C’est le mode opératoire de la startup américaine qui agace les élus en charge des territoires et de la mobilité. Les trottinettes électriques sont déployées sans l’accord préalable des collectivités, pourtant obligatoire pour occuper l’espace public.
D’abord à Paris
Opérateur américain de location libre-service free floating de vélos et trottinettes électriques, Lime a choisi de s’implanter en France en commençant par équiper Paris de sa solution de mobilité douce, en juin dernier. Le développement de cette activité, également portée par d’autres opérateurs comme Bird et Bolt, semble davantage poser dans la capitale un problème de civisme et de prudence de la part des utilisateurs qu’un manque de concertation avec les autorités en charge de la mobilité dans la capitale. Fort de son succès parisien, Lime a donc décidé de s’implanter sur d’autres territoires français.
Toulouse (31)
A Toulouse, les trottinettes électriques aux couleurs blanches et vertes de l’opérateur Lime sont arrivées dans les rues en nombre, – environ 200 exemplaires -, en date du samedi 20 octobre 2018. Si les médias locaux avaient pu relayer l’événement, c’est qu’ils avaient été prévenus, par un courrier électronique faisant office de communiqué de presse, … la veille ! Du côté de la mairie, en revanche, il semble que l’art de communiquer de façon minimaliste par la startup n’est pas passée. Et ce, d’autant plus que la collectivité souhaite que les opérateurs de mobilité privés respectent une charte qui prévoit, entre autres, que le déploiement des engins se fasse de façon progressive, et qu’il y ait sur place du personnel auquel s’adresser en cas de problème.
Autorisation… et licence
Rechignant dans un premier temps à répondre positivement aux injonctions de Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire de Toulouse, et notamment en charge des transports sur le territoire, Lime a finalement débarrassé les rues de la ville de ses trottinettes électriques, pas plus de 3 jours après les y avoir déposées. A la date du mardi 13 novembre, les petits engins n’ont pas refait leur apparition dans la cité toulousaine. Le problème de Lime et autres startups ne serait-il pas finalement de se soumettre aux règles commerciales, et notamment au paiement d’une licence d’exploitation ? « Tout le monde paie lorsqu’il y a occupation de l’espace public, c’est le cas pour les terrasses ou les étals, ce sera aussi le cas pour les trottinettes électriques », avait rappelé Jean-Michel Lattes, qui comptait bien faire respecter les règles, quitte à exercer des poursuites judiciaires.
Bordeaux (33)
Bis et repetita à Bordeaux, où, là non plus, le scénario d’implantation déroulé par Lime ne semble pas avoir respecté la procédure attendue par les élus, et notamment Alain Juppé. L’hostilité du maire de la préfecture girondine aux trottinettes électriques trouve son origine dans les problèmes créés lors de leur utilisation, notamment sur les trottoirs, compliquant l’évolution des piétons. Au Figaro, Alain Juppé avait commenté avec le franc parlé qui le caractérise : « Aujourd’hui, quand une entreprise arrive et met des trottinettes sur le trottoir et que je lui dis ‘Attention, moi, je ne suis pas d’accord, il faut qu’on en parle !’, ils me font un bras d’honneur et ils continuent ». Si les engins sont restés plus longtemps sur les trottoirs bordelais que toulousains, le même résultat a été constaté environ 1 mois après leur implantation : retrait pur et simple ! Le rideau n’est cependant pas tiré pour autant, puisque des négociations seraient en cours pour définir un système de licence réglementant l’utilisation de ces petits véhicules de mobilité douce.
En Espagne aussi
Dans un article publié le 10 octobre 2018, le quotidien Sud Ouest a livré les résultats de son enquête sur la situation en Espagne, où Lime s’est également illustré. L’entreprise est pour l’instant tolérée à Madrid, mais la municipalité est en train de plancher sur « un nouveau plan de mobilité urbaine incluant des règles spécifiques de circulation pour les nouveaux moyens de transport comme les trottinettes ». A Valence, Lime a dû retirer ses engins déversés sur les trottoirs en août dernier sans autorisation, sanctionné par des pénalités financières. Là aussi il est question d’une licence d’exploitation à acquitter pour louer des trottinettes électriques en libre-service. Une activité purement interdite en revanche à Barcelone, où « la circulation y est interdite sur les trottoirs et seules les trottinettes les plus puissantes ont le droit de circuler sur la chaussée ».
Une révolution mobile à prendre en compte
Quelle est la place des trottinettes et autres petits engins de déplacements personnels (EDP) assimilables, et notamment des modèles électriques, dans les villes ? Chaussée, trottoirs : partout ils semblent déranger, alors qu’ils constituent l’illustration même de la mobilité douce pour l’environnement et la santé publique. Les villes ont été peu à peu construites autour de la voiture individuelle. Difficile aujourd’hui de changer cette situation, même si de plus en plus de voix militent dans ce sens. Et pourtant il apparaît que la mobilité durable passe par une révision complète de l’utilisation de la ville.
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