Si Toyota campe sur l’hybride pour ne pas céder au mouvement électromobile, Mazda poursuit également dans une voie pas forcément évidente pour décarboner l’automobile. Déjà exploité comme prolongateur d’autonomie dans la MX-30, il devrait connaître des améliorations pour le faire durer davantage.
Avec une autonomie satisfaisante, la Mazda MX-30 est une voiture électrique originale qui aurait pu connaître un plus grand succès en Europe si elle avait été dotée d’une meilleure autonomie. Lancée avec une batterie lithium-ion d’une capacité énergétique de 35,5 kWh bruts pour 30 exploitables, elle est créditée d’un chiche rayon d’action de 200 km en cycle mixte WLTP.
Le long capot était déjà pressenti pour accueillir un prolongateur d’autonomie. A la différence des moteurs thermiques en Rex (Range extender) qui ont pu équiper certaines BMW i3 ou le Renault Kangoo Elect’Road, le constructeur japonais a fait le choix du bloc rotatif que lui seul continue à faire évoluer depuis 1967. La version R-EV de la MX-30 qui le reçoit ne dispose alors plus que d’une batterie réduite à 17,8 kWh. L’autonomie chute ainsi à 85 km.
Après, il faudra supporter un niveau sonore bien moins reposant avec un son pas vraiment agréable. Si les autres constructeurs ont abandonné depuis longtemps l’idée d’exploiter la technologie à piston rotatif de l’ingénieur autodidacte allemand Felix Heinrich Wankel, ce n’est pas sans raison.
Au fil du temps, Mazda a pu gommer, sans forcément tous les éliminer complètement, quelques défauts du moteur rotatif. Lorsque Citroën a jeté l’éponge le concernant au milieu des années 1970, le bloc se montrait gourmand, bruyant, gros consommateur d’huile et de carburant, présentant des vibrations, une température élevée de gaz d’échappement et une usure précoce.
Il n’est donc pas étonnant qu’aujourd’hui le prolongateur d’autonomie de la MX-30 R-EV affiche encore plus de 10 litres de consommation d’essence sur autoroute en tournant pourtant à une vitesse stabilisée et sans avoir à propulser directement le véhicule. Ne serait-il pas temps d’arrêter là cette piste qui ne peut séduire que les amateurs de technologies différentes ?
Au contraire, Mazda persévère, ne serait-ce que pour conserver une clientèle à jamais conquise par le positionnement foncièrement différent de la marque. A-t-elle vraiment le choix pour durer un peu plus longtemps désormais ? « Dans l’histoire de Mazda, le moteur rotatif est un symbole particulier de notre ‘esprit de challenger’ », soutient Ichiro Hirose, directeur général et de la technologie.
Dans son communiqué de presse daté du 1er février 2024, le constructeur révèle ses ambitions au sujet de son bloc si différent : « Mazda Motor Corporation accélérera sa recherche et son développement de moteurs rotatifs adaptés à la nouvelle ère dans ses efforts pour continuer à offrir le plaisir des voitures grâce à des solutions adaptées à l’époque vers le réalisation d’une société neutre en carbone ».
Ce qui amène l’industriel à refondre quelque peu son organisation. Ainsi en réintégrant au département de développement des groupes motopropulseurs l’équipe en charge de la poursuite des travaux sur le bloc rotatif. Elle a pour mission de continuer à le faire évoluer comme générateur, c’est-à-dire comme prolongateur d’autonomie.
Mais aussi à éplucher les marchés où il pourrait se montrer en conformité avec la réglementation pour toute application avec des carburants neutres en carbone. S’il est question d’une réintégration, c’est très certainement en raison de la mise en sommeil du moteur rotatif chez Mazda entre 2012 et 2023.
Il y a 12 ans, la sportive RX-8 a cessé d’être produite. C’était le seul modèle alors à embarquer ce bloc. Commercialisée à partir de l’année dernière, la MX-30 R-EV a remis à la disposition de la clientèle une technologie que beaucoup pensait définitivement enterrée. Avec sa déclinaison à prolongateur d’autonomie, cette voiture électrique s’inscrit dans l’histoire de la marque comme étant le douzième modèle à être équipé du moteur rotatif constamment retravaillé en interne. Douze modèles en plus de 55 ans donc.
L’approche de l’arrêt de la commercialisation en Europe des voitures neuves vendues avec un moteur thermique n’empêche pas Mazda de continuer à miser sur ce bloc à essence. Le constructeur évoque les six dernières, qui auraient permis aux ingénieurs dédiés au moteur rotatif de se consacrer en particulier à des « améliorations ultimes de leur efficacité ».
En réunissant les services, ce sont désormais 36 ingénieurs qui vont se mobiliser sur cette technologie « pour réaliser une percée dans la recherche et le développement » de ces blocs. « A l’ère de l’électrification et dans une société neutre en carbone, nous promettons de continuer à proposer des voitures attrayantes qui enthousiasment les clients grâce à notre ‘esprit de challenger’ », conclut Ichiro Hirose.
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