← Revenir aux actualités

Enquête : Ménages modestes et passage à la voiture électrique Rédigé par Philippe Schwoerer le 06 Oct 2023 à 06:00 0 commentaires

Réalisé par OpinionWay pour le compte de Aramis Auto, une enquête montre les réticences des ménages français modestes pour passer à la voiture électrique, même s’ils sont concernés par les ZFE.

 

Le panel

Un budget automobile en baisse, des voitures électriques qui restent difficilement abordables, le prix de la recharge qui peut exploser pour ceux qui n’ont pas des moyens personnels de se brancher : On sent bien que ça coince de plus en plus pour les foyers modestes à l’approche des restrictions de circulation pour les véhicules thermiques et de l’échéance à laquelle ils ne devraient plus être proposés neufs à la vente.

Un millier d’ouvriers (43 %) et employés (57 %) possesseurs d’au moins une voiture  et conduisant une fois par semaine a minima (73 % tous les jours ou presque) composent le panel sur lequel s’est appuyé OpinionWay pour réaliser son sondage début septembre 2023. Les plus nombreux (38 %) ont déclaré des revenus mensuels nets pour le foyer inférieurs à 2 000 euros. Un peu moins (31 %) ont indiqué recevoir plus de 3 000 euros. Ils sont 26 % entre ces deux tranches.

enquête voiture électrique ménages

Les 51 % de femmes et 49 % d’hommes ont été classés en quatre catégories d’âge : 18-24 ans (13 %), 25-34 ans (23 %), 35-49 ans (37 %), et au-delà (27 %). Entre les extrêmes de lieu de vie en milieu rural (25 %) et agglomération parisienne (14 %), 19, 14 et 28 % résidaient respectivement dans des communes de 2 000 à 19 999 habitants, entre 20 000 et 99 999, et plus peuplées encore.

 

Crit’Air

La classification Crit’Air ne semble pas passionner les ménages modestes : 42 % ont déclaré ne pas connaître la situation de leur voiture à ce sujet. En revanche, 12 % savent posséder un véhicule en Crit’Air 4 ou 5 devenu indésirable à l’heure où se mettent en place les zones à faibles émissions.

Parmi ces personnes, 36 % comptent continuer à utiliser leur ancienne voiture, 21 % envisagent de passer à l’électrique ou à l’hybride, et 22 % réfléchissent à changer de moyen de transport. Les 21 % restants affirment qu’ils renonceraient tout simplement à se déplacer. Les sondés sont en revanche déjà 15 % (Crit’Air 1), 15 % (Crit’Air 2), 11 % (Crit’Air 3) et 5 % (vignette verte des électriques) à pouvoir circuler partout aujourd’hui.

enquête voiture électrique ménages

C’est justement avec les VE que les disparités apparaissent les plus importantes. En particulier entre les hommes (6 % sont électromobilistes) et les femmes (3 %), mais aussi en fonction de l’âge. L’équipement en véhicule électrique serait curieusement de 12 % chez les jeunes de 18 à 24 ans, contre au plus 5 % pour toutes les autres tranches. On retrouve ces 12 % dans le groupe des habitants en Ile-de-France, contre 4 % pour la province.

 

Les ZFE

Si 83 % des sondés estiment que la mise en place des ZFE va imposer un renouvellement forcé du parc automobile pour ceux qui résident en ville, ils sont aussi 73 % à juger que ça représentera davantage de contraintes pour les automobilistes que de bénéfices pour l’environnement, et même 39 % à juger que ce sera inefficace pour diminuer la pollution en milieu urbain.

Sondage sur les ménages modestes et les voitures électriques

Les 18-24 ans se distinguent à nouveau en déclarant à 72 % que les restrictions seront efficaces, contre seulement 45 % chez les plus de 50 ans. Les Franciliens (57 %) sont moins convaincus que les provinciaux habitants des communes d’au moins 100 000 habitants (65 %).

 

Les véhicules reconditionnés

Le sondage bascule ensuite sur les véhicules d’occasion reconditionnés. Aramis Auto indique être le premier en France à en proposer, depuis 2014. Les rédacteurs indiquent que 63 % des personnes interrogées pensent qu’un tel véhicule aurait un meilleur impact sur l’environnement que l’achat d’un véhicule neuf.

Ce qui apparaît bien nébuleux. Que compare-t-on ? Dans quelles catégories de Crit’Air sommes-nous avec les modèles reconditionnés ? Que cela donne-t-il face à une voiture électrique neuve ou encore face à un rétrofit à batterie ? Cette partie n’est pas très convaincante a priori, dû à un manque de développement, et ramène surtout au business du commanditaire de l’enquête.

Sondage sur les ménages modestes et les voitures électriques

Le reconditionnement permet-il à un véhicule de bénéficier d’un meilleur Crit’Air ? Un système de dépollution plus efficace que celui d’origine est-il installé ? Non, a priori. Alors pourquoi envisager de leur donner une autorisation spécifique pour rouler dans les ZFE ? Une conversion GNV/bioGNV par exemple le permettrait et ferait sens si l’on veut conserver le bloc thermique. A partir de là, les questions posées au panel concernant un reconditionnement à l’identique n’ont pas vraiment de sens concernant l’environnement.

 

Changement de véhicules

En hausse par rapport à la dernière enquête, les ménages modestes se prononcent toujours pour un modèle thermique s’ils devaient changer de voiture demain : 30 % pour un diesel, autant pour une motorisation essence, et 5 % avec un carburant alternatif comme le GPL, le GNV ou le superéthanol. L’hybride simple apparaît alors en retrait : seulement 9 % des sondés l’envisagent, contre 14 % pour les hybrides rechargeables et 12 % pour les VE.

Ces derniers ont davantage la cote auprès des hommes (15 %), contre 8% auprès des femmes, sans doute en raison de craintes plus importantes concernant la recharge. Les 18-24 ans et 25-34 ans seraient respectivement 20 et 17 % à faire le choix de l’électrique, contre seulement 8 % au-delà de ces tranches d’âge.

Sondage sur les ménages modestes et les voitures électriques

Les habitants de l’agglomération parisienne (18 %) et les ruraux (14 %) se projettent davantage avec un VE que ceux qui résident dans les communes de 2 000 à 99 000 habitants (entre 7 et 8 %). Dans les communes plus peuplées, le taux atteint 11 %. Les Franciliens sont encore 31 % à vouloir du diesel, l’énergie préférée chez cette population selon le sondage d’OpinionWay.

 

Budget

L’institut a calculé un budget mensuel moyen de 262 euros (depuis 219 euros en zones rurales jusqu’à 358 euros en agglomération parisienne) mobilisable pour acheter une nouvelle voiture. Ce qui cache une grande disparité de situations. En particulier, 10 % des personnes interrogées indiquent ne rien pouvoir consacrer à un tel projet, contre 29 % pour la tranche 101 à 200 euros.

Deux intervalles ont obtenu 19 % : Jusqu’à 100 euros, et de 201 à 300 euros. Ceux pouvant sortir plus de 300 euros sont 13 %. Beaucoup éprouveront donc bien du mal à acquérir un véhicule électrique en l’absence d’offres compatibles sur le marché. Ils sont 73 % à le penser tout en sachant qu’il existe des aides à l’achat.

Sondage sur les ménages modestes et les voitures électriques

Ils avouent à 70 % trouver les démarches à effectuer trop complexes, et à 74 % être un peu perdus sur le sujet entre les propositions des constructeurs et les mesures incitatives des pouvoirs publics. Ce qui explique sans doute qu’ils sont 79 % à vouloir que des subventions nationales au titre de la transition énergétique s’appliquent à d’autres modèles que les seuls électriques. En outre, seulement 42 % des sondés pensent que le leasing social à 100 euros par mois pourrait les encourager à devenir électromobilistes.

 

Voitures chinoises

Concernant les aides des pouvoirs publics, 63 % ne veulent pas qu’elles portent sur les voitures de luxe et les gros SUV, et 60 % pensent même qu’elles ne devraient pas être accordées sur des modèles qui embarquent une batterie chinoise dont la part représente au moins 40 % du prix du véhicule complet.

A noter que 70 % des personnes interrogées pensent que les voitures chinoises représentent une menace pour les marques européennes et les française en particulier. Du coup, ils sont presque autant (68 %) à dire que c’est une aberration pour la planète et l’emploi en France. Les sondés rejettent à 52 % l’idée que les voitures chinoises sont une manière de se différencier des autres automobilistes et à 57 % qu’elles pourraient être plus fiables.

Sondage sur les ménages modestes et les voitures électriques

Cependant, 55 % estiment qu’elles représentent une bonne affaire à l’heure d’acheter un nouveau véhicule, et 52 % qu’elles offrent une solution économique pour passer à l’électrique.

 

Les freins à l’achat d’un VE

Depuis 10 ans, les trois principaux freins pour adopter un véhicule branché sont le prix d’achat (61 % dans le présent sondage), l’autonomie (52 %), et l’accès à la recharge (39 %). Ce dernier est cependant dépassé par la durée de vie des batteries (43 %) et, surtout, le coût de la recharge électrique (40 %).

L’augmentation des tarifs sur les réseaux publics montre désormais son puissant effet dissuasif dans de nombreux départements déjà. A 0,40 euro le kilowattheure et au-delà, sans compter les pénalités pas toujours possibles à éviter, pour recharger à 7 ou 11 kW, et même moins si deux voitures sont branchées en même temps, c’est trop. Surtout pour les ménages qui devraient déjà faire un très gros effort pour acheter le véhicule.

Sondage sur les ménages modestes et les voitures électriques

Parmi les autres freins évoqués : la fréquence des recharges (39 %), les doutes concernant l’impact environnemental (33 %), la technologie pas encore assez mature (26 %), et l’attachement au ronronnement du moteur thermique (11 %).

 

partager cette actualité sur :

Commentaires

Laisser un commentaire

Veuillez noter s'il vous plaît

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoindre le réseau AVEM

Vidéos

Toutes les vidéos
Newsletter