A travers son entité BMW Startup Garage, le constructeur allemand va tester une innovation portée par la jeune entreprise munichoise DeepDrive. Il s’agit d’un concept de moteur à double rotor exploitable de façon centrale classique pour alimenter un essieu ou à implanter individuellement dans les roues.
Le BMW Startup Garage a pour mission de détecter les jeunes entreprises susceptibles de permettre au groupe de bénéficier de nouvelles technologies très prometteuses pour l’avenir de l’automobile. Aussi bien pour une intégration directe dans les véhicules que pour développer des services, des système et des processus pour la conception et la fabrication des produits.
A voir comme un fonds de capital-risque, cette entité évalue les startups à travers leurs projets d’innovations qui ne sont pas encore parvenus au stade de la commercialisation. Celles qui vont être retenues vont être soutenues sur une durée de quatre mois dans un programme pilote. Le démonstrateur qui en ressortira sera dans la plupart des cas testé avec l’idée d’en trouver des applications dans le groupe à l’hélice.
Dans les meilleurs cas, les startups lauréates deviendront des fournisseurs officiels de BMW sur le long terme. C’est ce scénario très encourageant qui est actuellement en train de se dérouler pour DeepDrive.
Pour la petite histoire, sachez que DeepDrive a été créée par d’anciens étudiants en sport automobile qui s’étaient rencontrés il y a plus de dix ans à l’Université technique de Munich. C’est pour la première fois en 2021, au salon international allemand IAA, que la startup a présenté son idée d’une plateforme innovante et modulaire pour véhicules électriques.
Avec l’objectif d’améliorer les coûts, l’efficacité énergétique et l’encombrement des systèmes, elle avait pour particularité de s’appuyer sur des moteurs-roues. Deux ans plus tard, distinguée comme meilleure jeune entreprise au Munich Startup Festival, elle est revenue avec une déclinaison de son concept pour les moteurs centraux. Cette nouvelle participation coïncidait avec un recentrage sur les systèmes d’entraînement Plug&Play.
L’ambition de DeepDrive est de voir aboutir son innovation au stade commercial à court terme, dans les deux ans. Ses dirigeants y croient car leurs moteurs additionnent les atouts : moins de matériaux critiques, facile à produire en masse à coûts moins élevés, meilleures performances, efficience qui joue favorablement sur l’autonomie, système de refroidissement simple, etc.
Dans un moteur électrique classique, le stator entraîne un seul rotor, interne ou externe. Ceux à flux radial développés par DeepDrive en activent deux simultanément. Ils exploitent un bobinage distribué à barres. Très compact, ces machines affichent un taux interne de remplissage de 80 %, intégrant un onduleur et des mosfets à semi-conducteurs (SiC) en silicium et carbone. Encore plus silencieux, ces moteurs électriques emploient respectivement 80 et 50 % en moins de fer et de matériaux magnétiques.
Exempts de terres rares, ils affichent un coût de production par newton-mètre de couple inférieur à 30 %, par comparaison avec les appareils actuels. Avec une efficience en hausse de 20 %, trois modèles de moteurs-roues sont déjà référencés chez DeepDrive. Pesant 32 et 35 kg, les RM 1500 et RM 1800 sont des modèles à 19 pouces crédités respectivement de 1 500 et 1 800 Nm de couple pour des puissance en pic de 150 et 160 kW.
Toujours pour une efficacité énergétique autour de 97 %, le RM 2400 est en 20 pouces pour un poids de 37 kg. Ses performances maximales sont relevées à 2 400 Nm et 250 kW. La startup conseille l’emploi de ces moteurs pour des véhicules à grande autonomie équipés de batterie LFP ou sodium-ion.
Plus lourds, de l’ordre de 68 et 80 kg, les moteurs centraux CSD 450 et CSD 700 offrent 230 et 350 kW de puissance pour un couple respectif de 430 et 700 Nm, ou 3 400 et 4 800 Nm en raisonnant au niveau de l’EDU (Electric Drive Unit, ensemble comprenant le moteur électrique, la transmission et la gestion de l’électronique de la puissance).
Avec ces modèles, l’efficience baisse légèrement, entre 95 et 96 %. Contrairement aux moteurs-roues qui sont à réserver aux architectures sous 400 V, les deux modèles pour activer les essieux sont compatibles avec le 800 V, c’est-à-dire avec la recharge à très haute puissance pour les batteries.
Ils intègrent une boîte à deux rapports avec arbre de sortie coaxial qui optimisent l’occupation de l’espace interne tout en adoucissant le coût de production.
Pour tests en exploitation réelle sur routes, différentes versions des moteurs de DeepDrive seront installées sur des voitures électriques du groupe BMW. Il s’agit de confirmer les excellents résultats observés sur banc d’essai. Le constructeur a déjà pu apprécier le niveau de maturité et le potentiel d’évolutivité de l’innovation mise au point par la jeune entreprise.
« Les pièces des prototypes de DeepDrive dépassent largement nos spécifications. C’est vraiment inhabituel à un stade aussi précoce et avec une technologie complètement nouvelle », souligne Karol Virsik, responsable de la recherche sur les concepts et technologies de véhicules chez BMW Group.
L’intégration à la BMW Startup Garage se traduit par des partenariats établis aussi avec d’autres grandes sociétés comme Continental. « La collaboration avec BMW nous a offert très tôt un tremplin. Ce qui nous a aidé à naviguer dans le monde complexe des entreprises et à respecter et dépasser les normes rigoureuses de l’industrie automobile. Notre objectif est désormais de l’intégrer dans un modèle de production », se réjouit Felix Pörnbacher, co-fondateur et co-dirigeant de DeepDrive.
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !
