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10 minutes pour la recharge d’un prototype d’autocar électrique Rédigé par Philippe Schwoerer le 21 Juin 2024 à 06:00 0 commentaires

Cette recharge ultrarapide d’un autocar électrique a été permise par l’emploi de nouvelles cellules lithium-ion NTO de Toshiba qui exploitent du niobium de CBMM.

 

Anode en oxyde de niobium-titane

Depuis quelques mois, Toshiba communique sur ses nouvelles cellules SCiB lithium-ion NTO à anode en oxyde de niobium-titane. L’entreprise japonaise les imagine dans des usages très divers. Si on se limite à la mobilité, ce serait depuis les drones jusqu’au monstrueux tombereaux miniers, en passant par les monoroues, motos, taxis autonomes, camions, navettes fluviales, etc.

Les autocars sont également sur la liste, comme celui qui a été développée spécialement par Volkswagen Truck & Bus Brésil. Il s’agit avant tout d’un démonstrateur qui va être testé intensivement par CBMM, une entreprise spécialisée dans la production et la commercialisation de produits à base de niobium.

Mais au fait, qu’est-ce que le niobium ? De numéro atomique 41, il s’agit d’un métal dont les propriétés chimiques sont proches du tantale et que l’on utilise souvent combiné avec de l’acier pour réaliser des alliages plus légers tout en étant plus résistants. D’où une présence très large. Ainsi, pour exemple, dans les implants humains, les pipelines ou les fusées.

 

10 000 cycles de décharge/recharge

Pour les batteries lithium-ion, l’emploi d’oxyde de niobium-titane en anode amène de très intéressantes améliorations, dont une densité volumique théorique deux fois supérieure à celle à base de graphite. Elle est ainsi de 350 Wh/l dans une cellule Toshiba SCiB 50 Ah. Pesant approximativement 860 grammes, cet élément d’une tension nominale de 2,3 V est opérationnel sur une très large plage de températures, comprise entre -30 et 60° C.

Se présentant sous la forme d’une poche de 98 x 280 x 12 mm, elle accepte une puissance de recharge de 5C. Ce qui a permis de recharger la batterie de l’autocar jusqu’à 80 % en une dizaine de minutes. Responsable technique du programme de batteries chez CBMM, Rogério Ribas explique que cette performance résulte d’une « structure cristalline ouverte qui facilite l’intercalation du lithium ».

Très encourageante est aussi la durabilité de la cellule, estimée à 10 000 cycles de décharges/recharges. De quoi être tranquille sur bien plus d’un million de kilomètres avec une voiture électrique qui en serait équipée.

 

Quelle capacité énergétique pour le pack ?

Si les partenaires communiquent beaucoup et clairement sur la cellule, il n’en va pas de même concernant le pack monté dans l’autocar. La capacité énergétique n’a pas été annoncée, pas plus que l’autonomie que le véhicule peut effectivement retrouver en dix minutes. Au point de se demander si l’engin est vraiment en état de rouler ou s’il s’agit d’une coquille vide en illustration d’usage.

Dans un communiqué de presse commun daté du jeudi 20 juin 2024, les partenaires indiquent : « Il s’agit de la première opération mondiale d’un prototype de véhicule électrique alimenté par une batterie lithium-ion avec anodes NTO, ouvrant ainsi la voie à la commercialisation de la batterie ».

Qu’en est-il alors du projet d’équiper avec ces cellules une moto électrique chinoise de marque Horwin, dont le prototype devait être présenté en 2022 pour une commercialisation au cours de la présente année 2024 ? Aujourd’hui, il est simplement question d’un lancement commercial des éléments SCiB en 2025.

 

Un véritable virage pour CBMM

Il y a un an, Ricardo Lima, PDG de CBMM, précisait au média Valor International, que l’entreprise qu’il dirige participait déjà au développement de 41 projets axés sur les batteries pour véhicules électriques. Parmi eux, celui avec Volkswagen Trucks and Buses pour l’équipement d’un autocar électrique était annoncé comme le plus avancé.

Afin de faire face à ces nouveaux débouchés, le fournisseur de niobium a dû augmenter son budget annuel de l’équivalent de 44,5 à 58 millions d’euros afin de consacrer un peu plus de 17 millions d’euros pour le programme de batteries lithium-ion NTO. Il s’agit là d’un nouveau virage important pour l’entreprise créée en 1955 autour de l’exploitation du niobium.

Il passe par la construction d’une nouvelle usine à Araxa, au Brésil, dont la capacité annuelle de production d’oxyde de niobium serait de 3 000 tonnes. L’investissement pour ce nouveau site s’élève à l’équivalent de 13,72 millions d’euros.

Selon Ricardo Lima, la part de niobium fléchée pour les batteries pourrait représenter 25 % à la fin de la présente décennie. Ce qui se traduirait par un volume de 35 000 tonnes. Pour comparaison, en 2022, l’entreprise a vendu 88 000 tonnes de produits à base de ce métal.

 

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