », François Lenglet s’appuie sur les prévisions d’un analyste pour envisager très sérieusement « l’effondrement financier et la faillite avant un an » de Tesla, avec, comme prolongement le plus probable, « d’être racheté pour pas grand chose par un grand groupe ».

La vie d’une entreprise

Que la presse ou les analystes financiers tirent la sonnette d’alarme concernant la santé de Tesla n’est pas une nouveauté. Si le titre a été introduit avec succès à la bourse de New York en juin 2010, les premiers problèmes d’incendie rencontrés sur des Model S, en 2013, on fait subir le plongeon aux actions. A l’époque, Elon Musk avait réagi très rapidement et avec une très grande crédibilité, calmant à la fois l’agence de sécurité routière américaine (NHTSA), les investisseurs, les propriétaires de cette berline familiale survoltée d’exception, la presse et le grand public. La confiance est vite revenue, et les projets d’avenir, aussi bien pour la Gigafactory de batteries lithium-ion, que pour les Model X et la plus accessible Model 3, assuraient une voie royale vers un développement tout tracé de l’entreprise.

Fragilité financière

Toutefois, les analystes boursiers ont pris l’habitude de pointer de plus en plus fréquemment une fragilité financière rendant incertain ce scénario, avec l’impression d’une dissipation de l’attention du patron de Tesla au profit de ses autres entreprises. Ainsi SpaceX qui enchaîne sous le succès les décollages de fusées Falcon avec, une innovation majeure dans le domaine, le recyclage de leurs divers éléments. Hyperloop promet de rejoindre en 2h30 New York depuis Paris. Restent encore ces tunnels anti-bouchons à patins électriques présentée il y a tout juste 1 an par The Boring Company, une autre entreprise lancée par Elon Musk. Ce dernier se fait omniprésent sur tous les fronts qui impliquent les nouvelles technologies, créant des sociétés à la croissance fulgurante. Sauf que les investisseurs veulent bien prendre des risques, potentiellement importants, s’ils s’accompagnent de perspectives alléchantes de revenus. En empilant les projets chez Tesla, la rémunération des associés est toujours davantage repoussée.

Bulle spéculative ?

Sur RTL, François Lenglet n’hésite pas à parler « d’un phénomène de bulle spéculative déclenché par le talent de Musk, le design des voitures très séduisant et les performances technologiques des véhicules, en particulier dans l’autonomie ». L’éditorialiste jette sur le devant de la scène une certaine usure de cet équilibre, en partie portée par les retards successifs de production. On peut y ajouter sans doute un agacement de plus en plus ressenti sur les marchés boursiers, face à un comportement que l’on peut parfois qualifier de désinvolte du patron de Tesla. Ainsi ce poisson d’avril à travers lequel il a annoncé la faillite de son entreprise. Les investisseurs semblent ne pas avoir apprécié. S’il a été possible de comparer, à son lancement, la Model S, avec la Citroën DS présentée au Grand Palais en 1955, Elon Musk devrait méditer le sort qu’a connu en 1934 André Citroën. Lui aussi se moquait des milieux financiers et poursuivait des projets d’envergure qui ont fini par fragiliser son entreprise et inquiéter les créanciers et investisseurs. Il n’aura suffi que d’un petit fournisseur de volants faisant protester sa créance pour provoquer le plongeon de l’empire Citroën. Un simple petit grain de sable et tout s’enchaîne ! Avec son gag, le patron de Tesla a joué imprudemment avec le feu, une nouvelle fois !

-30%

« La bourse, au lieu de regarder l’avenir, regarde le présent, c’est-à-dire les pertes et la dette », indique François Lenglet sur RTL. Il rappelle que cette dernière a été de « 4 milliards de dollars sur la seule année dernière ». Là où Elon Musk s’amuse avec la réputation financière de son entreprise, les investisseurs attendent des raisons concrètes de continuer le jeu de la confiance. Or, actuellement, ce sont plutôt celles de douter qui s’accumulent : les retards importants à la production, le récent accident mortel en Californie impliquant l’Autopilot, le rappel de 123.000 Model S fabriquées avant 2016 à cause d’un problème de corrosion sur certains boulons qui pourrait entraîner un dysfonctionnement de la direction assistée, la concurrence qui s’organise en effaçant l’avance de Tesla dans la mobilité électrique, etc. Bilan : le titre a perdu environ 30% par rapport à son niveau le plus haut enregistré sur une période de 6 mois. Jusqu’à présent, l’action s’est toujours relevée de telles chutes. Est-ce que ce sera à nouveau le cas cette fois-ci ? Peut-être ! Mais à la suivante, ou à celle d’après ?

250.000 Tesla

François Lenglet chiffre à 250.000 la production Tesla depuis sa création. Un cumul particulièrement conséquent dans le milieu des véhicules électriques, mais que l’éditorialiste minimise sans doute trop rapidement en le comparant à ceux enregistrés par d’autres constructeurs, dont Toyota et ses 1,5 million de voitures hybrides vendues depuis l’apparition de la Prius. Sauf que cette technologie, le constructeur japonais la défend depuis 1997, soit 15 ans avant la commercialisation des Model S. « Elon Musk met en avant la performance, mais la réalité, c’est que c’est très peu », peut-on lire ou entendre sur RTL. Oui au regard des 10 millions de voitures vendues par an par les plus grands constructeurs, mais non si l’on compare avec les immatriculations des modèles thermiques équivalents produits par les mêmes marques. Cette appréciation n’est cependant qu’un détail face à la crise que traverse Tesla et dont Elon Musk semble ne pas vouloir tenir compte.

Peut-on imaginer l’avenir électrique sans Tesla ?

L’éditorialiste sur RTL évoque un rachat par un grand groupe. Pourquoi pas ? Après tout, Michelin a bien permis à l’aventure Citroën de continuer, et pas a minima ! Toutefois, l’Avem et nombre d’électromobiliens ne souhaitent pas de la liquidation d’une entreprise qui a eu et continue à avoir un rôle majeur dans l’actuel développement mondial de la mobilité électrique. Tesla a incarné la réponse au mépris affiché par certains constructeurs pour cette technologie, et en particulier face à General Motors et au gâchis géant des EV1, au début des années 2000. Le maillage des territoires en superchargeurs est un exemple à bien des niveaux de ce qu’il convient de faire dans le domaine des IRVE : des installations en suffisance pour effectuer de longues distances, avec des recharges qui s’effectuent tout en profitant de la proximité de multiples propositions d’activité. Si l’on ne peut qu’espérer un nouveau redressement du titre Tesla, il conviendrait qu’il soit accompagné d’une attitude plus pragmatique et responsable d’Elon Musk. Le temps peut jouer en faveur de la pérennité de l’entreprise, mais la précipitation dans les projets et le traitement avec négligence des investisseurs pourraient bien être la cause de sa perte !

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