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Moins de cobalt, moins chère, plus d’énergie avec les batteries eLNO Rédigé par Philippe Schwoerer le 17 Juil 2018 à 00:00 0 commentaires

Le groupe Johnson Matthey, – spécialisé en produits chimiques -, mise sur sa propre recette afin de prendre le train de la mobilité électrique. Sa batterie eLNO, à teneur réduite en cobalt, serait dotée de nombreux avantages qui pourrait la rendre incontournable dans les véhicules électriques d’ici quelques années. L’entreprise vient de démarrer les travaux d’une première usine de production du matériau maison qui devrait être opérationnelle en 2021 ou 2022. Ce démonstrateur, qui se dressera à Clitheroe, au Royaume-Uni, fournirait 1.000 tonnes par an de ce produit qui permettrait de se passer de cobalt à la cathode. Les informations communiquées par Johnson Matthey sont cependant encore trop chiches pour se réjouir pleinement de cette annonce.

Matériau sous tension

Rapport Cyclope, étude « Time to recharge » d’Amnesty international, etc. : les documents s’empilent qui cherchent à tirer le signal d’alarme sur le développement des véhicules électriques du fait de la présence de cobalt dans leurs batteries de traction. La proportion n’est pas très élevée dans les accumulateurs, – de l’ordre de 5-6% le plus souvent -, mais cela a suffi pour provoquer une véritable envolée des cours depuis 2017. En mai 2018, nous indiquions dans notre article consacré au Rapport Cyclope que la tonne de cobalt était vendue l’équivalent de 77.000 euros (cours du 16 mai). Seulement et exactement 2 mois, plus tard, à la cotation du 16 juillet 2018, ce sont désormais 87.855 euros qu’il faudrait aligner pour le même volume, soit 14% de progression en 60 jours !

Cher cobalt

On comprend que Johnson Matthey justifie le développement de sa nouvelle batterie par le prix élevé sur le cobalt et l’incertitude qui entoure son évolution. Si l’on ajoute à cela l’instabilité politique du principal pays producteur (la république démocratique du Congo), l’impact environnemental de l’extraction du cobalt, et les droits humains qu’elle bafoue, – notamment en raison des enfants exploités à cette tâche -, l’annonce du groupe spécialisé en produits chimiques a de quoi retenir largement notre attention. Pour autant, ce dernier ne communique pas d’éléments qui pourraient nous permettre d’effectuer des comparaisons entre ce produit baptisé eLNO (ou lithium-oxyde de nickel amélioré) et le cobalt. Ni même sur la proportion gagnée en nickel dans ses batteries de traction. Signe, très certainement, que sa solution n’est pas encore stabilisée ! Toujours est-il que Johnson Matthey a annoncé fin mai dernier consacrer 200 millions de livres (226 millions d’euros) à sa conversion vers la mobilité électrique. Et les investisseurs semblent suivre, si l’on en croit le frémissement à la hausse de la cotation de l’action qui se porte bien. Jusqu’à présent, pour la mobilité, le groupe était principalement connu des constructeurs en automobiles par ses technologies permettant de réduire les émissions des véhicules diesel et à essence.

Meilleure densité énergétique

L’amélioration de la densité énergétique permise par les batteries eLNO n’est pas toujours renversante. Selon les chiffres fournis par Johnson Matthey en septembre 2017, le gain est de 10-15% par rapport aux accumulateurs lithium NCA (nickel, cobalt, oxyde d’aluminium) et, respectivement, de 5-10% et 20-25%, pour les cellules lithium NMC811 et NMC622 (nickel, oxyde de manganèse, cobalt). Mais pour un coût réduit (de combien ?), avec des matériaux dont les prix devraient se montrer moins volatils. Les bénéfices de cette technologie eLNO ne s’arrêtent pas là. Selon le groupe, la sécurité d’utilisation, le nombre de cycles de décharge/recharge, et la puissance disponible à basse température sont également améliorés, plus ou moins selon la technologie à laquelle est comparée celle poussée par Johnson Matthey. En bref, cette dernière se montrerait au minimum égale, mais le plus souvent supérieure à tous les niveaux. Et ce, sans aucune régression d’utilisation, assurent les développeurs. Au final, les batteries eLNO pourraient bien prendre de belles longueurs d’avance sur celles actuellement montées dans les véhicules électriques produits actuellement.

Diversité

Nous ne saurons sans doute que dans quelques années si la solution avancée aujourd’hui par Johnson Matthey est viable et véritable exploitable dans la mobilité électrique. Les annonces diverses et sans suite autour de la mobilité électrique, et plus généralement de la mobilité durable, ont été très nombreuses ces dernières années. Cependant une chose est sûre : l’avenir est à la pluralité des solutions qui permettra des reports éventuels sur une ou plusieurs technologies en cas de blocage ici ou là. Cette diversité est également le gage d’une concurrence entre les filières qui amènera à pousser toutes les technologies au maximum de leurs possibilités. Le prix des batteries a été divisé par 5 entre 2010 et 2017. Ce n’est pas fini !

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