Suite de notre série d’articles sur les tables rondes des Assises de l’électro-mobilité 2024. La dernière table ronde du 3 avril avait pour thème : Réemploi, seconde vie et recyclage dans l’écosystème de la mobilité électrique. Aude Mortier du Pôle de compétitivité Team2 évoqua le projet européen Batmass qui porte sur ces sujets. Alban Bonnard de l’éco-organisme Screlec traita lui du nouveau règlement concernant la fin de vie des batteries. Frédéric Salin de la SNAM aborda ensuite les enjeux du recyclage des batteries LFP. Pascal Lermechin de Paprec donna lui des exemples de recyclage de bornes de recharge. Aurélien Michel-Vioux montra comment sa société Anyos fabriquait des bornes de recharge à partir du recyclage. Madic Group propose aussi des solutions de recharge reposant sur l’éco-conception, que présenta Nicolas Dufresne. Enfin, Rémi Pillot évoqua la solution de PESS Energy pour fournir une énergie mobile verte.
Aude Mortier commença par présenter Team2, un Pôle de compétitivité basé à Lens. Un pôle qui a l’ambition d’accélérer la transition énergétique et d’accompagner ses adhérents dans leur démarche pour l’économie circulaire. Plus de 200 adhérents qui couvrent la boucle de l’économie circulaire de la batterie. Team2 participe à plusieurs projets comme Separ8. Un projet visant à établir les premières bases d’un écosystème vertueux sur le recyclage des batteries dans les Hauts-de-France. Avec notamment Verkor, il fait aussi partie intégrante du projet européen Batmass qui vise à construire quatre démonstrateurs européens. Des démonstrateurs sur la collecte et le démantèlement ou sur la seconde vie des batteries. Le troisième a trait à la fabrication de Black Mass, ce nouvel Or noir composé de lithium, cobalt et Nickel. Enfin, le dernier porte sur la réintroduction de ces métaux dans la filière automobile.
Eco-organisme, Screlec regroupe les producteurs des piles et accumulateurs portables. Il a pour objectif d’organiser la collecte et le recyclage de leurs déchets. Alban Bonnard présenta le nouveau règlement concernant la fin de vie des batteries, qui s’applique depuis le 18 février 2024. S’appuyant sur le principe du pollueur payeur, ce nouveau règlement impose des obligations plus importantes pour les fabricants de batteries. Imposant le recyclage en fin de vie, ce nouveau règlement concerne en premier chef la petite mobilité électrique. Il pourrait donner naissance à une véritable filière de recyclage pour les batteries de ce type de véhicules. Le financement par une éco-contribution sur chaque batterie stimulera cette filière. Par ailleurs, la réglementation européenne s’oriente vers la prise en compte de toutes les batteries, dont celles des véhicules électriques. De nombreux projets sur leur seconde vie devraient donc émerger rapidement.
La SNAM a fait récemment la Une de l’actualité avec l’incendie de l’un de ses dépôts de stockage de batteries. Frédéric Salin a pu faire un retour d’expérience qui montre que le risque peut devenir une réalité. Il a ensuite abordé le thème de son intervention : les enjeux des batteries LFP pour recyclage. Un enjeu important avec 8,4 millions de VE avec batteries LFP mis en circulation en Europe entre 2019 et 2022. Encore largement minoritaires par rapport aux batteries NMC, les batteries LFP progressent néanmoins fortement sous l’impulsion de Tesla. Or leur recyclage pose un certain nombre de problèmes. Son coût reste d’abord élevé en raison de l’absence à l’intérieur de métaux à forte valeur ajoutée. Une absence qui limite aussi l’intérêt du business pour l’industrie du recyclage. SNAM essaie néanmoins de recycler ces batteries LFP, mais elle le fait en limitant volontairement les quantités.
Paprec célébrait à Tours ses 30 ans d’existence en même temps que la tenue de ces Assises. Cela explique pourquoi Pascal Lermechin effectua son intervention en vidéotransmission. Leader français du recyclage, Paprec voit sa croissance progresser de 30% chaque année. La division D3E s’occupe particulièrement du recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques. Dans ce cadre, elle s’intéresse au recyclage des bornes de recharge pour véhicules électriques. Un travail en collaboration avec les fabricants de bornes. L’entreprise les accompagne principalement sur deux sujets. D’abord pour déconstruire des bornes afin qu’ils puissent disposer de pièces détachées. Une déconstruction étape par étape pour récupérer de la ferraille, de l’aluminium, du cuivre ou encore le transformateur. Elle les accompagne aussi dans la mise en place des systèmes individuels agréés permettant de remplir leurs obligations de recyclage.
Acteur engagé, ANYOS se sert de ses innovations pour fabriquer des bornes de recharge dans une logique de reconditionnement. Son CTO, Aurélien Michel-Vioux présenta l’une de ces bornes au design innovant et plutôt réussi. Une borne éco-conçue avec des matériaux choisis pour leur durabilité et leur faible impact environnemental. Son équipe d’ingénieurs attache aussi une grande importance à la modularité pour faciliter la fabrication, l’installation, et surtout la réparation. Elle cherche aussi à mutualiser l’électronique, le caisson ou l’infrastructure pour avoir jusqu’à trois points de charge sur une emprise au sol très réduite. Evolutives, ces bornes offrent aussi la possibilité de s’affranchir de toute obsolescence normative ou technologique puisque 100% de leur contenu peut être remplacé en moins de 5min et sans travaux. En fin de vie, certains composants pourront même faire l’objet d’une réutilisation avant de devoir partir au recyclage.
Autre fabricant de borne, Madic Group propose une gamme complète de solutions de recharge, de 3 à 400 kW. Nicolas Dufresne présenta ces bornes anciennement connue sous le nom de Lafon, devenue Madic Industries. Cette dernière déploie des bornes AC depuis 2010 et des bornes DC depuis 2015. 90% des premières bornes en service fonctionnent toujours grâce à un rétrofit avec l’adjonction de modules OCCP ou de TPE. Madic Industries mise sur l’éco-conception de ses bornes en sourçant ses produits au plus proche du lieu de production. Cela permet d’obtenir des bornes à plus de 75% françaises. Au-delà du recyclage, Madic Repair répare aussi bien les bornes maison que le matériel d’autres fabricants. Madic Repair traite ainsi près de 30.000 produits, avec un taux de réparabilité qui atteint 96%. A titre d’exemple, un client lui envoie chaque semaine une cinquantaine de bornes Schneider hors-service à reconditionner.
Pess Energy se positionne sur un autre créneau. La société fabrique des groupes électrogènes zéro émission. Son fondateur Rémi Pillot présenta sa solution utilisant à la fois des panneaux solaires et des batteries lithium-ion. Cette solution fiable et innovante fournit une énergie mobile verte et remplace avantageusement les groupes électrogènes thermiques. Très maniables, ces générateurs solaires permettent de bénéficier d’une grande autonomie énergétique, tout en offrant un environnement de travail serein. Une solution idéale pour les tournages audiovisuels. Depuis quelques temps, Pess Energy travaille aussi sur l’utilisation des batteries de seconde vie pour stocker l’énergie. Beaucoup plus gros, les futurs produits prendront la forme de containers de près de 6 tonnes. D’une capacité de 600 kWh, ils contiendront en fait le pack de batteries entier d’un véhicule électrique. Une utilisation du pack dans l’état qui permet d’en garantir la traçabilité et de mesurer son potentiel restant.
INFOS
TEAM2
84 bis Rue Paul Bert
62300 Lens
MADIC industries
1155, Avenue Jean-Baptiste Godin
33240 SAINT ANDRE DE CUBZAC
ANYOS
Lieu-dit les combets hauts
81390 BRIATEXTE
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