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Stellantis met en garde contre la taxation des véhicules chinois Rédigé par Emmanuel Maumon le 27 Mai 2024 à 06:00 0 commentaires

La semaine dernière à Munich, le Reuters Automotive Europe a rassemblé les ténors de l’industrie automobile européenne. Parmi eux, le CEO du groupe Stellantis Carlos Tavares a fait une intervention particulièrement remarquée. Il a tout d’abord pointé du doigt la réalité de la menace chinoise sur le secteur automobile. Pour la contrecarrer, les pays occidentaux envisagent d’augmenter fortement leurs droits de douane sur les véhicules chinois. Après les Etats-Unis, l’Europe annonce des mesures allant dans ce sens. Une fausse bonne idée pour Carlos Tavares qui dénonce le piège d’une telle taxation. Avec son groupe automobile, il a déjà amorcé une autre stratégie. Pour contrer cette menace et éviter de se faire racheter à terme, il prône une alliance avec certains constructeurs chinois.

Carlos Tavares pointe la réalité de la menace chinoise

Actuellement, l’industrie automobile chinoise enregistre une forte croissance comme jamais auparavant. Le pays a trouvé la recette pour produire des véhicules électriques de qualité à des prix défiants toute concurrence. Carlos Tavares ne nie pas la réalité de cette menace, bien au contraire. Il s’attend à une bataille des prix très dure avec ses concurrents asiatiques. Selon lui, ces derniers bénéficieraient d’un avantage de compétitivité de 30%, ce qui aura immanquablement des conséquences sociales. Les constructeurs automobiles chinois vont bientôt vendre 1,5 millions de véhicules en Europe. Si leur part de marché continue d’augmenter, cela créera inévitablement des surcapacités de production chez les constructeurs européens. Le patron de Stellantis prévoit des temps difficiles pour le secteur, à moins que les constructeurs historiques ne réagissent rapidement. Une réaction que les gouvernements des pays occidentaux ne doivent pas contrarier par des mesures inappropriées.

La riposte des gouvernements occidentaux

Les gouvernements des pays occidentaux ont en effet décidé de lutter contre les constructeurs chinois en taxant fortement leurs véhicules. Aux Etats-Unis, le Président Joe Biden vient ainsi d’annoncer le quadruplement des droits de douane à compter du 1er août.  Des droits qui passeraient de 25 à 100% sur leurs véhicules électriques. Sans aller aussi loin, Ursula Van der Leyen envisage aussi un durcissement de la position de la Commission européenne. La Présidente de la Commission estime en effet que le gouvernement chinois subventionne ses constructeurs, créant ainsi une concurrence déloyale. La Commission annoncera le 5 juin des mesures ciblées qui correspondront au niveau du préjudice. Pour déterminer les nouveaux droits de douane, elle se basera sur les résultats d’une enquête sur les subventions chinoises.

Carlos Tavares dénonce le piège de la taxation

Si les gouvernements occidentaux prennent ces mesures pour protéger leurs constructeurs, ces derniers ne les approuvent pas tous. BMW et Mercedes ont déjà fait part de leur désapprobation, notamment par peur de mesures  de représailles de la Chine. Pékin pourrait en effet envisager de fermer son marché aux marques qui ne produisent pas en Chine. Carlos Tavares dénonce lui aussi cette stratégie en parlant de piège majeur pour les pays s’engageant dans cette voie. Pour lui, ces tarifs douaniers ne permettront pas aux constructeurs occidentaux d’éviter une restructuration. Pire, cette taxation ne fera qu’alimenter l’inflation dans les pays où elle aura lieu. Une inflation qui nuirait au pouvoir d’achat des classes moyennes et creuserait le fossé technologique entre les constructeurs. De quoi avoir un énorme impact sur la production et les ventes.

Être chinois nous-même, la stratégie de Stellantis

Stellantis met en garde contre la taxation des véhicules chinois

Plutôt que d’adopter cette stratégie défensive, le patron de Stellantis en prône une plus offensive. Il souhaite essayer de devenir chinois en nouant des alliances pour  faire ainsi partie de l’offensive chinoise. Il a commencé à appliquer cette stratégie en passant un accord avec Leapmotor pour commercialiser ses voitures hors de Chine. Il a ainsi lancé une coentreprise avec ce constructeur chinois prometteur. Dès la rentrée, le groupe distribuera notamment la petite citadine électrique T03 qu’il devrait vendre aux alentours de 20.000 euros. Pour anticiper l’établissement de barrières douanières, Carlos Tavares envisage également une production de certains modèles en Europe. De quoi bénéficier aussi de certaines aides comme le bonus écologique. Enfin, il entend faire pression sur les fournisseurs afin de réduire les coûts de production des voitures de son groupe.

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