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Forum E4SM : une seconde édition riche d’enseignements Rédigé par Emmanuel Maumon le 18 Mar 2019 à 00:00 0 commentaires

Organisée par le pôle de compétitivité Capenergies et GreenUnivers, la seconde édition du Forum Energy For Smart Mobility s’est déroulée les 14 et 15 mars à Marseille dans le cadre prestigieux du Palais du Pharo. Les 350 participants ont pu assister durant ces deux jours à 4 sessions plénières de haut niveau mettant en lumière différentes solutions énergétiques pour la mobilité demain. Ils ont également pu approfondir certains sujets lors de divers ateliers principalement centrés sur les 6 grands défis sur lesquels les organisateurs avaient choisi cette année de faire un focus.

Lieu d’accueil de ce forum, Marseille illustre bien l’implication croissante des villes dans la transition vers une mobilité durable. La Métropole Aix-Marseille Provence met en effet en œuvre un Agenda environnemental qui accorde une large place à la mobilité électrique. Outre une aide de 5 000 euros à l’acquisition d’un véhicule électrique et le déploiement de 450 bornes de recharge, la ville a lancé un plan de développement des transports en commun avec un passage progressif aux bus électriques, et elle s’emploie à développer la filière hydrogène dans la continuité d’une activité historique autour du port de Marseille.

Constructeurs et énergéticiens engagés dans la mobilité électrique

La première conférence plénière a fixé d’emblée les enjeux de la mobilité décarbonée pour l’industrie de l’énergie et des transports. Dans sa présentation, Marc Mortureux, le Directeur Général de la Plateforme automobile (PFA) qui rassemble l’ensemble de la filière automobile (constructeurs et équipementiers) en France a indiqué pourquoi les constructeurs étaient irrémédiablement engagés dans l’électrification de leurs véhicules. Une nécessité afin de respecter les fortes contraintes environnementales imposées par la Commission européenne à partir de 2021. Le seul moyen pour eux d’éviter de lourdes pénalités financières consiste à vendre beaucoup de véhicules électriques. En France, la filière s’est ainsi fixée pour objectif de multiplier par 5 la vente de véhicules électriques d’ici 2022.

A l’image d’EDF, les énergéticiens sont également fortement engagés dans le développement de la mobilité électrique, notamment pour répondre à l’enjeu majeur de la lutte contre le réchauffement climatique. EDF vient d’ailleurs de lancer un vaste Plan Mobilité électrique dont Yannick Duport (Directeur Mobilité électrique du groupe) a présenté les grands objectifs. Des objectifs qui reposent sur 3 piliers : être le premier fournisseur d’énergie pour véhicules électriques avec l’ambition de signer 600 000 contrats spécifiques d’ici 2022 ; être leader avec sa filiale Izivia dans les infrastructures de recharge ; se développer dans le smart charging en déployant 4 000 bornes intelligentes qui faciliteront notamment l’intégration des énergies renouvelables dans le système, tout en offrant aux utilisateurs une réserve d’énergie ainsi que de potentielles sources de revenus.

Renault accélère dans le smart charging

Les constructeurs, et en premier lieu Renault, s’intéressent également au smart charging. Pour Eric Feunteun (Directeur du Programme Véhicule Electrique), le smart charging peut contribuer à ce que la mobilité électrique devienne massive et plus abordable. Pour Renault, la priorité est de pouvoir faire du smart charging en courant alternatif (AC), mais aussi de le rendre le plus « hardware free » possible pour baisser les coûts, et qu’il soit agnostique afin de laisser aux clients le choix de tel ou tel opérateur.

Pour Renault, le smart charging n’est plus un projet pour le futur mais est aujourd’hui une réalité avec le déploiement d’une offre déjà disponible aux Pays-Bas pour tous les propriétaires d’une Zoé. Une offre monodirectionnelle dans laquelle on ne rend pas d’énergie au réseau, mais où l’on délègue à Renault le pilotage de la charge. L’offre bidirectionnelle (V2G) est encore en phase de prototype, mais une annonce sera faîte cette semaine sur les premières livraisons de voitures bidirectionnelles AC aux Pays-Bas. Des véhicules qui seront par la suite déployés en série en 2020.

Infrastructures de recharge et V2G

Le déploiement et le financement des infrastructures de recharge étaient au cœur de la seconde conférence plénière. L’occasion d’avoir un aperçu sur la situation dans ce domaine en Finlande et en Espagne, deux des trois pays partenaires (avec le Japon) de ce 2ème forum E4SM. Retour ensuite en France avec les interventions de Dominique Lagarde (Enedis) pour qui le réseau électrique est prêt à faire face à la multiplication prochaine des véhicules électriques d’autant plus que le smart charging permettra d’équilibrer l’offre et la demande d’énergie, et d’Etienne de Valbray d’Omexom (Vinci Energies) qui déploient des bornes de recharge intelligentes dans toute l’Europe. Des bornes dont il a insisté sur l’importance d’une bonne maintenance pour assurer une réelle qualité de service.

Dans un atelier consacré au V2G, Dominique Laffaille de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) a présenté les différentes utilisations rendues possibles par les bornes de recharge bidirectionnelles. Très connu au Japon, le « Vehicle To Home » permet d’alimenter son domicile en énergie grâce à sa voiture. Utilisée comme dispositif de stockage, cette technologie permet aussi de bénéficier pleinement des panneaux solaires implantés sur le toit de la maison. Reste encore à développer la faculté du véhicule à réinjecter de l’énergie sur l’ensemble du réseau. Avec le « Vehicle To Grid », qui va communiquer avec le réseau, de nombreux autres services seront rendus possibles pour apporter de la flexibilité au réseau et des avantages aux utilisateurs.

Les villes en pole position pour la transition énergétique dans les transports

Après une session vendredi matin consacrée à l’hydrogène (sur laquelle nous reviendrons dans un article prochainement), la dernière conférence plénière du forum était consacrée aux villes, moteurs de la transition énergétique dans la mobilité. Une conférence introduite par le Président de l’AVERE, Joseph Beretta, qui dressa tout d’abord le bilan de la mobilité électrique en France, marqué par 200 000 véhicules électriques en circulation et 25 000 points de charge accessibles au public, puis présenta les résultats du 4ème baromètre sur les français et la mobilité électrique réalisé en septembre 2018 par l’institut Ipsos.

Ce baromètre met notamment en lumière les attentes du public vis-à-vis des villes. Outre une demande de points de charge à proximité de chez eux, ils souhaitent en priorité que les municipalités remplacent les bus diesel par des bus électriques. Mais leurs attentes varient suivant les endroits où ils vivent, ce qui nécessitera une adaptation des solutions selon les territoires. Alors que la voiture reste incontournable dans les territoires ruraux, à Paris il faudra d’abord traiter les problèmes liés à la pollution et à la congestion de la circulation. Pour les résoudre, hormis le passage aux bus électriques, il conviendra de privilégier le partage des véhicules que ce soient des voitures, des scooters, des trottinettes ou même des utilitaires légers.

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