A travers son programme Green Graz, la poste autrichienne utilise exclusivement des véhicules électriques pour la livraison de colis, lettres, courriers publicitaires et publications de presse écrite dans les centres-villes. Elle cherche à rendre des plus vertueuses sa distribution. Ce qui pourrait passer par la généralisation du filtre à particules fines.
Depuis des années, le spécialiste en dispositifs de filtration Mann+Hummel améliore son système déjà éprouvé début 2018 sur 5 véhicules de type StreetScooter utilisés par Deutsche Post DHL. L’idée est d’installer un appareil permettant de récupérer les particules fines causées par l’abrasion des pneus, de l’asphalte et des systèmes de freinage.
Les engins équipés peuvent récupérer alors parfois en temps réel bien plus de poussières qu’ils n’en émettent dans certains cas, selon la densité dans l’air ambiant et l’utilisation des véhicules en particulier. En plaçant la filtration là où la concentration est la plus importante, la collecte est à son maximum et reste efficace même en circulant à basse vitesse.
L’équipementier assure que sa solution qui s’appuie sur un ventilateur d’aspiration est efficace avec les particules PM10 et inférieures. Si elle a pour effet de rendre encore plus vertueuse l’utilisation des véhicules électriques en compensant en bonne partie ses émissions locales, elle pourrait tout aussi bien être installée sur des véhicules thermiques.
En octobre 2021, Mercedes-Benz avait présenté cette technologie avec un démonstrateur baptisé « Sustaineer » réalisé sur son modèle de fourgon électrique eSprinter.
En plus d’embarquer 2 systèmes de filtration (un à l’avant et l’autre à l’arrière) avec la promesse de réduire d’au moins 50 % les émissions de particules fines émises par l’engin, il présentait un toit solaire pour maximiser son autonomie (jusqu’à 3 800 km à l’année) et une meilleure efficacité du chauffage à bord en amenant le flux d’air au plus près du corps des occupants.
La récupération est également opérationnelle lorsque le véhicule est à l’arrêt en cours de recharge de sa batterie lithium-ion. Le constructeur avait annoncé début septembre 2022 le lancement au mois précédent du projet pilote avec la poste autrichienne.
L’entreprise a été dotée pour l’occasion de 2 exemplaires de eSprinter de série équipés du système Mann+Hummel, en promettant de livrer de premiers résultats avant la fin de l’année 2022. Les véhicules ont été exploités dans la ville de Graz, au Sud-Est de l’Autriche et à une cinquantaine de kilomètres des frontières avec la Hongrie et la Slovénie.
En plus du système de filtration en lui-même, les 2 Mercedes eSprinter embarquent des capteurs de particules fines. L’ensemble permet de calculer l’efficacité de la récupération des poussières. Au bout de 60 jours d’utilisation, les 2 fourgons électriques ont récupérés chacun pas moins de 6 400 milligrammes de particules fines, pour 3 200 kilomètres parcourus dans des conditions réelles de service. Soit 2 milligrammes par kilomètre et par véhicule.
En effectuant une boucle depuis le centre logistique postal de Kalsdorf pour rejoindre le centre-ville de Graz et distribuer en moyenne 160 colis chacun, les utilitaires parcourent 60 km par jour à l’unité. Ils s’arrêtent pour cela une centaine de fois pendant le trajet.
Au bout des 2 premiers mois, les filtres qui commencent à noircir ne présentent pas de dégradations majeures. Leur durabilité a été éprouvée par des mesures de perte de pression. Ces éléments sont régulièrement contrôlés sur place par Mercedes-Benz et Mann+Hummel.
« Cela montre clairement, après seulement quelques semaines de fonctionnement de test, que l’utilisation des filtres dans cette situation de livraison urbaine est appropriée. Les particules fines sont filtrées près de la source, c’est-à-dire là où le niveau de concentration dans la ville est le plus élevé », confirme Mercedes-Benz dans son communiqué de presse daté du 6 décembre 2022.
Le constructeur promet de livrer de nouvelles informations au milieu de la prochaine année 2023, lorsque le projet pilote devrait arriver à son terme. L’opération bénéficie du soutien de l’Institut des technologies de l’énergie et de l’environnement (IUTA) de la ville allemande de Duisburg.
Quelle suite sera-t-elle donnée à cette expérimentation, et notamment pour la poste autrichienne qui a décidé que toute sa flotte postale serait électrique d’ici 2030 ? Tous les fourgons actuellement renouvelés dans cette entreprise sont remplacés par des modèles à batterie lithium-ion.
On pourrait imaginer que dès le courant de l’année prochaine, les futurs exemplaires soient équipés de ce système qui se remplace de façon simple lors de la révision annuelle. Ce qui apporterait un éclairage encore plus important sur la solution développée par Mann+Hummel.
Les émissions de particules locales sont un des points noirs à éliminer qui voile quelque peu le bilan environnemental des véhicules électriques. Plus il y aura d’exemplaires à recevoir le système de filtration, plus son efficacité globale sera importante et sensible. Une autres question demeure : Quid du traitement des filtres en fin de vie ?
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