Des bobines permettant la recharge par induction des véhicules électriques ont déjà été installées sous une portion de l’autoroute A10 en activité. Une première à l’échelle mondiale.
En juillet 2023, nous vous avions déjà parlé de ce projet piloté par Vinci Autoroutes afin d’expérimenter sur l’A10 la recharge par induction en roulant des poids lourds.
Début janvier dernier, le programme « Charge as you drive » a franchi une nouvelle étape : des bobines ont commencé à être installées sur la voie de droite dans le sens Paris-Province sous un tronçon d’une longueur de 1,5 km à la hauteur de la commune d’Angervilliers dans l’Essonne.
Ce travail d’implantation devrait s’étendre jusqu’en avril prochain. Les essais en situations réelles pourront alors être démarrés avec les quatre prototypes de véhicules rendus compatibles. Il s’agit d’un camion, d’un autocar, d’un utilitaire, et d’une voiture électriques équipés de bobines réceptrices capables de capter le champ magnétique émis par les bobines émettrices en cour d’installation.
Avec ce scénario, non seulement les moteurs des engins seraient alimentés en énergie en temps réel, mais en plus le surplus fourni permettrait de recharger les batteries.
Bien sûr, il s’agit d’une expérimentation permettant de vérifier la bonne application de la théorie à des cas pratiques. Auparavant, la technologie développée par Electreon et Hutchinson a déjà été observée et validée en laboratoire et sur circuits fermés.
Sur les 1,5 km du tronçon de l’autoroute A10, en roulant à 90 km/h par exemple, l’exposition au champ magnétique des bobines émettrices ne sera que d’une minute. Ni la puissance ni le rendement n’ont été communiqués qui auraient pu nous servir à évaluer le gain possible d’énergie dans les batteries.
Grâce à la recharge par induction en roulant, ces dernières pourraient être d’une capacité énergétique très inférieure pour les véhicules empruntant très régulièrement des voies équipées. Par poids lourd, le gain potentiel représenterait entre 10 et 17 batteries de voitures électriques.
Il en découlerait plusieurs effets bénéfiques, dont la réduction de l’empreinte carbone à la fabrication et une réduction des tarifs d’achat ou de location des engins. Mais aussi un poids et un encombrement moins élevés permettant d’obtenir des consommations moindres et peut-être une capacité de chargement en personnes ou marchandises plus importante.
Le principe de la recharge en roulant permettrait également de résoudre le casse-tête du foncier pour construire des stations sur les aires d’autoroutes dédiées à la recharge des véhicules légers et des poids lourds électriques. Derrière les bobines émettrices qui sont en cours d’insertion sous l’asphalte, il y a tout un tas d’équipements à installer ou qui le sont déjà.
L’alimentation en énergie proviendra d’un poste électrique urbain existant situé à moins d’un kilomètre perpendiculairement au tronçon. Elle sera acheminée grâce à une ligne haute tension mise en place par Enedis jusqu’à un transformateur qui a été créé dans le cadre du projet « Charge as you drive ».
De là, l’électricité parviendra à des équipements électroniques enterrés dans des champs tout au long du kilomètre et demi d’autoroute dédié à l’expérimentation. Ces éléments alimenteront les bobines émettrices.
Toutes ces installations ont été validées en amont par l’université Gustave Eiffel qui a mis à disposition du programme huit laboratoires dont l’une des missions a été d’évaluer les différentes technologies mises en œuvre. Ainsi pour la durabilité mécanique des systèmes ou l’impact de ces derniers sur l’adhérence des pneus des véhicules avec la chaussée.
Des capteurs vont être implantés afin de confirmer les modèles énergétiques imaginés par l’université Gustave Eiffel. Ces scénarios complètent les modèles économiques et d’acceptabilité. Le travail de l’établissement vise à faciliter le déploiement des routes électriques en France grâce à des modèles éprouvés qui pourront être suivis.
Sélectionné à la suite de l’appel à projets de BPI France sur la décarbonation des mobilités, le programme « Charge as you drive » a intégré le cadre du plan France 2030, avec l’octroi d’une enveloppe de 26 millions d’euros. Il s’agit de répondre à l’enjeu d’une empreinte carbone générée par les neuf marchandises sur dix qui sont acheminées par la route.
Le prochain rendez-vous sur le sujet devrait être en avril de cette année 2025 lorsque les véhicules prototypes vont commencer à évoluer sur le tronçon où la recharge par induction sera devenue opérationnelle.
Le recueil des données devrait durer plus d’un an : au lancement en 2023, il était question d’une feuille de route s’étalant sur trois ans à partir de septembre, en incluant aussi une expérimentation par rail conductif.
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !