Nombre d’automobilistes ne souhaitent pas passer à la voiture électrique tant que son usage ne sera pas aussi facile qu’un modèle thermique équivalent. Ce qui passe par une autonomie de plusieurs centaines de kilomètres. Et, surtout, la possibilité de se ravitailler en énergie en seulement quelques minutes.
Les constructeurs de véhicules électriques qui se penchent sérieusement sur la question du ravitaillement rapide en énergie poursuivent des pistes très diverses.
Parmi lesquelles : de nouvelles technologies de batteries qui acceptent de plus fortes puissances, un mix avec des supercondensateurs qui se régénèrent très vite, des groupe motopropulseurs exploitant des piles à combustible hydrogène, et l’échange des batteries.
C’est cette dernière piste que la startup américaine Ample développe en pensant en particulier aux flottes de taxis et d’utilitaires pour la livraison du dernier kilomètre. La jeune entreprise vient de signer un accord avec le groupe Eneos pour développer cette technologie au Japon.
A l’origine, le swap des batteries a été présenté par la société israélienne Better Place en 2009. Elle embarquait avec elle Renault qui a développé sa Fluence Z.E. pour rendre possible le « Quik Drop ».
Concrètement, il s’agissait de grimper le véhicule sur un pont sous lequel s’activait un bras robotisé. Ce dernier avait pour mission de déposer le pack déchargé et de le remplacer par un autre plein d’énergie.
Jugé comme trop cher, le service n’a pas reçu l’ouverture escomptée de la part des automobilistes. Better Place a dû jeter l’éponge. Cette mésaventure a fait dire aux observateurs dubitatifs qu’un tel service n’est pas viable.
La faillite de Better Place n’a pas sonné la fin de l’histoire pour le swap des batteries. Le constructeur chinois Nio a lancé avec succès un service similaire qui a notamment séduit les chauffeurs de taxis.
En mars dernier, plus de 2 millions d’échanges avaient déjà été enregistrés dans les Power Swap Stations. Les retours sont tellement positifs que le groupe compte reproduire l’expérience en Europe où les premiers modèles de voitures électriques de la marque devraient être livrés dès septembre prochain.
En France, l’échange des batteries est déjà une réalité avec le service de location libre-service ZeWay de scooters électriques.
Si l’échange des batteries apparaît comme une solution idéale pour retrouver en quelques minutes un bon niveau d’énergie dans sa voiture électrique, elle se heurte toutefois à deux problèmes importants lorsqu’on imagine sa généralisation à courte échéance.
Tout d’abord, pour qu’un échange de pack soit possible rapidement et de façon robotisée, il faut a priori que cette possibilité soit prévue à la conception du véhicule. Ce qui n’est pas le cas pour la très grande majorité des voitures et utilitaires électriques en circulation hors Chine.
Pour rendre le swap aussi simple, et même plus, que la recharge aux bornes rapides, il faudrait que les véhicules branchés embarquent au maximum 1, 2, 3 ou 4 modèles différents de packs. Et ce, afin que des VE de marques différentes puissent être acceptés dans une même station.
En découvrant la vidéo réalisée par Ample pour présenter sa solution d’échange des batteries, on est étonné de découvrir différentes voitures électriques entrer dans la station : Mercedes EQC, Chevrolet Bolt, Kia e-Niro, Nissan Leaf 1. La startup américaine aurait-elle réussi à trouver une recette magique ? Il semble que oui.
Sur son site Internet, elle assure travailler avec les constructeurs pour pouvoir modifier les véhicules électriques actuellement commercialisés. Après passage chez Ample, les engins recevraient une nouvelle batterie standard et compatible avec les stations d’échange. Ils ne perdraient cependant pas la possibilité de retrouver leur configuration d’origine.
La jeune entreprise indique qu’il ne faut pas plus de 2 ou 3 mois pour qu’un nouveau modèle de voitures ou d’utilitaires électriques soit rendu compatible avec son service.
Sans donner de caractéristiques techniques précises, la société promet de toujours faire évoluer ses packs en fonction des progrès technologiques. Et pour la capacité énergétique ? Ample répond à cette question par la modularité.
Ainsi, pour jouer sur la capacité – et donc l’autonomie -, en fonction de la place disponible sur un modèle de voiture électrique et des besoins, le pack comprendra un nombre plus ou moins élevé de modules. Un peu comme des pièces de Lego qui s’emboîtent.
L’entreprise américaine promet aux gestionnaires de flottes un coût d’utilisation pas plus élevé qu’avec des modèles thermiques. Elle se chargerait de la transformation des véhicules (10, 100, 1 000, etc.) et de l’installation des infrastructures chez les professionnels. Ses clients ne paieraient qu’un service en fonction de la consommation et de la taille des batteries, et pourraient exploiter les stations réparties dans l’espace publique.
Ample avance qu’une station d’échange de batteries ne prend pas plus de 2 places d’un parking. Ce qui permet de les installer dans une station-service, ou devant un supermarché, par exemple.
L’infrastructure serait alimentée en électricité obtenue de source renouvelable. Mieux encore, elle pourrait former une unité stationnaire de stockage d’énergie pour équilibrer le réseau électrique national. La jeune entreprise souligne qu’il ne faudrait que quelques semaines pour équiper une ville de plusieurs stations.
Ce sont ces scénarios qui intéressent le Japon, très friand d’unités d’alimentation électrique de secours en cas de catastrophe naturelle.
Ample et Eneos vont travailler au Japon avec plusieurs entreprises de transport de personnes et de messagerie pour expérimenter à échéance mars 2022 le service d’échange de batteries imaginé par la startup américaine.
Outre-Atlantique, le service serait déjà une réalité sur quelques sites non précisés. La startup souhaite s’ouvrir au plus vite aux autres marchés extérieurs.
Au Japon, Eneos est chargé de supporter toute la logistique du programme, comprenant la coordination entre toutes les parties impliquées. Ample fournira et exploitera les infrastructures nécessaires, dont les stations d’échange de batteries. Ensemble, les 2 entreprises feront fonctionner le service.
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