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Les nouveaux défis d’e-Mobility, le logiciel de supervision de bornes de SAP Rédigé par EMMANUEL MAUMON le 24 Sep 2020 à 00:00 0 commentaires

Filiale spécialisée dans la R&D du leader mondial du logiciel d’entreprise, SAP Labs France a été l’un des précurseurs dans l’électrification de sa flotte de véhicules. Une flotte très importante (la plupart de ses employés ont droit à une voiture de fonction) et qui est aujourd’hui composée à 90% de véhicules électriques. Pour que ses collaborateurs puissent les recharger lorsqu’ils sont au travail, de nombreuses bornes ont été implantées sur les différents sites de l’entreprise. Pour optimiser leur fonctionnement, SAP Labs France a sollicité deux de ses ingénieurs pour créer un logiciel de supervision : e-Mobility. Rencontre avec l’un de ces deux concepteurs, Gérald Seiler qui continue à développer ce logiciel pour lui ouvrir de nouveaux horizons, plus que jamais ouverts sur l’ensemble de l’écosystème de la mobilité électrique.

Gérald Seiler, dans quelles circonstances avez-vous été amené à développer un logiciel de supervision de bornes de recharge ?

C’est suite à la politique de déploiement de véhicules électriques menée au sein de SAP Labs France sous l’impulsion de notre Président Hanno Klausmeier. Avec l’augmentation du nombre de points de charge dans notre établissement, le besoin en opérationnel au niveau de l’infrastructure de bornes s’est fait ressentir et nous avons été amenés à créer un logiciel de supervision à partir de zéro.

Quels étaient les objectifs initiaux de ce logiciel, puis ses premières évolutions ?

Au départ, l’objectif était de résoudre les problèmes rencontrés par les salariés lorsqu’ils voulaient recharger leur véhicule. Fréquemment, le connecteur du véhicule restait bloqué dans le point de charge et le premier objectif était de pouvoir redémarrer le point de charge à distance. Ensuite, la première évolution a concerné la gestion des badges et des autorisations d’accès aux bornes. Après, la question de l’équilibrage de l’énergie s’est posée rapidement. Avec l’augmentation du nombre de bornes, notre abonnement énergétique était-il suffisant pour fournir suffisamment de puissance à tous les points de charge ?

Aujourd’hui, quelles sont les fonctionnalités d’e-Mobility ?

Les fonctionnalités du logiciel évoluent constamment. Nous avons d’abord construit une interface web afin de pouvoir collecter les données et voir en temps réel la consommation des véhicules, aussi bien la puissance instantanée que l’énergie. Ensuite, nous avons fait en sorte de pouvoir piloter la borne pour par exemple démarrer une recharge à distance. Nous avons aussi développé une application mobile orientée utilisateur. Ce dernier a ainsi la possibilité de voir l’ensemble des points de charge disponibles, de démarrer ou arrêter sa charge. Enfin, nous avons mis en place un système de notifications push sur le mobile qui permet de savoir quand la charge est terminée et aussi d’inciter le collaborateur à déplacer son véhicule pour laisser la place à d’autres utilisateurs.

Une supervision de 88 points de charge sur 3 sites

Combien de points de charge le logiciel gère-t-il actuellement ?

Sur le site de Mougins Sophia-Antipolis, nous supervisons aujourd’hui 37 points de charge dont deux chargeurs rapides 50 kW et un chargeur ultra-rapide 150 kW. Nous avons également développé depuis deux ans une politique de recharge à domicile qui nous a amenée à gérer 27 points charge chez les collaborateurs de SAP. De la même manière que sur notre site de Sophia où l’énergie est gratuite pour la recharge, l’idée est de pouvoir leur rembourser la recharge lorsqu’elle est effectuée à leur domicile. A ces 64 points de charge que nous supervisons sur le site de Mougins, s’ajoutent 14 points de charge sur le site SAP Labs de Caen ainsi que 10 point de charge sur le site de SAP France à Paris, soit un total de 88 points de charge pour 237 véhicules électriques au total.

Quels sont les principaux domaines que le logiciel cherche à optimiser ?

Nous avons créé un algorithme qui permet d’optimiser la charge en entreprise selon 4 critères. C’est premièrement en fonction des priorités, à savoir si le collaborateur est pressé ou non. Le deuxième est celui du prix de l’électricité dans la journée afin de favoriser la charge dans les heures creuses quand le coût de l’électricité est le moins cher. Le troisième paramètre est la gestion des pics d’énergie. Le logiciel va faire en sorte de ne jamais dépasser une consigne. Ainsi, si vous avez un abonnement Enedis à 200 kW parce que vous vous apercevez qu’une fois dans l’année vous avez un pic à 200 kW, on va pouvoir diviser par deux cet abonnement, et donc le prix au passage, en faisant en sorte que l’infrastructure ne dépasse jamais les 100 kW en puissance instantanée. Grâce à l’algorithme, la charge va se répartir de manière automatique. Enfin, le dernier critère est l’équilibrage du réseau. Ainsi, sur une infrastructure de recharge triphasée, on va avoir un déséquilibre entre les phases puisque des véhicules chargent en monophasée. Le logiciel va faire en sorte de rééquilibrer le réseau.

Une ouverture du logiciel vers l’écosystème

Au départ, il n’était pas prévu que SAP commercialise votre logiciel. Cela n’est plus le cas. Quelles sont les raisons de cette évolution ?

C’est vrai qu’au départ nous étions orientés sur la gestion de la flotte du groupe SAP puisqu’en Allemagne, nous possédons l’une des plus grosses flottes d’entreprises avec près de 17 000 véhicules. Nous avons donc commencé par déployer notre logiciel sur les sites de SAP au Portugal, en Belgique ou à Munich. Mais si notre logiciel répondait à des besoins internes, nous avons toujours eu une approche plutôt ouverte avec la volonté de participer à l’écosystème d’une manière générale. Ainsi, nous partageons largement nos travaux de recherche et nous avons publié une partie de notre code dans l’open source en invitant la communauté à contribuer au développement de notre superviseur et à notre algorithmie de recharge.
Par ailleurs, nous avons progressivement reçu des demandes en dehors de SAP. Ainsi, nous collaborons depuis deux ans avec la Mairie de Monaco pour laquelle nous venons de connecter de nouvelles bornes. Nous travaillons également avec des aéroports comme celui de Marseille avec qui nous développons un projet de smart charging pour optimiser l’infrastructure de recharge en fonction de contraintes du bâtiment. Nous avons aussi d’autres demandes axées plutôt sur les véhicules lourds, typiquement les bus. De nombreuses flottes de collectivités vont s’électrifier prochainement et nous avons été sollicités pour résoudre des problèmes de pics de courant et d’appels énergétiques lors de la recharge au dépôt.

Les prochaines évolutions en perspective

Quels sont les prochains défis d’e-Mobility ?

Sur le plan technique, nous couvrons aujourd’hui à peu près tous les aspects d’un point de vue supervision, intégration dans les outils SAP ainsi que dans les outils tierce, notamment en matière d’interopérabilité qui est un gros sujet. Nous travaillons avec Gireve et nous avons été certifiés pour l’itinérance. Le plus gros défi, cela va être avec les nouvelles normes à venir comme le protocole OCPP 2.0 ou l’ISO 15118, qui vont permettre d’améliorer l’interopérabilité mais qui sont très complexes et présentent des difficultés techniques. Le challenge est de rendre le système totalement interopérable avec des mécanismes de certificats européens. On passe de l’échelle nationale à l’échelle internationale où il faudra avoir assez d’énergie dans les 5 ou 10 prochaines années pour pouvoir recharger les millions de véhicules électriques qui seront en circulation en Europe. Le tout sans augmenter la production d’énergie.

Sur votre site, vous avez également le projet d’intégrer une batterie de 40 kW pour stocker l’énergie produite par vos panneaux solaires ?

C’est l’aspect smart grid que nous avons entrevu dès le départ, même si nous avons commencé en se focalisant autour de la borne. Aujourd’hui, nous avons une politique de développement des smart grids qui s’accélère. Nous allons installer le mois prochain un stockage stationnaire de batterie qui va nous permettre de stocker notre énergie photovoltaïque en surplus, le week-end par exemple. Grâce à cela, nous pourrons absorber les pics de courant en local lorsque la demande et forte, mais aussi mettre de l’énergie à disposition d’Enedis pour faire de la flexibilité. Nous avons également un projet d’agrandissement de notre parc de panneaux photovoltaïques pour passer de 50 à 80 kW, ainsi qu’un projet d’intégration de la consommation du bâtiment, en parallèle de la production photovoltaïque et du stockage batterie, pour moduler au final la recharge des véhicules.

Vous avez aussi un projet de collaboration avec Enedis sur la recharge intelligente et le vehicle-to-grid. En quoi consiste-t-il ?

Le projet aVEnir sur lequel nous collaborons avec Enedis consiste à savoir comment nous allons communiquer avec le distributeur d’énergie pour pouvoir piloter l’ensemble des véhicules qui sont connectés dans la journée et venir réinjecter l’énergie sur notre réseau local, mais aussi sur le réseau national pour des périodes limitées quand cela s’avèrera nécessaire. Pour mener à bien cette expérimentation, nous allons utiliser la batterie des véhicules de nos collaborateurs pour subvenir à d’éventuels besoins énergétiques dans la journée. Au préalable, nous allons devoir adapter certains véhicules afin qu’ils soient réversibles, par contre les nouveaux véhicules qui arrivent sur le marché, comme l’ID.3, le seront déjà.

Nous sommes également partenaires de l’Apave (voir l’article de l’AVEM sur le sujet)afin d’accompagner la transition vers la mobilité électrique en proposant des services autour de l’installation, l’exploitation, la gestion et la maintenance des infrastructures de recharge des véhicules électriques. Nos deux structures proposent une offre de formation enrichie autour de l’installation et la gestion des IRVE. SAP Labs France connecte son superviseur de borne aux plateformes pédagogiques multimarques de Blue2Bgreen-Apave. Le logiciel connecté à la suite SAP Enterprise et aux outils tiers d’interopérabilité sera ensuite proposé lors d’une formation qualifiante délivrée par notre partenaire Blue2Bgreen-Apave aux gestionnaires de flottes d’entreprise, aux logements individuels ou collectifs et aux infrastructures déployées sur la voie publique.

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SAP Labs France S.A.S

805, Avenue Maurice Donat

06254 Mougins Cedex


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