Parce qu’il doit prendre en compte l’état d’avancement du réseau national de recharge pour préparer ses rallyes en voitures électriques, Jean-François Villeret, à la tête de Tour véhicules électriques, a une idée assez précise du maillage idéal. Même si chaque année la situation s’améliore, il constate sur le terrain que le travail à réaliser est encore conséquent.
Un pro qui montre l’exemple…
Pour être cohérent, compris, estimé et écouté en parlant de mobilité électrique, un point essentiel est de circuler soi-même avec une voiture branchée. Et c’est justement ce que fait Jean-François Villeret depuis pas mal d’années maintenant. D’abord en Nissan Leaf, puis en Tesla Model S et Model 3 désormais. Ce sont ses outils de travail qu’il utilise bien sûr aussi pour ses déplacements longs. Notamment pour préparer ses rallyes qui s’appuient généralement sur 3 piliers pour intéresser un maximum les automobilistes : éco-conduite, promotion de la mobilité électrique, découverte-tourisme. A cela s’ajoutent un zest de détente et une bonne dose d’amitié et de bonne humeur. Cocktail testé et approuvé !
…en sillonnant toute la France avec ses VE
En amont de ses manifestations toujours très appréciées, Jean-François Villeret sillonne un peu toute la France. Même si l’autonomie des nouvelles voitures électriques augmente par rapport aux précédents modèles, il doit tenir compte encore et toujours des bornes qui existent sur le parcours ou à proximité lorsqu’il imagine le tracé de ses épreuves. Une mission qu’il vient d’ailleurs d’achever pour le prochain Nouvelle-Aquitaine électrique Tour programmé du 16 ou 18 septembre prochain. « Les situations sont encore très différentes d’un département à l’autre », souligne Jean-François Villeret. « Pour le Nouvelle-Aquitaine électrique Tour, par exemple, nous avons 2 extrêmes avec, d’un côté, le département des Landes qui a mis en service à peu près 45 bornes rapides, et, de l’autre, la Corrèze qui n’en compte aucune. Les départements de Charente, Charente-Maritime et Haute-Vienne ne sont pas beaucoup mieux équipés à ce jour », détaille-t-il.
L’exemple Tesla
Les discussions autour des réseaux de recharge, entre pros ou utilisateurs de véhicules électriques, ramènent quasi invariablement à l’exemple Tesla. Le constructeur américain est plébiscité pour la fiabilité de son maillage. Jean-François Villeret confirme : « Il ne m’est jamais arrivé de ne pas pouvoir recharger dans une station Tesla ». Autre sujet d’espoir, Ionity, porté par un consortium dans lequel figurent BMW, Ford, Daimler et Volkswagen. Ce nouveau réseau, réservé aux modèles équipés de connecteurs Combo CCS, se développe actuellement pour couvrir l’Europe de bornes ultrarapides capables de délivrer à terme un flux d’une puissance jusqu’à 350 kW. « Ionity se développe très vite. Le déploiement sera terminé début 2020, si ce n’est à la fin de cette année. En France, il comptera 90 stations environ. C’est plus que les 70 de Tesla. Mais ce dernier va bientôt étoffer son propre maillage en France », indique notre interlocuteur.
Besoin en bornes rapides
« Si l’on veut développer la mobilité électrique, il faut favoriser l’itinérance pour que soient possibles de longs déplacements sans soucis. Il faut donc installer davantage de bornes rapides et ultrarapides. Sur les autoroutes, leur puissance doit être au minimum de 150 kW pour éviter les files d’attente. Sur les nationales, 100 kW suffisent. Et surtout, dans chaque station, il faut au moins 2 bornes. Aussi bien pour que les automobilistes ne se retrouvent pas coincés, que pour faciliter la rotation devant les bornes », assure Jean-François Villeret. « L’avenir apparaît clairement à la concentration de chargeurs rapides. Total s’apprête à installer du matériel de recharge dans ses stations-service, et Izivia va ouvrir des sites avec 3 bornes rapides. Ce n’est cependant pas pour tout de suite », révèle-t-il.
Recharge à destination
« L’itinérance ne se limite pas aux bornes rapides utilisables lors des longs déplacements. Il faut aussi pouvoir recharger sur son lieu de destination. C’est pourquoi il faut équiper, avec de nombreuses bornes 7 kW, les parkings des hôtels, mais aussi et surtout ceux des municipalités. Ces IRVE serviront aussi bien aux habitants de la commune qu’aux voyageurs qui y passent la nuit », ajoute Jean-François Villeret. Quand il organise un rallye avec 40 équipages, circule sur un tracé une colonne discontinue d’autant de véhicules électriques. Comme ça commence à être le cas en période de vacances, et comme on pourra l’observer plus tard un peu tous les jours de l’année, avec des ventes de VE qui ne cessent d’augmenter.
Un équilibre à trouver
Les difficultés que peuvent rencontrer notre interviewé et les participants à ses rallyes sont celles qui freinent concrètement le développement des véhicules électriques. « Avec suffisamment de chargeurs rapides toujours disponibles, il n’y a aucun problème pour effectuer de longs déplacements dans toute la France. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut négliger les bornes 7 kW. Quand arrive le soir et que j’ai 40 équipages qui ont besoin de recharger leur voiture, je préfère trouver sur place 40 bornes 7 kW que 3 bornes rapides devant lesquelles il va falloir se bousculer », précise Jean-François Villeret.
NAET
« Aujourd’hui, les nouvelles voitures électriques qui disposent d’une autonomie de plusieurs centaines de kilomètres sont compatibles avec la majorité des besoins des Français. C’est ce que je veux démontrer avec l’édition 2019 du Nouvelle-Aquitaine électrique Tour. Je souhaite aussi valoriser les recharges rapides et ultrarapides. Tout en mettant en avant qu’il est possible éventuellement de s’en passer au besoin. Ce Tour doit être un démonstrateur de ce que les VE et les IRVE seront capables de faire à l’automne 2019 », présente Jean-François Villeret. « C’est pourquoi j’ai prévu des journées bien solides, avec parfois une variante. Le mardi 17 septembre, les équipages, uniquement en VE avec batterie de 40 kWh minimum, vont devoir parcourir 440 kilomètres, de Poitiers à Pau. Soit une traversée nord-sud de la plus grande région de France, de la longueur de l’Autriche, paraît-il », indique-t-il.
En rechargeant le moins possible
Parmi les instructions que donnera Jean-François Villeret aux participants : « Effectuer les parcours en rechargeant le moins possible ». Seulement 330 kilomètres le lendemain, mais… « Entre Pau et Bordeaux, nous passerons par le col de l’Aubisque, à 1.700 mètres d’altitude, en partant de 200 m. Les batteries vont pas mal se décharger en montant, mais le reste de la distance doit pouvoir être couverte grâce à la régénération lors des longues descentes. J’ai prévu un itinéraire bis pour ceux qui pourraient être effrayés. Un peu plus court, 300 km, il passe par le col de Marie-Blanque, à 1.000 m d’altitude », complète notre interlocuteur. Avant de s’élancer dans le rallye, les équipages assisteront à un bel événement, lundi 16, jour du regroupement, sur l’agglomération de Grand-Poitiers. « Une conférence à destination des entreprises organisée par la CCI de la Vienne figure aussi au programme », poursuit-il. Et pour conclure : « Concernant les événements sur le parcours, on travaille sur des concepts de conférences de sensibilisation à la mobilité durable pour les entreprises et les collectivités ». Les lecteurs intéressés par cet événement peuvent obtenir plus d’informations et s’inscrire à partir de ce site Web dédié : www.nouvelle-aquitaine-electrique-tour.com.
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