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Voitures électriques : beau succès pour la prime de 5 000 euros des Bouches-du-Rhône Rédigé par EMMANUEL MAUMON le 11 Juin 2020 à 00:00 0 commentaires

Confrontés à de graves problèmes de pollution, le Département des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix-Marseille Provence ont pris une série de mesures pour améliorer la qualité de l’air, en particulier dans le domaine des transports. Partant du constat que les voitures produisent à elles-seules 70% des émissions de particules fines, la place des véhicules électriques dans le parc automobile est devenue un enjeu d’importance. Le Département a donc mis en place un dispositif ambitieux de soutien à l’acquisition de voitures électriques. Interview de Jean-Philippe Mignard, Directeur de l’Environnement, des Grands Projets et de la Recherche du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, afin de dresser un premier bilan de cette aide massive qui remporte un fort succès et qui a entraîné une croissance spectaculaire des ventes de voitures électriques.

Jean-Philippe Mignard, depuis près de deux ans, le département des Bouches-du-Rhône mène une politique active en faveur du développement de la mobilité électrique. Pouvez-vous tout d’abord nous préciser les objectifs de cette politique ?

Cette politique a été mise en place dans le cadre d’un agenda environnemental avec pour objectif principal de lutter contre la pollution de l’air. Une pollution à laquelle le Département a souhaité s’attaquer en ciblant deux cibles prioritaires : le Logement et les Transports. Dans ce dernier domaine, outre le versement de subventions pour accompagner le passage à l’électrique ou au GNV dans le cadre de la conversion des flottes de transport collectif (bus et cars), nous avons déployé une série d’initiatives en direction des véhicules des particuliers, avec en particulier l’attribution d’une prime de 5 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique. L’objectif initial était de soutenir l’acquisition de
1 000 voitures/an durant 5 ans avec l’idée d’atteindre un parc de voitures électriques en circulation sur le territoire de 8 000 unités.

Quelles sont les modalités d’obtention de cette prime ?

N’importe quel habitant des Bouches-du-Rhône peut demander à bénéficier de cette aide sous réserve de présenter la facture d’acquisition et quelques éléments administratifs classiques comme un justificatif de résidence. Dans la limite de 25% du coût d’acquisition du véhicule, cette aide de 5 000 euros est cumulable avec le bonus écologique de l’Etat ainsi qu’avec la prime à la conversion. Par contre l’aide concerne uniquement l’achat d’un véhicule et exclue la Location avec Option d’Achat.

Plus de 2500 aides accordées

Depuis sa mise en place, combien d’habitants des Bouches-du-Rhône ont profité de cette aide ?

La prime a été mise en place en novembre 2018 et, depuis cette date, le département a distribué
2 557 primes pour un montant total de 12,8 millions d’euros. La montée en puissance du dispositif a été rapide puisque 1 600 demandes ont été enregistrées en moins de six mois. Après un certain ralentissement, nous avons noté une forte accélération au cours de l’année dernière et nous sommes aujourd’hui sur un trend de 300 à 400 primes délivrées tous les deux mois.
Le succès de ce dispositif s’est traduit par une progression record des ventes de voitures électriques dans le département. Celles-ci sont passées de 774 en 2017 à 2 313 en 2019. Les Bouches-du-Rhône sont d’ailleurs devenues le deuxième département de France en volume de voitures vendues en 2019, juste derrière Paris qui compte un million d’habitants de plus (2 564 voitures électriques vendues). L’expérience que nous pouvons en tirer est que lorsque l’on rend le véhicule accessible en termes de prix, il devient envisageable pour beaucoup de personnes.

Disposez-vous de données sur le profil des bénéficiaires ?

89% des bénéficiaires résident en habitat individuel et 90% rechargent à domicile. Ceci implique que beaucoup de demandes concernent des territoires hors de Marseille ou Aix qui ne représentent que 36% des primes versées alors qu’elles concentrent 52% de la population. Concernant l’activité des bénéficiaires, on note 35% de cadres ou de professions intellectuelles, et 23% de professions intermédiaires ou employés. Par ailleurs, le prix moyen d’une voiture soutenue s’élève à 34 630 € et la marque la plus représentée est Renault avec 45%.

Comment le département a-t-il communiqué pour promouvoir cette mesure ?

Nous avons bien entendu informé les concessionnaires automobiles de ce dispositif et ils ont été prêts à s’en servir. Nous avons également réalisé des campagnes d’affichage en direction du grand public, notamment sur les panneaux urbains, ainsi que des campagnes récurrentes sur les réseaux sociaux.

Au départ, il devait y avoir un nombre limité d’aides accordées. Le succès vous a-t-il incité à lever cette contrainte et combien de temps le dispositif doit-il perdurer ?

Initialement, nous avions en effet fixé une limite de 1 000 primes octroyées par an, mais en pensant que nous aurions du mal à atteindre ce chiffre. Devant le succès rencontré, nous avons retiré ce plafond et nous avons distribué l’an dernier plus du double d’aides par rapport à ce qui été prévu au départ. De même, nous avons supprimé la limite, fixée à 5 000, du nombre global de primes sur la durée total du dispositif. Celui-ci sera bien effectif sur une durée de 5 ans, jusqu’en 2023.

Plus de difficultés pour le déploiement de bornes de recharge

Pour lever un autre frein au développement de développement de la mobilité électrique, le département et la Métropole Aix-Marseille Provence avaient également prévu un plan de déploiement de bornes de recharge. Où en est ce déploiement ?

Le Département ne dispose pas de la compétence pour installer des infrastructures de recharge sur la voie publique. C’est une compétence qui appartient exclusivement aux intercommunalités et seuls la Métropole Aix-Marseille Provence et les trois établissements de coopération intercommunale du Nord du département peuvent procéder à ce déploiement. Ce que nous avons mis en place consiste à soutenir le déploiement sur ces territoires, notamment sur la Métropole où l’installation de 275 bornes ont d’ores et déjà fait l’objet d’un marché. Aujourd’hui, nous devons être à une cinquantaine de bornes installées sur la voirie métropolitaine. Il est nécessaire de renforcer ce réseau de bornes qui se heurte à de très nombreuses difficultés pratiques, techniques ou règlementaires. Mais désormais, le déploiement est actuellement en cours notamment à Aix-en-Provence et Marseille.

Si certains territoires sont allés très vite sur le déploiement de bornes de recharge, Aix et Marseille semblent plus en retard. Comment expliquez-vous cela ?

Les maires de petites communes ont souvent été très réactifs et ont poussé pour une installation rapide de bornes sur leurs territoires. Pour les grandes agglomérations, il semble y avoir quelques difficultés concernant le choix des emplacements et les raccordements électriques. Ce retard limite aujourd’hui l’utilisation d’un véhicule électrique à ceux qui ont la possibilité de recharger à leur domicile ou sur leur lieu de travail.
La question des bornes de recharge va se poser de plus en plus dans les copropriétés où les choses peinent malheureusement à se mettre en place, mais aussi concernant les trajets longs en itinérance pour lesquels des déploiements supplémentaires vont devenir indispensables.

Des subventions pour l’achat de vélos électriques

Le département est également très actif pour favoriser le développement du vélo à assistance électrique. Quelle forme prend cette action qui semble rencontrer un fort succès ?

C’est une aide qui est délivrée à tout habitant des Bouches-du-Rhône qui en fait la demande. Elle s’élève à 400 euros pour l’acquisition d’un VAE. Elle rencontre beaucoup de succès puisque nous avons à ce jour octroyé 6 179 aides. Avec le nouvel attrait pour le vélo constaté depuis la crise du Covid-19, la demande pourrait encore s’accroître mais ce qui nous importe avant tout, c’est de voir l’utilisation du vélo augmenter dans les déplacements pendulaires domicile-travail. Nous constatons d’ailleurs que de plus en plus de personnes font l’acquisition d’un VAE pour ce motif. Ils sont aujourd’hui 41% à s’en servir pour aller au travail et c’est plutôt bon signe pour notre objectif global de lutte contre la pollution de l’air.

Le département accompagne cette action en créant de nouvelles pistes cyclables. Quels sont vos projets dans ce sens?

Le Département développe d’abord les pistes cyclables sur son propre réseau avec la particularité que, en raison des vitesses de circulation sur ces axes, nous cherchons à mettre en place des voies vélo séparées physiquement des voies destinées aux autos. Par ailleurs, nous subventionnons les communes pour accompagner le développement de pistes cyclables sur les voiries dont elles ont la compétence. Nous aidons notamment à rendre définitives certaines de celles qui ont été déployées temporairement ces derniers temps, en particulier à Marseille et à Aix-en-Provence.

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