Suite de notre série d’articles sur les tables rondes des Assises de l’électro-mobilité 2024. La première table ronde de l’après-midi du 3 avril réunissait cinq intervenants. Elle avait pour thème : Enjeux territoriaux : modèles économiques et adéquation de l’offre et des besoins. Marie-Josée Nahler présenta la politique de la Métropole Aix-Marseille-Provence et ses inflexions en matière de mobilité électrique. Eric Mendels d’Easy Charge évoqua ensuite le réseau eborn qui exploite aujourd’hui 1 300 bornes de recharge sur 11 départements. CEO d’Electric 55 Charging, Romain Vincent parla de son réseau qui a su se développer grâce au rétrofit de bornes. Autre réseau, Allego mise essentiellement sur la recharge rapide. Adrien Simonnet présenta sa stratégie qui s’appuie sur l’installation de bornes de recharge sur les parkings d’hypermarchés. Enfin, Sophie Detoisien-Boursier montra qu’Enedis accompagne la filière tourisme pour faire face au développement de la mobilité électrique.
Directrice Stationnement et Nouvelles mobilités de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Marie-Josée Nahler commença par présenter le SDIRVE 13. Un schéma directeur validé en octobre 2022, avec pour objectif 7.385 points de charge dans le département en 2025. Marie-Josée Nahler évoqua ensuite la stratégie de la Métropole pour atteindre les 5.712 points de charge sur son territoire. En plus de son réseau de bornes La Recharge qui compte aujourd’hui 260 stations, la métropole a lancé un AMI. Un Appel à Manifestation d’Intérêt qui lui a permis de sélectionner 3 opérateurs : Engie, Izivia et TotalEnergies. Dans ce cadre, la Métropole a attribué 7 lots concernant 221 sites, avec 108 stations en service à ce jour. Elle lancera prochainement un nouvel AMI concernant plus de 180 nouvelles stations opérationnelles d’ici début 2025. Au total, le déploiement concernera 450 stations à l’horizon de décembre 2025.
Filiale du groupe Vinci dédiée à la mobilité électrique, Easy Charge exploite notamment des infrastructures de recharge pour véhicules électriques. Depuis 2020, elle opère en délégation de service public le réseau eborn créé en 2015 par 5 syndicats d’énergie. Depuis, ce réseau a élargi son territoire pour comprendre aujourd’hui 2.600 points de charge répartis sur 11 départements. Des bornes implantées aussi bien en zones urbaines qu’en zones rurales, avec des taux de fréquentation très disparates. Sur ce réseau, Easy Charge commercialise deux types d’abonnements. Le premier à la carte permet de bénéficier d’un tarif préférentiel. Plus onéreux, le second donne droit à un certain nombre de kWh/mois. Faute de rentabilité au démarrage du contrat, la DSP prévoyait une subvention d’équilibre, fortement dégressive dans le temps. En contrepartie, l’opérateur verse une redevance qui peut monter jusqu’à 50% en cas de bénéfices. Un système gagnant-gagnant selon Eric Mendels.
Précurseur en matière de réseau de recharge, Electric 55 Charging se développe en se spécialisant dans la charge normale. La société se positionne en complément des opérateurs de charge rapide. Dès l’origine, elle a pris le parti de financer sur ses fonds propres les bornes qu’elle installe. Après des débuts en 2013 à Saint Tropez, Electric 55 Charging a ensuite connu un développement dans toute la France. Un succès qu’elle doit notamment à la mise au point en interne de solutions techniques permettant de rétrofiter des bornes. Elle a particulièrement fait ses preuves en mettant à jour dans de nombreuses communes les bornes du réseau Autolib’. Romain Vincent estime qu’aujourd’hui l’offre privée permet un bon alignement entre l’offre de bornes et les attentes réelles des utilisateurs. Une obligation car le seul revenu des opérateurs provient de la facturation d’un service de recharge.
Positionnement différent avec Allego, l’un des acteurs majeurs de la recharge rapide. La société se développe en nouant des partenariats pour implanter des stations de recharge sur les parkings des hypermarchés. Elle a ainsi passé un accord avec Carrefour et exploite aujourd’hui 150 stations sous la marque Carrefour Energies. Des stations proposant des bornes allant de 22 kW à 300 kW pour capter du trafic et des usages différents. Un investissement, allant jusqu’à plusieurs millions par station, entièrement supporté par Allego. Arrivée sur le marché français en 2019, elle a pour ambition de s’implanter sur tout le territoire. Privilégiant les stations de recharge rapide et ultra-rapide, ce déploiement s’accélère pour atteindre désormais les 200 stations. Aujourd’hui, outre le partenariat avec Carrefour, Allego recherche des synergies avec des marques de Fastfood.
Chez Enedis, une équipe prépare l’avenir de la mobilité électrique sous ses différentes formes. En son sein, Sophie Detoisien-Boursier travaille sur la façon de sensibiliser la filière Tourisme au développement de la mobilité électrique. Une enquête Enedis réalisée par BVA indique que 62% des électromobilistes vont désormais plus loin avec leur véhicule, notamment pour partir en vacances (11 points de plus qu’en 2022). D’où la nécessité de prévoir des infrastructures de recharge sur leurs parcours et leurs lieux de destination. Des besoins qui se trouvent multipliés par trois en Provence-Alpes-Côte d’Azur en prenant en compte le tourisme. Pour accompagner les différents acteurs de la filière, Enedis a publié un guide pratique. Un guide afin de réinventer les mobilités pour un tourisme durable. Il fournit notamment des pistes pour bien évaluer l’offre de recharge par rapport aux besoins et au tourisme de demain. Des attentes qui ont d’ailleurs fortement évolué depuis la pandémie.
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