Le Réseau Action Climat, la Fondation Nicolas Hulot, WWF, France Nature Environnement et le CLER viennent de publier un rapport. Un document d’analyse des conditions de développement soutenable du véhicule électrique en France. Le véhicule électrique apparait comme un des leviers pour opérer la transition énergétique dans les transports. Cependant, ces associations estiment que les problématiques environnementales que pose son développement sont encore trop peu prises en compte. Dans ce rapport, elles formulent des orientations pour guider les politiques publiques ainsi qu’un certain nombre de mesures concrètes. Pour elles, le développement soutenable de l’électromobilité passe par un préalable et par sept conditions.
Aujourd’hui, la voiture individuelle est utilisée quotidiennement par deux-tiers des français. Une simple conversion à l’électrique du parc automobile n’est ni facile sur le plan énergétique, ni souhaitable pour préserver l’environnement. Pour les auteurs du rapport, il est impératif de faire évoluer notre système de transport aujourd’hui centré sur la voiture. Une évolution vers un « écosystème de mobilité » qui donne place à une diversité des modes de déplacements. Un écosystème allant de la marche aux transports collectifs en passant par le vélo et le train. Pour y parvenir, ils préconisent notamment de bâtir des villes où la place de la voiture est réduite. La vitesse de circulation y serait limitée à 30 km/h et le stationnement en voirie maîtrisé.
Développer les services partagés plutôt qu’encourager l’usage privé
L’arrivée du véhicule électrique sur le marché doit s’intégrer dans le contexte d’évolution du marché. Ceci pour répondre aux besoins des générations actuelles et à venir. Parce que les caractéristiques des batteries le permettent, le véhicule électrique sera particulièrement adapté à un usage partagé plus intensif. Accélérer le partage des véhicules constituera l’un des principaux moyens pour mieux utiliser les véhicules stationnés la plupart du temps. Aujourd’hui, un véhicule particulier est en effet stationné 95% du temps. Pour développer le partage de véhicules, des outils incitatifs devraient être mis en place. Ils permettraient notamment de favoriser l’optimisation de la gestion des flottes d’entreprises et publiques. Ils pourraient également prendre la forme de places de stationnement et voies de circulation réservées.
L’essor du véhicule électrique doit s’inscrire dans le cadre de l’accélération de la transition énergétique vers 100% d’énergies renouvelables. Pour les associations environnementales auteurs de ce rapport, c’est la condition nécessaire pour respecter l’accord de Paris sur le climat. Un accord qui nécessite une sortie des énergies fossiles d’ici 2050. Pour elles, il s’agit également de ne plus subir les risques et le coût faramineux du nucléaire. Le développement du véhicule électrique ne doit pas être un frein à la sortie du nucléaire. Ceci d’autant plus que, grâce aux mesures d’économie d’énergie, les consommations électriques continueraient de baisser à horizon 2035. Mais pour aller vers 100% d’énergies renouvelables, il importe de fixer des objectifs 100% d’électricité d’origine renouvelable dans la consommation d’énergie des transports d’ici 2050.
Maîtriser la consommation d’électricité
Le développement du véhicule électrique doit aussi s’intégrer dans une trajectoire de baisse de la consommation d’électricité au niveau national. Si cette consommation est maîtrisée, une augmentation importante des véhicules électriques pourra amplement être satisfaite par les énergies renouvelables. La consommation d’un parc de 4,4 millions de véhicules électriques est en effet estimée à 13 TWh en 2030. C’est moins de 3% de la production d’électricité annuelle. Plusieurs mesures sont proposées pour limiter la consommation d’énergie. Parmi elles, l’établissement d’un schéma directeur des IRVE afin de trouver un juste équilibre entre les différents types de bornes. Autre proposition, le plafonnement du nombre de bornes rapides pour limiter les impacts des recharges sur la stabilité du réseau.
Selon l’objectif fixé par la Loi d’Orientation des Mobilités, les véhicules consommant de l’énergie fossile sont appelés à disparaître. Pour les remplacer, il n’y a pas une solution unique en matière de motorisation. Plusieurs scénarios de transition énergétique misent sur le développement conjoint du gaz renouvelable véhicule et de l’électricité dans les transports. Le bioGNV offre un bilan carbone neutre ou inférieur de 80% à celui des carburants classiques si l’on prend en compte l’énergie brûlée pour la production et le transport de ce gaz. Le rapport préconise que le schéma de déploiement des infrastructures de recharge associe de manière cohérente le bioGNV et l’électromobilité. Celui-ci doit être débattu au niveau régional afin de définir les mix énergétiques adaptés à chaque territoire.
Adapter les véhicules aux besoins réels de mobilité des usagers
La réduction de la taille des véhicules constitue l’un des principaux leviers pour réduire leur empreinte et consommation énergétique. Ainsi, sur sa durée de vie, une citadine électrique a une empreinte carbone deux fois moins importante qu’une berline électrique. La course à l’autonomie actuelle des batteries a pour effet d’augmenter leur masse, et donc celle des véhicules. Ceci au détriment de leur empreinte environnementale. Le point d’équilibre se situe dans la conception de véhicules moins puissants et moins lourds, qui répondent aux besoins réels. L’essor de l’autopartage et de la location permettra le recours à des véhicules plus légers pour les déplacements en zone urbaine. Des véhicules plus puissants et plus lourds pourront eux être utilisés pour des longs trajets ou pour les familles.
75% des impacts de la voiture électrique sont liés à sa production. Une production très dépendante de matières premières dont la disponibilité est limitée. De plus, leur extraction et leur exploitation engendrent des impacts environnementaux graves sur l’eau, les sols et la biodiversité. L’économie circulaire doit permettre de découpler la croissance du marché du véhicule électrique de l’épuisement des ressources minérales. Cela implique le développement de filières de réemploi et recyclage complet en aval. Il faudra aussi passer par l’écoconception des batteries et des véhicules et par l’allongement maximal de leur durée de vie. Le rapport préconise d’ailleurs la création d’un label pour les véhicules électriques pourvues de batteries éco-conçues. L’octroi d’avantages financiers et fiscaux serait soumis à l’obtention de ce label.
Appliquer le devoir de transparence et de vigilance
L’extraction du cobalt et du lithium a également un impact sur le cadre de vie et la santé des populations locales. 50% du cobalt est extrait dans les mines en République Démocratique du Congo où les conditions de travail sont indignes. L’enjeu immédiat consiste à veiller à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations concernées. Pour y parvenir, il convient que les constructeurs automobiles appliquent pleinement leur devoir de vigilance. Ils ont notamment la responsabilité de s’assurer que leurs partenaires commerciaux, dans leur chaîne d’approvisionnement, respectent les droits humains. L’Etat doit quant à lui définir des critères de durabilité sociaux et environnementaux. Des critères concernant les matières premières utilisées dans la fabrication des batteries et des moteurs électriques.
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