Le journal Les Echos a fait sa Une lundi sur les start-up qui se ruent sur l’eldorado électrique. La montée en puissance du véhicule électrique pourrait bien en effet redistribuer les cartes dans l’industrie automobile lors des prochaines années. Même si des incertitudes demeurent dans à sa rentabilité à moyen terme, le succès de Tesla suscite bien des convoitises et de nombreuses start-up, plus particulièrement en Californie et en Chine, comptent bien suivre les traces de la firme dirigée par Elon Musk pour se faire une place au soleil dans le monde de l’automobile. Mais, comme le souligne Patrick Pélata (ex numéro 2 de Renault jusqu’en 2012) dans Les Echos, créer un nouveau constructeur c’est compliqué et les besoins en personnel sont énormes. Pour y parvenir, le ticket d’entrée est estimé à un milliard de dollars (500 millions pour développer un véhicule et autant pour l’usine). Dès lors, les besoins en capitaux de ces start-up sont considérables et, après avoir fait les yeux doux à des fonds d’investissement, elles n’hésitent pas à se tourner aujourd’hui vers la bourse. L’accueil qui leur est réservé n’est pas toujours à la hauteur de leurs espérances, d’autant plus que nombre d’analystes financiers pointent le risque de la création d’une bulle menaçant d’éclater à tout moment. Focus sur quatre de ces start-up qui partent à l’assaut de Wall-Street mais dont le pari est encore loin d’être gagné.
Une envolée du cours de bourse pour Nio
Fondée en 2014 par William Li, Nio est basée en Chine à Shanghai mais a aussi des bureaux en Californie à San José pour le développement des logiciels, à Munich pour le design et à Londres où se trouve le siège de son équipe de Formula E qui sera encore au départ de la saison 2018-2019 avec une voiture de seconde génération. Outre cette voiture et une supercar ébouriffante (l’EP9) qui affole les compteurs sur circuit, Nio est l’un des rares start-up émergeante du monde de l’électrique à avoir déjà des modèles en circulation. Depuis le mois de juin, elle commercialise en effet sur le marché chinois l’ES8, un long SUV électrique capable d’embarquer 7 personnes. Bien que déjà soutenue par des colosses technologiques chinois comme Tencent et Baidu, ainsi que par des fonds d’investissement tels que Baillie Gifford déjà présent dans le capital de Tesla, Nio vient aussi d’être introduite en bourse à Wall Street. En pleine tempête déclenchée par les déclarations d’Elon Musk, cette introduction n’a pas permis d’atteindre l’objectif initial qui était fixé à 1,8 milliards de dollars, mais a tout de même permis de lever 1 milliard de dollars pour financer son développement. De plus, si le titre Nio a été chahuté lors de la première séance, le cours de bourse s’est ensuite envolé pour une capitalisation boursière en hausse de un milliard de dollars en un mois.
Byton se prépare à une introduction en bourse
Jeune constructeur de véhicules électriques haut de gamme, Byton envisage aussi une introduction en bourse pour financer sa croissance. Pourtant l’entreprise fondée par deux anciens de BMW (Carsten Breitfeld et Daniel Kirchert) a déjà bénéficié du soutien du constructeur automobile chinois FAW Group qui a injecté près de 260 millions de dollars dans la start-up, ainsi que du fournisseur de batteries CATL. Mais l’activité de Byton, qui a commencé à bâtir son usine à Nankin, nécessite visiblement beaucoup de capitaux puisque, avant d’envisager une introduction en bourse, elle va chercher à réaliser une autre levée de fonds auprès d’investisseurs privés. Ces fonds doivent permettre à Byton de poursuivre le développement d’un concept-car présenté lors du dernier CES de Las Vegas et qu’il espère voir entrer en production en 2019 pour alimenter dans un premier temps le marché chinois. Un SUV électrique qui fait la part belle au numérique, avec notamment un spectaculaire écran qui coure tout le long de la planche de bord en venant compléter un autre écran directement intégré dans le volant. Ce SUV devrait être déclinée en deux versions dont une haut de gamme bénéficiant d’un système « dual motors » avec quatre roues motrices. Deux moteurs d’une puissance totale de 350 kW alimentés par une batterie d’une capacité énergétique de 95 kWh donnant au véhicule une autonomie de près de 520 km.
Des capitaux saoudiens pour Lucid
Pas d’introduction en bourse programmée pour l’instant pour Lucid mais il faut dire que la start-up californienne vient de bénéficier d’une levée de fonds conséquente puisque le fond souverain saoudien PIF vient d’investit un milliard de dollars dans la société. De quoi relancer le développement de la Lucid Air, une berline de luxe dont le prototype a été présenté la semaine dernière à Riyad. Avant l’arrivée des saoudiens dans le capital, les dirigeants de Lucid avait du lever le pied et décaler la sortie de leur véhicule qui devrait plutôt faire son apparition sur les routes en 2020. L’argent injecté par PIF permettra notamment d’entamer la construction d’une usine en Arizona qui devrait à terme employer près de 2 000 personnes. La Lucid Air, qui compte bien faire de l’ombre à Tesla, promet d’être un must de la voiture électrique susceptible notamment de séduire les technophiles. Dans sa version haut de gamme, elle sera équipée de deux moteurs électriques d’une puissance de 1 000 chevaux, ce qui laisse présager des accélérations fulgurantes. Des moteurs alimentés par une batterie de 130 kWh procurant une autonomie d’environ 600 km.
Restrictions budgétaires et incertitudes pour Faraday Future
Si le projet de Lucid parait relancé, celui de Faraday Future rencontre bien des difficultés, preuve que le chemin pour devenir un constructeur automobile est loin d’être un long fleuve tranquille. Des difficultés financières qui ont contraint le constructeur californien à baisser de 20% le salaire de ses employés et à engager un vaste plan de licenciements. Pourtant, fondée en 2014 par le milliardaire chinois Jia Yueting, Faraday Future s’est longtemps affiché comme le principal rival de Tesla. En janvier 2017, le constructeur faisait encore le show au CES de Las Vegas en présentant sa première voiture destinée à être produite en série la FF 91 dont les réservations étaient même déjà ouvertes. Pourtant les rumeurs sur la solidité financière de la société, alimentées par les problèmes de son actionnaire majoritaire qui se trouvait à court de liquidités pour financer tous ses projets, laissaient planer quelques doutes sur la mise en route de la production de la FF 91. Depuis, de nouveaux actionnaires sont entrés dans le capital de la société, notamment le fond Evergrande Health qui devait investir 2 milliards de dollars dans le groupe. Mais un montant décliné en plusieurs versements dont certains tardent apparemment à arriver, ce qui place aujourd’hui Faraday Future au bord du gouffre. L’avenir nous dira si la FF 91 qui, bardée de capteurs et dotée d’une bonne dose d’intelligence artificielle, semblait prête pour la conduite autonome, pourra voir le jour ou ne restera qu’un beau projet sans lendemain.
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