Entre le développement d’un prototype électrique et la mise en place d’infrastructures de recharge, ABB va désormais jouer un rôle majeur dans la décarbonation d’une épreuve très populaire lancée en 1948.
Le dérèglement climatique impose aux organisateurs de courses automobiles à trouver la bonne recette pour décarboner leurs événements tout en conservant l’intérêt du public alors que le bruit des mécaniques s’efface.
Puisant ses origines dans les années 1930 en pleine période de prohibition, le Nascar (National Association for Stock Car Auto Racing) fait perdurer à sa façon une tranche plutôt sombre de l’histoire des Etats-Unis. Les producteurs d’alcool de contrebande tentaient alors d’échapper aux forces de l’ordre en modifiant le moteur de leurs voitures pour en obtenir davantage de performances.
Si le mot « stock-car » fait la plupart du temps resurgir des mémoires l’image de voitures hurlantes, sorties des casses, et cabossées des chocs qu’elles s’échangent, il signifie de façon basic « voiture de série ». Ce sont d’ailleurs bien elles que l’on trouve aussi sur les circuits de terre en France, tractant parfois même des caravanes qui seront vite explosées.
Les fumées qui sortent des échappements ou des moteurs font autant partie d’un rituel installé que les blessures dans un combat de boxe. Le passage à l’électrique va révolutionner le Nascar que les organisateurs veulent emmener vers une empreinte carbone nulle à échéance 2035.
ABB a noué avec le Nascar un partenariat d’innovation afin d’explorer les courses électriques de haute performance. Il s’agit aussi de créer « des opportunités stratégiques pour l’électrification dans le sport, notamment les véhicules de course, les infrastructures d’électrification et l’éducation aux énergies ».
Un prototype vient d’être dévoilé lors de la Street Race 2024 qui s’est tenu à Chicago les 6 et 7 juillet derniers. Développé avec Chevrolet, Ford et Toyota qui sont les constructeurs partenaires du Nascar, la voiture « Next Gen » embarque une batterie refroidie par liquide d’une capacité énergétique de 78 kWh.
Elle alimente les trois moteurs – un à l’avant + deux derrière – qui dotent l’engin de la motricité intégrale. Le groupe est capable de développer en pic une puissance de l’ordre du mégawatt. Ce qui a imposé de recourir à des pneus spécialement conçus pour supporter un tel traitement intensif, les Racing Eagle de Goodyear.
Sur les pistes ovales courtes, la régénération apporte un véritable plus. Le tout se loge sous une carrosserie de type CUV, à la croisée des berlines et des SUV. Elle a été réalisée avec de la fibre composite durable à base de lin.
Conforme aux règles édictées par l’ACO concernant le Garage 56 des 24 Heures du Mans, le bolide électrique peut sortir des pistes de stock-car. Reposant sur un châssis Next Gen modifié, il a reçu une direction, une suspension, des freins et des roues dérivés du modèle Nascar Cup Series. Le tout avec une volonté réaffirmée, que ces « voitures de course correspondent le plus possible aux productions que l’on voit dans la rue ».
C’est l’esprit de base que les organisateurs souhaitent faire perdurer dans les 1 200 courses Nascar qui sont programmées au total chaque année dans 11 pays et plus de 30 Etats américains.
Le passage à l’électrique représente un vrai défi : « Bien que Nascar conserve le rôle historique du moteur à combustion dans les courses, il s’engage également à décarboner ses opérations et à réduire à zéro sa propre empreinte carbone dans ses activités principales d’ici 2035 grâce à l’électrification et à des solutions innovantes ».
De cette volonté est née la plateforme Nascar Impact, avec ABB en partenaire fondateur. Cette nouvelle structure est chargée de « piloter des initiatives de développement durable dans le sport ». Ce qui prolonge très bien les missions de ABB au sein du championnat FIA de Formule E.
Bien plus que le développement d’un prototype électrique, le Nascar est en train de vivre une véritable révolution qui passe par une transformation profonde de ses opérations de bureaux, de pistes, de courses et de transport à longues distances.
C’est en particulier là que ABB est attendu, comme le confirme son vice-président Ralph Donati : « L’objectif de la collaboration entre Nascar, ABB aux Etats-Unis et l’industrie du Nascar est de repousser les limites de la technologie d’électrification, de la course de véhicules électriques aux transports longues distances en passant par l’exploitation des installations ».
Parmi les décisions concrètes déjà annoncées, l’approvisionnement d’ici 2028 avec une électricité exclusivement renouvelable sur les circuits et les installations appartenant à l’organisation, des efforts plus importants concernant le traitement des déchets, et l’installations de bornes de recharge pour véhicules électriques sur les sites.
« ABB jouera un rôle essentiel en aidant Nascar par la fourniture de conseils, d’équipements et un soutien précieux pour l’électrification des éléments clés de l’activité opérationnelle », peut-on lire dans le communiqué de presse daté du 7 juillet 2024.
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