Dans un contexte de confinement en raison de la pandémie de Covid-19, le ministère de la Transition écologique avait mis en place fin avril 2020 un premier plan pour favoriser la mobilité à vélo, qu’elle soit ou non électriquement assistée. Devant le succès rencontré par l’opération, l’enveloppe accordée est passée de 20 millions à 80 millions d’euros, et la date de clôture a été reportée au 31 mars dernier.
Portée par la Fédération française des usagers de la bicyclette (Fub) et le bureau de conseil spécialisé en performance énergétique Rozo, l’opération Coup de pouce vélo a largement dépassé les attentes. Les chiffres en attestent : 1,708 million de bicyclettes réparées dont près de 400 000 pour la région parisienne, pas loin de 5 904 personnes remises en selle, et un peu plus de 15 000 stationnements temporaires mis en place.
Pour rappel, la mesure la plus populaire du programme a été cette aide financière destinée aux particuliers pour faire effectuer par des professionnels des réparations sur leurs vélos, électriques ou non. Avec un plafond de 50 euros HT, cette prime était directement déduite sur la facture.
Nous avons d’ailleurs pu constater au lancement de l’opération que le fait de travailler sur un montant hors TVA avait posé des problèmes chez de nombreux professionnels du cycle. Les premiers bénéficiaires ont parfois dû retourner en boutique pour régulariser la situation.
En quittant les zones rurales et les villes moyennes de province pour gagner la région parisienne ou une autre des métropoles de l’Hexagone, nombre de Français avaient fini par ne plus trop être rassurés sur la selle d’un vélo. C’est pourquoi les porteurs du programme Coup de pouce avaient imaginé des séances pour accompagner les personnes souhaitant reprendre la pratique de cet engin de mobilité douce.
La formation était divisée en 2 parties : un volet théorique avec notamment des conseils sur le choix du vélo et son entretien, suivie d’un essai pratique avec mise en situation réelle. Selon le bilan transmis par la Fub, 5 904 personnes ont ainsi redécouvert la pratique du vélo, dont 1 657 en région Ile-de-France.
Circuler sur une bicyclette, c’est bien. Encore faut-il que le deux-roues puisse trouver une place à destination et être un minimum protégé contre le vol. C’est pourquoi l’opération Coup de pouce s’est également intéressée à ces questions.
« Créé pour les collectivités, les gares, les établissements d’enseignement ou encore les bailleurs sociaux qui souhaitaient implanter des stationnements amovibles, ce dispositif permettait la prise en charge à 60 % de l’investissement pour la livraison et l’installation de places de stationnement non couvert, avec un plafond de 150 euros HT par emplacement », rappelle la Fub dans son communiqué de presse daté du 26 octobre 2021.
Si beaucoup de Français et d’Européens ont assuré vouloir modifier leurs habitudes de déplacements à la suite d’une prise de conscience née de la crise sanitaire hélas toujours actuelle, les résultats chiffrés de l’opération Coup de pouce s’inscrivent-ils dans la durée ? Pas si sûr !
La Fub et le bureau de conseil Rozo ont cherché à le savoir en commandant une enquête auprès d’Opinion Way. Les résultats sont mitigés. Au point qu’il est possible de les interpréter aussi bien de façon pessimiste qu’optimiste.
D’après l’étude menée en novembre 2020 pour mesurer le taux de satisfaction des bénéficiaires du dispositif, ainsi que l’évolution de leur mode de déplacement, « il apparaît que 52 % des personnes interrogées pratiquent plus régulièrement le vélo et que 36 % recourent moins souvent à la voiture ».
Quelques mois et années après de profondes modifications de comportements, on assiste le plus souvent à une érosion des volontés. Si on se limite à ce seul principe, on pourrait donc s’attendre à ce que, globalement, la pratique du vélo décline avec le recul de la Covid-19, si recul durable de la pandémie il y a.
Mais le recours à la mobilité douce dépasse de loin le programme Coup de pouce. Le nouvel essor du vélo, et en particulier des modèles électriques, a été freiné trop de mois en raison d’une pénurie de pièces détachées. A tel point que, pour certains modèles encore, leur arrivée dans les magasins se remarque à peine, aussitôt distribués à ceux qui les avaient réservés.
De startups rejoignent encore les fabricants les plus renommés pour proposer des vélos modernes et connectés. Ce renouveau dans le milieu du deux-roues ne laisse pas insensibles les jeunes générations.
La voiture individuelle est de plus en plus vue comme une contrainte, un poids trop important pour le budget des ménages. A tel point qu’elle perd petit à petit son rôle de marqueur identitaire, au profit des petits engins pour lesquels les pratiquants éprouvent un attachement grandissant.
L’opération Coup de pouce s’est ajoutée à ces courants, pour, au final, des répercussions positives durables qui ne seront jamais vraiment évaluables.
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