La transition vers le véhicule électrique constitue un élément clé de la lutte contre le changement climatique. Néanmoins, cette transition va entraîner une augmentation rapide de la demande de métaux nécessaires à la production des batteries. L’ONG Transport & Environment (T&E) vient de publier une étude inédite sur le sujet. Elle a examiné trois scénarios qui indiquent tous que cette demande devrait exploser. Dès lors, T&E met en lumière les leviers qui permettraient de limiter la consommation de ces métaux critiques. Elle suggère en priorité de réduire la taille des batteries et de s’orienter vers la production de véhicules plus petits. Elle préconise ensuite de développer la recherche sur des technologies de batteries pour passer à des produits chimiques moins gourmands. Enfin, elle milite pour une rationalisation des usages de la voiture.
L’Europe accélère ses efforts pour électrifier ses véhicules afin de décarboner efficacement et d’atteindre ses objectifs climatiques. Revers de la médaille, les batteries nécessiteront pour leur fabrication des métaux critiques comme le lithium et le nickel. Pour déterminer l’ampleur de l’augmentation de la demande de ces matériaux critiques, T&E a envisagé trois scénarios. Le scénario « Business as Usual » reprend les tendances actuellement attendues de l’industrie. Le scénario « Innovation accélérée » suppose un passage substantiel à des batteries plus petites et moins gourmandes en matériaux. Le scénario final « Innovation agressive » fait monter ces hypothèses d’un cran vers des changements radicaux. Dans ces trois scénarios, la demande en matériaux critiques augmente fortement. Les volumes annuels estimés en 2050 seraient 4 à 10 fois plus élevés qu’aujourd’hui. Cumulativement, la consommation de l’industrie des batteries pourrait ainsi être 200 fois plus élevée qu’en 2022.
Selon T&E, le moyen le plus efficace pour réduire la demande de métaux critiques consiste à réduire la taille des batteries. Cela permettrait de baisser la consommation de ces matériaux de 19 à 23%. T&E préconise donc d’orienter la production vers des voitures électriques plus petites. Pour elle, il existe un marché pour des millions de petits véhicules électriques en Europe, mais l’offre ne suit pas. Au niveau national, l’ONG incite donc à revoir la politique fiscale pour favoriser la production et l’achat de véhicules plus petits. Elle milite notamment pour un renforcement du système bonus-malus. Le malus au poids devant notamment inclure les véhicules électriques. De quoi décourager la production des grands modèles de SUV qui arrivent aujourd’hui sur le marché. Le bonus gagnerait lui à prendre en compte les bénéfices climatiques, mais aussi l’efficacité dans l’utilisation des matières premières.
L’étude de T&E montre également que les petites voitures conviendraient le mieux à l’adoption de batteries moins gourmandes en ressources. L’utilisation de ces batteries pourrait réduire jusqu’à 20% la demande en métaux critiques. Pour mieux maîtriser cette demande, T&E souhaite que l’Union européenne soutienne le développement de nouvelles technologies telles que les batteries à base de fer (LFP) et de sodium (NA-ion). Des batteries économes en matériaux critiques, tout en garantissant une autonomie suffisante. Mais T&E souligne qu’alors que la Chine commercialise les premiers modèles avec cette chimie (par exemple la BYD Seagull), aucun plan commercial n’existe en Europe. Pour elle, les entreprises européennes doivent s’installer rapidement dans cet espace. Pour cela, outre une politique de recherche et développement déjà forte dans toute l’Europe, une politique industrielle puissante s’avère nécessaire.
Une autre piste de réduction de la demande de métaux critiques réside dans la rationalisation de l’usage de la voiture. Cela passe notamment par la diminution des trajets en autosolisme, au bénéfice des modes de transports collectifs. T&E estime que cette rationalisation pourrait engendrer une réduction de 7 à 9% de la demande en matières premières. Elle préconise une série de mesures comme l’arrêt des projets routiers inutiles et le renforcement de l’offre en transports collectifs. Pour favoriser les modes actifs, elle demande aussi une accélération du déploiement du plan vélo et un effort supplémentaire en faveur du partage de la route. Ceci en lien avec des politiques de tarifications plus fermes du stationnement en ville. Enfin, des incitations devront promouvoir la mobilité partagée, comme le covoiturage ou le partage de vélos et de scooters électriques.
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !