Ce sont principalement les trottinettes électriques proposées en libre-service qui sont au cœur d’une polémique au point d’imaginer très sérieusement l’arrêt du dispositif à Paris. Les incivilités des usagers provoquent la colère des piétons et des autorités en charge des transports dans la Capitale.
Trop longtemps les villes françaises ont été aménagées pour faciliter l’usage de l’automobile. En changeant de siècle, il était aussi question d’entrer dans une mobilité plus douce et décarbonée. La trottinette électrique proposée en free-floating, c’est-à-dire à abandonner une fois son utilisateur arrivé à destination, symbolise plusieurs tendances fortes des nouvelles habitudes à adopter dans les déplacements urbains.
Ainsi : se passer de la voiture individuelle pour ses trajets quotidiens, effectuer des parcours multimodaux, et privilégier le partage des véhicules plutôt que de posséder le sien. Tout cela, sur le papier, est très bien pour une grande ville, et notamment pour Paris.
Pour que cela fonctionne, il faut bien sûr un minimum de discipline, et principalement d’autodiscipline. Les trottinettes électriques, si elles circulent à une vitesse excessive au milieu de piétons, engendrent forcément des conséquences désastreuses.
Chaque solution pour se déplacer est confrontée à des limites. Concernant les services de partage, le fait de ne pas être propriétaire des engins se traduit par moins d’égards concernant le matériel. En dépit des interdictions, il est possible d’observer encore 2 personnes sur la plateforme des trottinettes, des vitesses excessives, des abandons qui encombrent l’espace public et d’autres comportements dangereux qui résultent d’un certain sentiment d’impunité ressenti par les utilisateurs.
Anne Hidalgo, maire de Paris, a aussi évoqué d’autres raisons pour ne pas renouveler les contrats des opérateurs Dott, Lime et Tier qui ont mis ensemble à disposition une flotte d’environ 15 000 trottinettes électriques à Paris. Il s’agit de l’équilibre financier du système, de l’impact environnemental du service, et des conditions de travail des collaborateurs.
D’où son choix de soumettre à un vote citoyen l’avenir de ce partage sans stations. L’événement est déjà programmé. Ce sera dimanche 2 avril prochain, dans les bureaux de vote parisien : « Comme pour une élection municipale, [le scrutin physique sera] ouvert à toutes les personnes inscrites sur les listes électorales et les ressortissants de l’Union européenne ».
Sentant le vent tourner, les 3 opérateurs ont décidé de s’allier pour pérenniser le service. Fin novembre dernier, ils ont proposé un ensemble de mesures pour assainir la situation. En particulier l’interdiction d’usage avant 18 ans, l’immatriculation des trottinettes, l’exclusion des utilisateurs irrespectueux, des campagnes de prévention, des systèmes de détection des infractions et d’autres de nature à les empêcher, le financement d’infrastructures adaptées à l’usage de ces engins, etc.
Certaines sont tellement évidentes qu’on peut se demander pourquoi elles n’ont pas été adoptées depuis des mois. Aujourd’hui, Tier, Dott et Lime craignent l’issue de la consultation des Parisiens. Et ils ont raison. Pourquoi ? Tout simplement parce que la majorité des personnes amenées à s’exprimer ne sont pas utilisatrices du service.
Les votants se déplaceront surtout s’ils ont une position à défendre. Les indécis, parmi lesquels de nombreux permissifs, se seraient certainement plus facilement exprimés par Internet. Mais pas s’ils doivent se déplacer. Il est donc fort probable que le « non » l’emporte. Surtout avec un choix binaire après une question du style : « Faut-il abandonner les trottinettes en free-floating ? ».
Que feraient les utilisateurs si les trottinettes partagées disparaissaient de la Capitale ? Vers quelles solutions se reporteraient-ils ? A 85 %, ce sont des résidents du Grand Paris. L’abandon du service profiterait sans doute déjà à l’acquisition d’un tel engin par les usagers les plus convaincus par ce mode de déplacement.
Pour rappel, la mairie de Paris ne vise pas les propriétaires de trottinettes qui utilisent le plus souvent leur petit deux-roues d’une meilleure façon. Posséder son véhicule incite à davantage de prudence, et, surtout, résout le problème d’encombrement dans l’espace public. Toutefois le changement d’habitude se traduira aussi par l’inévitable besoin d’embarquer sa trottinette a minima dans le RER, mais aussi dans le bus ou le métro. Ne sont-ils pas déjà saturés aux heures de pointe ?
Si les services de Lime, Dott et Tier ont tant de succès, c’est bien parce qu’ils répondent à un véritable besoin. Sans doute peu de pratiquants feraient le choix de la voiture individuelle. La trottinette, c’est la liberté, les bouchons évités, et la sensation d’être bien présent dans la rue. S’ils devaient se tourner vers un engin individuel leur permettant de s’affranchir des bouchons dans les rues mais aussi de l’inconfort des transports en commun, ils choisiraient sans doute assez massivement le scooter, la moto, ou le vélo électrique. Ce qui poserait alors d’autres problèmes d’encombrements.
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