Equipé d’une imposante batterie et de plusieurs piles à combustible hydrogène, le camion électrique dévoilé par le groupe minier affiche des caractéristiques impressionnantes.
Ses performances seront appréciées dans des conditions réelles d’exploitation à la mine sud-africaine de platine de Mogalakwena. L’engin intègre la solution NuGen pour un transport à zéro émission.
Développant une puissance cumulée de 2 MW, le mastodonte surpasse l’engin diesel qu’il remplace à Mogalakwena. Il peut transporter jusque 290 tonnes de minerai, pour un poids total en charge de 510 tonnes. Sa chaîne de propulsion comprend des batteries lithium-ion de 1,2 MWh de capacité énergétique, et plusieurs piles hydrogène Ballard pour un total de 800 kW.
Les concepteurs ont dû également développer un système logiciel qui permet de gérer en toute sécurité la puissance et l’énergie entre les piles à combustible, les batteries et la transmission du véhicule. Il est paramétrable en fonction des conditions d’exploitation spécifiques à chaque site d’Anglo American. En particulier pour optimiser la régénération dans les descentes.
La récupération de l’énergie est loin d’être anecdotique avec ce type de camion minier. Elle compte au contraire pour une part essentielle dans la recharge des batteries. C’est d’ailleurs le profil de ces sites qui apporte toute la pertinence de l’usage d’un groupe motopropulseur électrique embarquant des packs lithium-ion très capacitaires.
En mars dernier, nous avions présenté un programme similaire développé par Fortescue, un groupe australien spécialisé dans l’extraction du fer. Les batteries de son Infinity Train doivent être uniquement rechargées lors des descentes, lorsque les 244 wagons remplis de minerai glissent vers le lieu de livraison.
De quoi justifier le qualificatif « d’énergie vert » dans ce cas. Anglo American se préoccupe également d’associer son lourd concept à une grande légèreté sur l’environnement. Ainsi en approvisionnant les piles à combustible avec de l’hydrogène vert.
Ce camion minier électrique à PAC H2 est inclus à la solution NuGen pour un transport à zéro émission que Anglo American développe dans le cadre de son programme FutureSmart Mining. Pour une exploitation minière durable, et une neutralité carbone des opérations à horizon 2040, le groupe d’origine britannique a prévu de produire de l’hydrogène vert sur ses sites, permettant ainsi d’alimenter les réservoirs des véhicules géants.
Dans cet objectif, serait mis en service localement le plus gros électrolyseur d’Afrique du Sud. Il serait alimenté en électricité par une ferme solaire dimensionnée en conséquence. Actuellement, la flotte d’Anglo American pèse pour 10 à 15 % dans ses émissions totales de CO2. Tous les ans, chaque camion minier grille de l’ordre de 900 000 litres de gazole.
Avec sa démarche NuGen, le groupe espère réduire sur ses sites 80 % des émissions causées par les engins diesel. Ce sont 40 de ces mastodontes qui vont être convertis à l’électrique à PAC H2 à la mine de Mogalakwena. Dans une seconde phase, 400 camions au total seront ainsi transformés à travers le monde.
« Ce sont ces innovations qui changent la donne et sont exactement la raison pour laquelle nous avons commencé notre démarche FutureSmart Mining en 2014, sachant à quel point nous pouvons évoluer, y compris dans la transition énergétique et dans notre empreinte sociétale. Des systèmes d’alimentation innovants, propres et indépendants, tels que notre projet NuGen ZEHS, offrent une part importante de la solution en matière d’émissions », a commenté Tony O’Neill, directeur technique d’Anglo American.
« L’hydrogène a un rôle important et de grande envergure à jouer dans la réalisation d’un avenir à faibles émissions de carbone, en particulier en tant que vecteur énergétique permettant le développement d’un système de production d’électricité basé sur les énergies renouvelables », a complété Natascha Viljoen, PDG d’Anglo American Platinum.
Avec ses camions miniers convertis à l’électrique à PAC H2, Anglo American intensifie son implication dans la Vallée de l’hydrogène. En Afrique du Sud, des entreprises privées (Engie ; Bambili Energy) et des structures publiques (Département des sciences et de l’innovation ; Institut sud-africain du développement national) se mobilisent pour étudier ensemble l’opportunité de créer un corridor de 835 kilomètres de long.
Cette vallée de l’hydrogène s’étendrait de la zone géologique du Bushveld (province du Limpopo), riche en métaux du groupe du platine, à la côte sud de Durban. Elle suivrait au départ la route industrielle et commerciale vers Johannesburg où serait également installé un hub H2. Le programme NuGen est un des premiers projets à pouvoir s’inscrire dans cet écosystème en devenir.
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